Dragon’s Fury (Megadrive, 1991 au Japon et 1992 en France)

Type de jeu
Meilleure alternative aux bars en cas de crise sanitaire mondiale. Le Covid-19 a juste eu trente ans de retard.

Premier contact
Comme beaucoup de pépites vidéoludiques, celle-ci appartenait à mes voisins super cool, qui me l’ont prêté par pure sympathie envers moi. Si je me souviens bien, je leur ai toujours rendu leurs jeux, sauf celui-là ! En tout cas, je l’ai gardé un paquet de temps, impossible de m’en défaire ! Bon, ils ont fini par s’en rendre compte, hein. Mais je crois qu’ils ont fait semblant d’avoir oublié qu’il se trouvait chez moi. Vraiment gentils, ces voisins.

Retour sur expérience
Né trop tard pour connaître l'époque où les flippers tenaient les jeunes occupés pendant des heures lors de leurs sorties, je suis tombé en plein dans l’ère de leurs homologues virtuels. J’en avais déjà testé un pas terrible sur le vieux PC 486 de mon père, mais avec Dragon’s Fury, j’ai découvert tout le potentiel du concept. Un tableau principal s’étalant sur trois écrans de télé, six niveaux spéciaux (même sept, d’ailleurs. Je l’ai découvert en faisant des recherches pour ce texte, je ne l’ai jamais débloqué étant gamin), une myriade d’éléments interactifs, changeants et mobiles, passages secrets et sécurités anti-chute de balle, modificateurs de score qui clignotent... Aucun flipper réel n’aurait pu arriver à la cheville de cette boîte de Pandore. Déjà à sept ans, j’avais décidé que les bars serviraient exclusivement à me saouler, et rien d’autre ! Et attendez, je ne vous ai pas parlé de la balle qui pouvait changer de couleur ! Bleue ou rouge, selon les conditions à remplir (aucune idée desquelles), apportant des bonus de points, il me semble. Quel flipper réel sait faire ça, hein ? Répondez !

Flashback spécial ambiance
Non content de repousser les limites des machines à billes, Dragon’s Fury se pare d’un habillage sombre, sataniste et délirant, flirtant avec l’érotico-SM en quelques occasions (ça me perturbait un peu, toutes ces succubes lascives planquées dans les décors). Le plateau central laisse la part belle à un visage de femme casquée qui se change petit-à-petit en dragon (et pas de manière mignonne, hein), un grand nombre de revenants se baladent à travers les niveaux (mention spéciale au crâne géant qui se marre quand on perd une vie), et divers démons essaient de vous compliquer la vie, dans des environnements crades et lugubres. À chaque fois que je jouais, un cocktail de peur et d’admiration me prenait aux tripes. Si j’avais cédé à la tentation de virer métalleux gothique à l’adolescence, mes parents auraient pu intenter un procès aux développeurs de ce jeu. Heureusement, des trucs comme Tony Hawk's Pro Skater 2 ou Ecco the Dolphin ont su me garder dans le droit chemin de la geekerie asociale.

Réécoute de la bande-son
Selon les morceaux, la musique emprunte plus au disco déglingué qu’au thrash metal, même si on sent les efforts fournis par le compositeur pour enrober l’ensemble d’une vibe morbide. De toute façon, qui suis-je pour prétendre savoir à quoi ressemble de la musique de flipper, hein ? N’importe quoi aurait pu me convenir, surtout à cet âge. Tant qu'on me servait des trucs estampillés OST de jeu vidéo, je pouvais adorer le plus nullissime des morceaux (ce qui n’est pas le cas ici, pas du tout). Le thème du plateau principal ne semble pas très accessible au premier abord, mais une fois apprivoisé, difficile de s'en passer ! Long, bien rythmé, dévoilant une mélodie complexe, mais addictive… Quant aux stages spéciaux, plus on approche des derniers, plus la musique sonne magnifiquement torturée. Et celle du stage 6, ouuuuuh, elle ne met pas franchement à l’aise,
Dragon’s Fury - Main Table
Moment Nostalgie
Dragon's Fury s'appréciait mieux en solitaire qu'à plusieurs. Enfin de mon avis. Si jamais on y jouait à deux, il fallait attendre que l'autre perde pour récupérer la manette. Et vu le nombre d’options disponibles permettant de protéger notre bille du gouffre fatal, ça pouvait durer longtemps ! Ou pas. Quand ma sœur affichait son score tout en haut du classement, je passais dans un état second. Je ne trouvais le repos qu'une fois repassé devant elle. Je crois que je privilégiais toutefois les créneaux en journées ensoleillées. Le jeu me faisait un petit peu trop peur pour le lancer le soir.

Instant le plus stylé
Parvenir à clear cinq stages spéciaux sur les six, allumer tous les multiplicateurs de score sur tous les tableaux, rater de peu l’entrée du dernier stage dans la gueule du dragon-femme, voir la bille couler tout droit au fond du flipper sans pouvoir la rattraper. Souhaiter que ce crâne débile qui rigole décède une seconde fois.
