Les jeux avec balise [SECONDE CHANCE] sont des jeux rétros auxquels j'ai joué gamin, mais que j'ai lâché trop vite pour me faire un vrai avis. Alors j'y retourne un peu pour voir ^^
Mortal Kombat II (Super NES, 1994)
L'oubli prématuré
Lors d’une soirée magique où, en allant dormir chez un camarade de classe pour la seule et unique fois, il m’a rendu amoureux de
Secret of Mana, il m’a aussi présenté une autre merveille vidéoludique. Mortal Kombat II, qui m’a presque autant touché que
Secret of Mana, heureusement pour de tout autres raisons. Je n’y ai même pas touché une heure, et pourtant, l’intense émotion liée à sa découverte reste très vivace dans ma tête. Grâce à ce gars, je me suis démerdé pour choper la version Megadrive (du tout premier MK seulement), ainsi que la
cartouche sur Game Gear. Et puis j’ai un peu oublié par la suite, bien aidé par la foule de potes qui ne juraient que par
Street Fighter II. Pourtant, je savais que cette légende de la violence glorifiée méritait mieux qu’un petit coup d'œil de ma part. Et je n'ai rien fait pour réparer ce soufflet impardonnable. Rien ! Comme si cela relevait de la fatalité, ou je ne sais pas quoi (Fatality, ahah ! Eh ! Vous l'avez ? Vous l'avez la réf ou quoi ? Ahahahahaha).

Améliorations et nouveautés ?
Déjà, il y a cette intro complètement barrée, avec un gars qui nous insulte, et un autre qui se jette à pieds joints sur le logo d’Acclaim Entertainment pour le réduire en miettes de pixels. J’ai pouffé en assistant à cette scène, ce qui équivaut à trente secondes d'éclats de rire ininterrompus dans mon langage d'adulte actuel (de personne anciennement jeune serait un terme plus approprié qu’adulte). Je ne m’en rappelais pas, de cette scène lunaire. Mon cerveau a préféré l’occulter, tel un événement trop difficile à supporter. Ou trop marrant, au choix. Par contre, je me souviens très bien de certains personnages, Reptile par exemple. Lui je l’ai adoré direct, comme j’adorais tous les ninjas masqués de ce jeu, avec pour seul signe distinctif une tunique de couleur différente (comme j’adorais aussi tous les GI Joe masqués, au mépris des autres). Trop décevant de ne pas avoir pu jouer Reptile quand j’ai récupéré Mortal Kombat 1 sur Megadrive et Game Gear. Tant pis, j’ai jeté mon dévolu sur Scorpion qui a pris la place du combattant préféré dans mon cœur. Je n’ai jamais trop compris ce qui se tramait dans cet univers, à part que ça craignait à fond, bien plus que dans Street Fighter. Ça parle d’au-delà (Outworld en anglais, mélange du Néant de l’Histoire Sans Fin et de l’Upside Down de Stranger Things), de divinités en colère, d’individus aux pouvoirs surnaturels et destructeurs qui doivent sauver le monde (ou le détruire, selon les projets et les névroses de chacun). Forcément, les protagonistes apparaissent un peu tendus lorsqu’ils montent sur un ring. A priori, personne ne prévoit de rentrer au vestiaire en cas de défaite. Par conséquent, tous ces duels se traduisent par des massacres tous plus affreux les uns que les autres.

Quand on pense à Mortal Kombat, on fait tout de suite le lien avec violence de fou, hémoglobine partout, morts atroces… on ne met pas l’opposant K.O. comme dans Street Fighter, non. On démembre, on assassine, on écartèle, on calcine ou on congèle. Là aussi, on compose avec les préférences des participants à cet ignoble et aberrant tournoi. Les uppercuts envoient les adversaires voler à six mètres de haut en leur faisant cracher des litres de sang ; une première sur Super NES, car l’opus précédent avait subi une censure implacable en remplaçant le rouge hémoglobine par du jaune urine. Et lorsque vient le moment de les achever, les développeurs ont pensé à mille et une façons de martyriser le corps humain, via les fameuses “Fatalities” bien sûr. Mais cette fois, on nous propose aussi les “Babalities”, qui transforment le vaincu agonisant en sprite de bébé immobile et chouinant. Les “Frienship” aussi, qui au lieu d’envoyer l’antagoniste dans le coma, faisait jouer une animation rigolote et unique à chaque personnage. Bon, je n’ai jamais su comment activer ces trucs, alors cantonnons-nous au Fatalities. Ça restait la feature ultissimement cool dans nos esprits pas encore formés, mais déjà formatés. Quand un mec dans la cour de récré te balançait un vieux Hadoken de Ryu au visage, tu répondais en gobant le gamin tout entier pour ne recracher que ses ossements carbonisés. La base des rapports entre camarades de CM1, non ?

