J'ai maté Les Trois Mousquetaires - D'Artagnan ...
Sorti en 2023 et réalisé par Martin Bourboulon, Les Trois Mousquetaires - D'Artagnan est l'adaptation du roman du même nom d'Alexandre Dumas. Il sera suivi la même année du second volet intitulé Les Trois Mousquetaires - Milady. Et même qu'on peut espérer voir sortir un jour un troisième volet, puisqu'Alexandre Dumas a écrit une suite à son roman intitulé Vingt Ans après. Les Trois Mousquetaires - D'Artagnan est donc le premier volet d'un diptyque qui avait pour ambition de remettre en avant les films de cape et d'épée "à la française". Les grosses productions françaises se font rares de nos jours, alors ne boudons pas notre plaisir. Et pour assurer l'adaptation du roman, Pathé a fait appel à Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte. Ils feront de nouveau appel à nos deux compères pour assurer l'adaptation (et la réalisation aussi) du Comte de Monte-Cristo du même auteur, qui sortira seulement un ans plus tard, en 2024.
Pathé a de grosses ambitions avec Les Trois Mousquetaires et semble se lancer dans un véritable Dumas Cinematic Universe. Et pour interpréter les trois mousquetaires, ils ont fait appel à trois grandes stars du cinéma français, Romain Duris, Pio Marmai et Vincent Cassel. Romain Duris sera Aramis, le séducteur de service. Pio Marmai sera Porthos, le boute-en-train. Vincent Cassel sera Athos, le plus âgé et sage des trois. Mais Les Trois mousquetaires seront très vite quatre, puisqu'ils vont être rejoins par D'Artagnan, d'où le sous-titre du film Les Trois Mousquetaires - D'Artagnan. C'est donc sur les épaules de François Civil que repose la responsabilité d'interpréter D'Artagnan, qui sera le véritable héros de ce premier volet. Et pour finir avec les têtes d'affiches du film, Pathé a fait appel à Eva Green pour interpréter la vénéneuse Milady.
D'Artagnan (François Civil) veut faire comme son père, être un mousquetaire. Depuis tout petit, le jeune gascon rêvait de devenir mousquetaire du roi, c'est pourquoi il monte à Paris pour "prendre du service" en tant que cadet de Gascogne. Mais voilà qu'il se fait tirer dessus en essayant de porter secours à une jeune demoiselle. Il est laissé pour mort et enterré ... mais revient d'outre-tombe. Et oui, il a survécu grâce à la bible qui a arrêté la balle, détails amusant puisqu'à cette époque, il y a avait la menace d'une guerre des religions, entre les catholiques (la cours du roi) et les protestants (l'Angleterre soutenue par des dissidents protestants venus de La Rochelle). D'Artagnan va rapidement rencontrer les trois mousquetaires, Aramis (Romain Duris), Porthos (Pio Marmai ) et Athos (Vincent Cassel) et les provoquer en duel. Mais au lieu de s'affronter, ils vont s'unir contre les hommes du cardinal Richelieu (Eric Ruf). Il va ainsi prouver sa bravoure auprès des trois mousquetaires et s'allier à eux pour sauver le roi Louis XIII (Louis Garrel), la reine Anne d'Autriche (Vicky Krieps) et contrer les plans machiavéliques de Milady (Eva Green) au service du cardinal Richelieu.
Les Trois Mousquetaires - D'Artagnan est-il fidèle au roman qu'il essaie d'adapter ? Peu importe, j'ai envie dire. Personnellement, j'ai aborder le film tel quel, comme un film qui essaie de remettre au goût du jour un genre (les films de cape et d'épée) maintenant passé de mode. Mais sinon, oui le film prend pas mal de libertés avec le roman d'origine et ce sera encore pire avec le second volet centré sur Milady. Là, même si quelques libertés sont prises, on reste quand même dans l'esprit de l'œuvre d'Alexandre Dumas. Et si sur le fond, certains pourraient tiquer sur certains choix narratifs (au hasard, D'Artagnan qui sort de terre tel un zombie ou Porthos qui est bisexuel), sur la forme, c'est extrêmement bien fait. Que ce soit la direction artistique (décors et costumes) ou la mise en scène, ça respire la grosse production à la française d'antan, avec de l'action, de la romance et un peu d'humour aussi.
L'idée de scinder le roman en deux, avec un climax à la fin du premier film, est une bonne idée, probablement inspirée par l'adaptation des années 70 de Richard Fletcher lui aussi en deux parties. Deux films au lieu d'un seul, ça permet de prendre son temps pour présenter tous les enjeux et pour traiter correctement tous les personnages. Après, si tous les enjeux sont clairement présentés, certains personnages passent quand même au second plan. Je pense tout de suite à Pio Marmai et Romain Duris, qui n'ont vraiment pas assez de temps à l'écran. Et puis, il y a pas mal de zones d'ombres dans le scénario, mais on se doute bien que toutes les réponses seront données dans la suite. On a la romance entre D'Artagnan et Constance (Lyna Khoudri) qui est à peine abordée, Athos qui est tourmenté par un lourd passé, Milady dont on a du mal à cerner ses motivation et bien sûr, il y a ce complot qui vise le roi qui reste encore très mystérieux.
Tout n'est pas parfait avec ce premier volet des Trois Mousquetaires, mais on sent quand même l'envie de bien faire. Les scènes d'action sont particulièrement réussies avec une caméra immersive, caméra à l'épaule, qui nous plonge directement au milieu des duels. On sent que toutes ces scènes ont été minutieusement storyboardées et chorégraphiées. J'ai lu/entendu beaucoup de reproches sur l'image trop sombre, que ça manque de luminosité et qu'on y voyait rien, mais moi personnellement ça ne m'a pas particulièrement gêné. Au contraire, je trouve que ça donne un certain cachet au film, une patte visuelle immédiatement reconnaissable. Pour Milady, que ce soit l'écriture du personnage et le choix d'Eva Green pour l'incarner, c'est un sans-faute absolu. Eva Green incarne à la perfection sa beauté perfide et dans l'écriture du personnage, on très proche du schéma de la femme fatale, à la fois séductrice et machiavélique, qu'on retrouve dans les films noires .... et ça tombe bien, j'adore les films noires. Idem pour Vincent Cassel qui est parfait en Athos vieillissant et torturé par son passé. Et pour finir, mention spéciale pour Romain Garrel dont jeu très "théâtral" et maniéré sied merveilleusement bien au roi Louis XIII.
Par contre, là où le bas blesse, c'est sur certains choix de narration et sur l'écriture de certains personnages. La romance entre D'Artagnan et Constance ne fonctionne pas selon moi, c'est très mièvre et trop fleur bleue. C'est une véritable romance à l'eau de rose, avec deux adolescents qui découvrent leurs premiers émois amoureux. Idem pour l'humour qui ne fonctionne pas à tous les coups, notamment à travers Porthos qui est trop vite relégué en personnage comic relief. Porthos et Aramis sont d'ailleurs beaucoup trop en retrait dans le récit et par conséquent, Pio Marmai et Romain Duris n'ont pas grand chose à jouer et font presque figures de faire-valoir. Le choix des deux acteurs pour les incarner est néanmoins très judicieux, le côté séducteur de Romain Duris fonctionne à merveille, tout comme le jeu de Pio Marmai en bon vivant. Et puis, tout ce qui tourne autour du conflit des religions, du complot et des manigances politiques, ne sont pas très clairs dans ce premier film. En fait, tout ça, ça manque d'ampleur ... en espérant que ce soit plus approfondis dans le second film (ou pas) ? Je garde le suspense pour la seconde partie centrée cette fois-ci sur Milady.