Disclaimer : ce texte fait partie des
50 jeux les plus nostalgiques de mon enfance, et ne se considère pas comme test exhaustif du jeu en question. Il se focalise plutôt sur l’aspect marquant et les bons souvenirs liés à sa découverte quand j’étais gamin. Ce n’est donc pas un test à proprement parler, mais plutôt une virée nostalgique à ne pas trop prendre au sérieux.
Ecco : The Tides of Time (Mega Drive, 1994 au Japon et en France)
Type de jeu
Dolphin Simulator surnaturel et métaphysique, validé par Greenpeace et sponsorisé par de nombreux vendeurs de drogues.
Premier contact
Comme pas mal d’autres jeux, Ecco 2 s’est incrusté en haut de ma pile de boîtes un peu comme par magie. Aucun souvenir de qui m’a acheté ça, je ne l’ai pas souhaité ni décidé, mais vu qu’il était là, j’en ai bien profité ! Il me semble que ma mère a dit un truc du genre :”ça te fera du bien de jouer à quelque chose de mignon et pas violent.” Haha ! Si elle avait su ! Elle m’aurait plutôt acheté un truc beaucoup moins traumatisant ; un Mortal Kombat, par exemple. À première vue, rien ne me prédestinait à me faire apprécier une aventure se déroulant sous l’eau, presque dépourvue de tout aspect progression du personnage, alors qu’une armada de RPG et plateformers ultra cool m’attendaient déjà. Et pourtant… impossible d’évoquer mon enfance sans dire à quel point Ecco l’a influencée.
Retour sur expérience
En effet, The Tides of Time a grandement participé à faire de moi l’amoureux des animaux que je suis aujourd’hui (bien qu’on y massacre des requins à la pelle, les clichés sur les méchants squales ont la vie dure). Il a aussi accentué cette espèce de fascination qu’on éprouvait presque tous pour le “futur”, alors que la seconde moitié des nineties approchait. Parce que oui, on incarne un dauphin qui traverse les époques et les dimensions ! Pour se retrouver dans un monde post-apo et pollué d’abord, et dans une base stellaire ensuite. Mais plus que tout, ce jeu m’a rendu encore plus effrayé par l’océan et les horreurs innommables qu’on pouvait y trouver ! Saleté d’étendue d’eau infinie ! À part ça, le gameplay avait le mérite de nous faire bouger de manière très libre, le monde sous-marin aidant. Mais l’accent était surtout mis sur l’histoire et l’aspect aventure, teinté d’énigmes parfois très très chiantes à résoudre. Au moins, quand on se retrouvait bloqué par un cristal géant immobile ou un courant inverse trop puissant, on pouvait toujours s’amuser à faire de jolis sauts hors de l’eau.

Flashback spécial ambiance
Oh là là, existe-t-il un jeu plus triste et déprimant ? Le moins qu’on puisse dire, notre petit dauphin magique enchaîne galère sur galère. Chaque interaction avec les créatures qu’il croise sur sa route peuvent vous arracher quelques larmes à tout moment, et ce avec pas plus de trois mots. Les méduses chouinent, les orques se lamentent, les baleines ont le blues et les crabes sanglotent ! Si j’ai bien compris le scénario à l’époque, il fallait sauver le monde d’un désastre imminent. Tu m’étonnes que les huîtres faisaient la gueule ! Mine de rien, ce climat générateur de malheur a dû contribuer au succès du jeu ; en tout cas, ça a fonctionné sur moi. Quel intérêt d’incarner un cétacé dans une mer pleine de poissons euphoriques et de jolies algues toutes mignonnes ? On a les aquariums Sea Life pour ça ! On réclame de la tristesse ! Laissez-nous chialer tranquilles, bordel !
Réécoute de la bande-son
La B.O. ne pourrait pas faire plus en phase avec l’ambiance. On nous abreuve de compos aussi jolies que tourmentées, mais surtout tourmentées. Certaines mélodies n’ont rien à envier à n’importe quel album de shoegaze triste ou de techno dépressive. Je n’aurais peut-être pas viré enfant aussi mélancolique si le musicien en charge du projet n’avait pas été lui-même inspiré par la chute de la biodiversité, la déforestation, la surconsommation, la guerre et tous ces trucs qui font de l’espèce humaine la plus adorable création de Mère Nature. D’un autre côté, qui trouve normal d’éteindre la console, de se rejouer un morceau du jeu dans sa tête pour s’endormir, et avoir envie de pleurer ? Pas grand monde ? Parmi ceux qui trouvent ça normal, qui se désolidarise si je dis que j’en éprouvais une certaine fierté ? Dois-je aller consulter un psy et lui parler d’emblée d’Ecco the Dolphin ?
Ecco II - Two Tides
Moment Nostalgie
Cette année 1994 marque pour moi le début de l'essoufflement de ma brave Sega, même si à l'époque je n'en savais absolument rien, et que je me voyais déjà faire ma vie avec. Mais d'autres machines ont débarqué dans ma vie par la suite, et ce qui était nouveau valait forcément mieux (avant de redevenir moins bien que le vieux, la nostalgie aidant). Il n'empêche que des jeux de très bonne facture ont continué à atterrir dans ma console, comme Pitfall The Mayan Adventure ou Ecco 2, donc. Car oui, cette tristesse insondable qui transpire par tous les microcircuits de la cartouche, je la chéris et l’entretiens chaque fois que j’y repense. Sur le coup, on ne soupçonne pas les effets qu’un titre tel que celui-ci peut produire sur un gamin enfermé dans sa chambre et introverti de nature. Et encore, je n’ai pas terminé la moitié des niveaux. Quoi qu’il en soit, si c’était à refaire, je referais tout pareil.
Instant le plus stylé
Découvrir la Terre dans le futur pour la première fois, détruite et désolée, notre avatar emporté par une nouvelle espèce de dauphin volant.