Je viens de mater Loin de la foule déchaînée ...
Sorti en 2015 et réalisé par Thomas Vinterberg, Loin de la foule déchaînée est l'adaptation d'un classique des romans de la période victorienne de Thomas Hardy. C'est le second film que je vois adapté de l'un des ouvrages de Tom Hardy, le premier étant Tess (1979) de Roman Polansky. Loin de la foule déchaînée c'est donc un film en costumes qui se passe à l'époque victorienne, avec non pas un triangle, mais un quatuor amoureux (trois hommes qui convoitent la même femme). C'est ultra classique, dans la pure tradition des récits de Jane Austen (la reine des romans anglais). La seule originalité de ce film, c'est de l'avoir confié au réalisateur danois Thomas Vinterberg, connu jusque là pour ses films audacieux, à savoir Festen (1998) et La Chasse (2012) ... et plus tard Drunk (2020).
Dans l'Angleterre de la seconde moitié du XIXème siècle, nous faisons la connaissance de Bathsheba (Carey Mulligan) qui hérite d'une petite fortune et de la ferme se son oncle décédé. Dans un univers dominé par les hommes, loin de la ville, dans la campagne anglaise, Besheda (quel prénom étrange) est une jeune femme forte et indépendante qui attire l'attention du voisin fermier Gabriel (Matthias Schoenaerts). Or, celui-ci connait une grosse mésaventure qui l'amène à perdre son troupeau et à se retrouver sans toit au-dessus de la tête. Bathsheba va alors l'embaucher en tant que berger et comme le laisse supposer l'affiche du film, Bathsheba est quelque peu troublée par l'attention que lui porte Gabriel.
Mais voilà, Gabriel n'est pas le seul à s'intéresser à Bathsheba et deux autres prétendants sont bien décidés à obtenir sa main. Le premier prétendant se présente sous le titre de Sergent Troy (Tom Sturridge), un personnage sournois et égoïste qui s'intéresse uniquement à la fortune récemment obtenue par Bathsheba. Le second prétendant William Boldwood (Michael Sheen) quant à lui est déjà fortuné, plus âgé que Bathsheba il fait montre d'une obsession maladive envers la jeune femme. Mais à force de patience et de persévérance (et poussé par un amour sincère et véritable), Gabriel parviendra à gagner le cœur de la jeune femme.
Loin de la foule déchaînée est donc un triangle amoureux ... à quatre ! On a donc trois hommes qui tombent amoureux d'une seule et même femme. Et dés les premières minutes du film, il ne fait aucun doute que Bathsheba choisira Gabriel comme l'élu de son cœur. Comme dans Raison et Sentiments ou Orgueil et Préjugés, c'est une histoire d'amour bien balisée et n'espérez aucune surprise. Sur le fond, c'est du déjà vu et revu. Par contre, il y a certaines choses intéressantes à relever. Tout d'abord, Bathsheba n'a rien de la jeune femme fragile des romans de Jane Austen qui recherchent le bon parti ... le parti idéal, Bathsheba s'en moque éperdument. Le film échappe donc au schéma habituel de la jeune femme qui doit se marier ou alors rester dépendante de sa famille.
Seulement dommage que les personnages de Troy et William Boldwood quant à eux n'échappent aux clichés habituels. Le premier endosse le rôle du parfait "vilain", un séducteur et manipulateur qu'on aime détester. Le second endosse le rôle du parfait "gentils", un homme de cœur et de raison, qui tombe dans le panneau d'un jeu amoureux de Bathsheba et lui offre un peu trop facilement mariage et protection. Je dois aussi parler des deux autres personnages féminins, Fanny (Juno Temple) qui est la servante de Bathsheba et Liddy (Jessica Barden) qui est l'amante de Troy. Que ce soit la servante ou l'amante, leurs personnages ne sont pas assez développés et c'est dommage, surtout pour l'amante qui aurait pu apporter une réflexion intéressante sur l'adultère.
Bref, Loin de la foule déchaînée est un très beau period drama, bien filmé, bien interprété, mais dont le récit est un peu trop schématique, sans grande surprise et n'apportant pas de réelle plus value au genre, si ce n'est pour le portrait original de son héroïne principale. Bathsheba apporte un vrai vent de fraicheur au genre, en incarnant une femme forte, têtue et indéniablement indépendante. A conseiller pour les fans de films en costumes de l’époque victorienne, même si on aurait aimé un peu plus d'audace de la part de Thomas Vinterberg.