Disclaimer : ce texte fait partie des
50 jeux les plus nostalgiques de mon enfance, et ne se considère pas comme test exhaustif du jeu en question. Il se focalise plutôt sur l’aspect marquant et les bons souvenirs liés à sa découverte quand j’étais gamin. Ce n’est donc pas un test à proprement parler, mais plutôt une virée nostalgique à ne pas trop prendre au sérieux.
Total Annihilation (PC, 1997)
Type de jeu
Massacre permanent, sans commune mesure avec ce que l’univers a jamais connu. Mais ça va, personne ne meurt à part des robots.
Premier contact
Au beau milieu de l’année 1998, je ne jurais plus ou moins que par les jeux de stratégie en temps réel. Pas encore remis des
Command & Conquer, complètement obsédé par
Age of Empires, et embarqué par la folie
Starcraft dans les cyber-cafés ! Sans parler de
Z, Dark Reign,
War Wind… Cette année, comme presque tous les étés à l’époque, j’ai passé une semaine chez un gars rencontré en vacances en Dordogne à sept ans, et devenu un ami depuis. Tout naïf que j'étais, je pensais qu'on se materait encore les nichons des danseuses de
Duke Nukem 3D, comme la fois précédente. En fait non. Et on n'a même pas exploré de mares, grimpé sur des bottes de foin ou inventé des histoires loufoques en bande dessinée. Le coupable : Total Annihilation.
Retour sur expérience
Ouais, encore un RTS de plus à la pléthore m’ayant fait rêver. Mais j’ai eu beau fournir tous les efforts possibles pour résister à la tentation, j’ai succombé à son charme en cinq secondes. Total Annihilation, rimait avec jeu de tous les extrêmes ! Le premier à tout afficher en vraie 3D dynamique : les unités et le terrain, quoi. Et quelles unités ! Des robots titanesques, des tanks gros comme des pétroliers, des croiseurs longs comme une file d’attente à la CAF, des hovercrafts qui pourraient écraser la Floride sous leur poids et des avions obscurcissant le ciel de leurs ailes immenses. Sans parler des batteries de canons défensifs rendant les bases imprenables. Il y avait tout ce qu’on pouvait imaginer là-dedans, un choix gargantuesque, pour de la baston épique et quasi ininterrompue. Là où on envoyait des escouades de quinze conscrits dans les jeux de stratégie classiques, Total Annihilation nous donnait la possibilité de balancer une armada de cinquante machines de guerre sur un adversaire qui faisait de même. Grâce à sa gestion des ressources produites en permanence et son système de construction novateur, on pouvait alimenter un flux continu de renforts (avec file d’attente ultra ergonomique en prime) ! La physique jouait un rôle jamais vu avant. Les montagnes bloquaient la vue (et bloquaient les missiles aussi), l’artillerie ne tirait jamais au même endroit, les véhicules avaient une vraie inertie. Trop de nouveautés d’un coup, même pour notre soif d’action intarissable d’ado quasi hyperactif. Mon cerveau a juste surchauffé. Dommage que les PC de l'époque (et même ceux des dix années à venir) surchauffaient aux aussi au bout de trois minutes de jeu.

Flashback spécial ambiance
Le début de chaque partie installe une atmosphère calme mais oppressante. Planète inconnue aux paysages fabuleux (et il existe un paquet de décors différents), notre commandeur - sorte d’unité suprême à ne surtout pas perdre - seul face aux éléments, la base qui prend forme petit à petit, un mille-pattes extraterrestre fait de six polygones qui nous regarde de travers… On se sent intrusif et vulnérable à la fois. Puis, les premières minutes passées, rien à voir ! On laisse place à un festival de son et lumière à base de lasers, canons plasma, roquettes à protons et autres gadgets capables de raser des pays entiers. Forcément, avec les graphismes et les ordis des nineties, se repérer dans ce maelstrom de feu et d’acier représentait la véritable prouesse du joueur. À l’aube de l’an 2000, Total Annihilation nous a donné une vision assez barbare d’un lointain futur, où les machines ont éradiqué les hommes (simple supposition de ma part) et s’affrontent dans un conflit interstellaire parti pour durer jusqu’à la fin des temps. Pour quelle raison déjà ? Les robots eux-mêmes l’ont oublié, mais qu’importe : Terminator et son avenir ténébreux peuvent aller se rhabiller. Mission accomplie.

Réécoute de la bande-son
Command & Conquer s’étant vu gratifier d’une B.O. d’électro-rock crâneur, je m’attendais à envoyer mes colosses de métal au casse-pipe sur des rythmiques techno-futuristes. En fait non, Jeremy Soule, célèbre compositeur qui a depuis bossé sur Elder Scrolls, Guild Wars et autres petits projets indés du genre, a choisi la voie de l'orchestre symphonique épique. Bien qu’ayant déjà été initié au mélange jeu vidéo + musique classique par le passé (avec Wing Commander IV et
Heroes of Might and Magic II), rien ne m’avait encore autant emporté. J’ai trouvé le cocktail juste parfait. Rien n’aurait pu mieux coller, en fait. Les bruits du canon Repressor s’accordent super bien avec un ensemble de cuivres, je vous jure. Le petit plus qui change tout : les morceaux qui se lancent ou se coupent au gré de l’action lors d’une partie. On alterne ainsi entre mélopées placides et envolées énergisantes à souhait, selon qu’on se la coule douce dans notre base, ou qu’on massacre l’autre à l’aide de mille bombes nucléaires.
Total Annihilation - Ambush in the Passage
Moment Nostalgie
De retour chez moi après le séjour chez mon pote de vacances, j’ai direct économisé pour m’acheter le jeu. Puis je l'ai terminé, reterminé, jusqu'à en connaître la moindre petite puce électronique. Ensuite seulement, j’ai découvert qu’une communauté de fans s’amusait à créer et intégrer encore plus d’unités dedans ! Bordel et jubilation +9000, je venais de découvrir l’existence des moddeurs et leur imagination sans limites. Les heures passées sur des ébauches toutes moisies de sites internet à chercher des packs d’unités, à les télécharger à raison de 0,3 kilo octets par seconde, puis à galérer pour les faire fonctionner, font partie des meilleurs souvenirs de ma face geek asociale.
Instant le plus stylé
Passer une heure à se façonner une défense imparable, capturer un robot constructeur ennemi pour avoir accès à encore plus d’options de combat, et constater qu’on a atteint la limite d’unités possibles à fabriquer (les PC surchauffaient à fond, j’ai dit). On appuie sur le bouton power de l’ordi et on part se balader en forêt jusqu’au lendemain.