Comme si l’ambiance ne versait pas assez dans le délétère comme ça, les décors nous en tartinent une bonne couche supplémentaire ! Forêt dont les troncs s’animent pour former des visages torturés (et qui grommellent, en plus), portail vers le néant gardé par des prêtres volants et possédés, plaines désolées et hantées, tombeau hérissé de pointes mortelles au plafond, ou encore piscine d’acide qui sert de temple sacrificiel. Quand on découvre tout ça à neuf ou dix ans, on saute de joie en hurlant “Trop cool !”, tandis qu’en notre for intérieur, une version miniature de nous-même hurle de terreur, choquée à tout jamais. L’amnésie traumatique m’a jusqu’à présent préservé de ces immondices, mais qui sait quand les souvenirs referont surface ? Enfin, la voix off, sombre et ténébreuse à souhait, ajoute la touche finale à cette farandole de déprime et d’horreur. “Finish Him”, “Flawless Victory”, “Fatality”, autant de punchlines devenues cultes dans nos si mignonnes écoles primaires. Heureusement, ce jeu ne se prend pas au sérieux, jusque dans les crédits où l’on cite le “Very tired project dictator director”, ou le “Almost super deluxe programmer” et les “Those of artistic type flair.” On s’amusait bien chez les psychopathes de Midway Games. En même temps, il fallait bien décompresser un peu, à force de jouer avec les forces démoniaques et de repousser les limites de la torture, je peux comprendre.

Comparaison entre les bandes-son
La bonne vibe bien crade de la licence répond toujours présente ici. On s’imagine tout à fait à croupir dans des caves humides, à attendre son tour la peur au ventre, pour affronter un semi-démon doté de quatre bras. Le compositeur Dan Forden ne manquait pas d’inspiration en ce qui concerne les temples maudits et les monastères corrompus par une influence malsaine. Cela dit, loin de moi l’idée de faire mon fanboy de base, mais je trouve que la Super NES peine parfois à retranscrire cette ambiance morbide, comparée à… disons… la MEGA DRIVE hahahaha ! Les capacités sonores soi-disant plus limitées de cette dernière y parviennent beaucoup mieux, du moins pour le premier opus. Quoique, j’ai écouté aussi la B.O. du second, et ça fonctionne trop bien aussi. Peut-être faut-il féliciter Matt Furniss pour ce résultat impeccable sur la console de Sega. Si j’ai bien compris, il a adapté les morceaux de Dan Forden (composés à l’origine pour la borne arcade). Mais si ça se trouve, il l’a fait aussi pour la SNES, ça j’en sais rien (pas du tout lui, non) ! Eh, c’est quand même super cool à écouter sur Nintendo, hein. Pas d’embrouille, de guerre éternelle ou je sais pas quoi, le CM1 c'était il y a longtemps, quand Christophe Lambert s’appelait toujours Connor McLeod, et pas encore Raiden. Allez, je partage la compo qui me transmet le plus de sentiments désagréables et inconfortables. Je dis ça comme un compliment, hein. Enfin, je pense, je… euh, allez on passe à la suite, avant que je remplace le titre par sa version Mega Drive.
Mortal Kombat II - The Armory
Conclusion sans suite
Mortal Kombat II joue la carte de la surenchère à fond. Dix fois plus tapageur, cent fois plus sanguinolent et mille fois plus jouissif que le 1. Et les gens ont adoré. Moi aussi, d’ailleurs. Le jeu a remporté un tel succès, que le second vendredi de septembre s’appelle désormais Mortal Friday, jour de sortie de MKII aux U.S. Je vous jure, ça remplace même la Saint Alain dans le calendrier ! Forcément, découvrir son aïeul plus tard m’a un peu déçu, puisque comme tout gamin qui se respecte, je réclamais inconsciemment toujours plus de nouveauté, dans la diversité, le gameplay, les graphismes… dans la violence ? Oui, aussi. Merci les nineties pour votre glorification des mandales, des flingues et du sang (merci toutes les décennies depuis la disparition des trilobites, en fait). J’aurais vraiment dû persévérer et obtenir le 2 sur Mega Drive, le 3 aussi, tiens. J’aurais pu calmer tous ces fanatiques de
Street Fighter, en clamant des trucs du genre :”Bahahaha, les persos ils meurent même pas dedans !”, “Ton Ken adoré il crache de la lave par le nez pour tuer ses ennemis ? Nan, jcrois paaaaaas !”, “Dans le stage de Sagat, si on tombe on est dissoulu dans l'acide ? Bah nan y en a paaaas ! Hahahahah !.” Ouais je disais dissolu à l’époque. Et puis, j’aurais eu à disposition une B.O. ultra parfaite pour imaginer ce que je pourrais faire subir à tous ceux qui m’embêtaient. J'imagine même pas mes séquelles mentales si j'avais possédé la version sur Sega. Aurais-je conservé assez de discernement pour prendre la vague
Tekken 3 au vol ? Et
Soul Blade,
Rival Schools et compagnie, m’auraient-ils intéressé ne serait-ce que cinq minutes ? Pourquoi me poser toutes ces questions absurdes, à part pour caser des liens vers d’autres textes ? Aucune autre raison, et je sais qu’on ne dit pas “Prendre une vague au vol” ! À part pour un goéland qui négocie mal un virage pendant un tsunami, peut-être. S'il y a un truc m’a appris qu’on pouvait raconter ce qu’on voulait, et que ça passait tranquille tant qu’on faisait semblant d’y croire, c’est bien Mortal Kombat. À moins que ce ne soit Macron, j’arrive plus à savoir. Foutue amnésie traumatique.
