Disclaimer : ce texte fait partie des
50 jeux les plus nostalgiques de mon enfance, et ne se considère pas comme test exhaustif du jeu en question. Il se focalise plutôt sur l’aspect marquant et les bons souvenirs liés à sa découverte quand j’étais gamin. Ce n’est donc pas un test à proprement parler, mais plutôt une virée nostalgique à ne pas trop prendre au sérieux.
Heroes of Might and Magic III : The Restoration of Erathia (PC, 1999)
Type de jeu
En apparence, conquête du monde à l'aide de dragons et d’armures magiques. En pratique, logiciel de relaxation et de pixel-art thérapie, véritable cure à tous les maux de la planète.
Premier contact
En plein âge d’or des magazines, j'ai découvert les premières images du jeu au hasard d'un Joystick ou Gen4 quelconque. Pas encore remis de la claque que m’avais mis
Heroes II, ce que j'ai vu de la suite m’a paru tellement mieux, tellement plus beau, ultra méga stylé ! Au collège, une pionne m'a refilé un CD piraté de ce bijou alors qu’il n’était même pas encore sorti en France. Comme ça, pendant la récré, par simple solidarité de geek bizarre. Je ne me rappelle même plus du cheminement qui nous a amenés à parler de ça. Bref, son disque verbatim tout moche, sans image, en V.O. et vérolé de virus, a bien failli avoir raison du PC de beau papa. Mais une fois cet obstacle passé, le nirvana m'a enfin ouvert ses portes. En plus, ma moyenne en anglais a pris un gros coup de boost.
Retour sur expérience
Ayant déjà fait mes armes sur le deuxième opus, je pensais posséder la caisse nécessaire pour digérer ce que j’allais prendre dans le buffet avec Heroes III. En fait, pas du tout. Le concept a beau rester le même — on pille sans vergogne tout ce qu’on trouve sur notre passage, on transforme notre village miteux en forteresse imprenable, et on recrute des armées immenses pour fracasser la tronche de tous les adversaires —, tout est trois fois mieux foutu : plus de types de villes, plus de créatures (avec une amélioration pour chacune d'entre elles, enfin !), des spécialisations pour chaque héros qui les rendent quasi uniques, une pléthore de nouveaux objets magiques… sans compter les améliorations d’interface et mise à jour vénère des graphismes. Incapable de ressortir indemne de tous ces lingots de bonheur pur servis sur un plateau de magnificence. D’ailleurs, beaucoup d’autres joueurs ont vécu la même révélation, et adulent toujours Heroes III, le considérant comme le meilleur opus de la saga. Aujourd’hui encore, une communauté de passionnés s’acharne à garder ce titre en vie, à base de patchs, mods et extensions, alors que de son côté, Ubisoft a depuis longtemps massacré la franchise depuis le rachat des droits au studio 3DO en faillite, au point qu’il ne subsiste plus grand chose de ce qui a fait son charme.
Flashback spécial ambiance
Alors certes, la magie opère un tout petit peu moins bien que chez son prédécesseur sur certains points. Je trouve le 3 plus adulte, moins cartoon et un peu moins marrant que le 2. De même, les portraits des héros ne semblent plus avoir été réalisés sous l’emprise de psychotropes. Mais tout plein de trucs viennent équilibrer. Les thèmes des villes et leurs créatures mythologiques associées se complètent à la perfection. Le terrain fourmille de détails animés et d’objets décoratifs qui créent un climat unique en son genre, plus vivant encore qu'avant. Combien d’heures ai-je pu passer à admirer les chutes d’eau qui coulent et les moulins qui tournent ? Combien de fois ai-je eu envie de boire une binouse en écoutant des voix de nains bourrés filtrant de tavernes isolées ? Sans parler des sons magiques s’échappant de clairières enchantées, qui m’ont apporté le réconfort dont j’avais tant besoin pour affronter la déprime parfois imprévisible et irrationnelle de l’adolescence. Et ce sentiment d’accomplissement lorsque l’on crée son propre niveau, où l’on pose chaque rocher, on cache chaque trésor et on écrit chaque petit bout de texte qui fait avancer notre histoire interactive ? Et on chérit tout ça comme si l’on peignait une fresque valant des millions ; après on s’étonne que le temps passe vite, bordel.
Réécoute de la bande-son
Là aussi, la musique sonne à la fois pareille et différente que dans
Heroes II. Un peu plus mature et moins amusante pour certains morceaux, moins osée, maintenant que les voix d’opéra ont disparu, mais qu’est-ce que c’est beau ! On ferme les yeux en se laissant emporter par les compositions sublimant les phases d'aventure, on se met à battre la rythmique des titres qui accompagnent les combats... Tout ceci ressemble très fort à un complot mis au point par les développeurs pour nous faire perdre toujours plus de temps, bien sûr, mais au moins ils complotent avec du bon son. N’empêche, j’ai pris conscience que la musique classique, ça pouvait atteindre le même niveau de coolitude que le big beat anglais ou le gangsta rap de la West Coast. Enfin un moyen de ramener sa culture mélomane en soirée, quand ça parle de Mozart, Chopin et tous ces mecs ! Moi je peux répondre Rob King et Paul Romero, les compositeurs de la franchise Heroes of Might and Magic ! Bon, j’ai pas encore trouvé le bon endroit, ni le bon moment pour le faire, mais peut-être qu’un jour viendra…
Heroes of Might and Magic III - Dirt Theme
Moment Nostalgie
Tellement de bons souvenirs liés à Heroes III se bousculent dans ma tête ! Rien que d’essayer d’y repenser, j’ai la larme à l’œil. Je crois qu’avec lui, j’ai découvert le concept de jeu sans fin. Même si on termine toutes les campagnes, et tous les scénarios avec n’importe quel type de château (ce qui doit déjà prendre trois ou quatre siècles), on a le choix d’en fabriquer d’autres, pour peu que notre vie sociale frise le zéro absolu durant les mois à venir. En plus, grâce au système au tour par tour, on peut s’installer à plusieurs amis devant le même ordi et se castagner sur la même carte. Bon, là aussi, à partir de trois joueurs, il ne faut vraiment pas être pressé. Pendant ce genre de concours de qui a la plus grosse (armée), mes deux fidèles compagnons de jeu finissaient par craquer et foutre le bordel chez moi. Et vas-y que ça fouillait dans le PC de mon beau-père pour tomber sur des dossiers dégueux, ou que ça mangeait tout le pain au nutella, pendant que je piétinais, coincé dans mon combat contre trois cents hallebardiers à la con ! Parfois, on préférait se taper une nuit blanche à faire guerroyer nos héros virtuels, plutôt que de passer une vraie soirée avec de vrais gens. On n’avait même pas honte ! J’aimerais beaucoup savoir combien d’heures j’ai écoulées sur ce jeu. J’ai fait l’impasse sur d’autres titres qui me faisaient de l'œil, car trop obsédé par lui (
Rollercoaster Tycoon, notamment). Et pour ces jeux auxquels j’ai quand même joué, j’ai écourté mes expériences pour revenir sur Heroes III (
Heroes IV en tête). Je pense qu’il dépasse tous les autres en termes de temps de vie volé, et de loin, surtout que j’y retourne toujours, de temps en temps. Et encore, je ne parle pas des mods et extensions non officielles ! Là, on parle en millénaires de gameplay potentiel.
Instant le plus stylé
Découvrir que le graal n'octroie plus un artefact comme dans
Heroes II, mais la possibilité de construire un bâtiment ultra puissant, et différent en fonction de chaque type de ville.