Mortal Kombat (Game Gear, 1993)
Type de jeu
Cours d’anatomie très détaillé, surtout sur la manière de disséquer telle ou telle partie du corps.
Premier contact
Mon premier contact avec Mortal Kombat, je l’ai eu chez un pote sur sa Super NES. Il préférait largement Street Fighter II, mais malgré tout, il fallait toujours qu’il se fasse une session MK avant. Histoire de s’échauffer et de mater quelques fatalities. Ça lui donnait le petit frisson nécessaire pour se lancer aux commandes de Ryu ou de Guile ensuite. Je pensais un peu tout comme lui, avec une petite attirance supplémentaire pour l’aspect sombre du jeu de chez Midway. Et même si je n’ai plus aucune idée de comment, j’ai obtenu la version Game Gear peu de temps après. Quelque temps après quand même, car j’avais déjà aussi connu
Mortal Kombat 2 chez un autre pote avant (celui chez qui je suis tombé amoureux de
Secret of Mana). Bref, les parents à l’époque, ça achetait des jeux qui s’appelaient Mortal Kombat à leurs gosses. Et après ça leur disait de ne pas mettre leurs coudes sur la table, ou ça leur gueulait dessus quand ça les prenait en train de regarder un film d’horreur interdit aux moins de douze ans. EH ! OH ! Le jeu que tu as acheté à ton enfant de huit piges s’appelle Mortal Kombat ! Tu crois que ça va lui apprendre le code civique ou l’aider à résoudre ses divisions ? T’es qui pour lui donner des leçons, alors que tu l’encourages littéralement à tuer des gens ! Cette dualité insensée, ça m’a toujours laissé pantois. En tout cas, bah euh, sur ma mignonne console portable,
Columns a vite paru fade et dépassé, en comparaison. D’ailleurs, le Mortal Kombat SNES de mon pote aussi.

Retour sur expérience
Déjà, fait plutôt rare pour le signaler, bien que ce MK existe également sur Master System, la version Game Gear n’en est pas qu’un simple clone zoomé qui s’adapte au petit écran. On a droit ici à un vrai portage du titre d’origine, qui chauffait déjà les salles d’arcade depuis un an. Il paraît que cette mouture fait partie des plus réussies. J’ai adoré, perso. Déjà à l’époque, je trouvais le gameplay un peu simpliste par rapport à Street Fighter. Mais d’un autre côté, ce sentiment de puissance inégalé quand on plaçait un uppercut… ça rattrapait tout le reste. Et puis, le design des personnages (certes au petit nombre de six) en motion capture me plaisait à fond, surtout Sub-Zero et Scorpion. Sans oublier qu’on avait droit à des sortes de Hadoken aussi là-dedans, le projectile magique de Liu Kang, c’est quoi, hein ? Voilà, pas grand-chose d'autre, mis à part bien sûr le glaçon iconique et le dard élastique planté dans la gorge des susnommés ninjas bleu et jaune. Ah ! Et les fatalities, évidemment ! Elles justifiaient à elles seules qu'on joue à Mortal Kombat. S'il m'arrivait de participer à un débat et qu'un gars un peu dédaigneux me balançait “toi tu oses préférer Mortal Kombat à Street Fighter ?”, je répondais juste “Bah oui, y a les fatalities”. Et tout le monde se retrouvait forcé d'acquiescer. Pour les cinq minutes à venir du moins. Et s'il restait encore quelques récalcitrants, je les terminais avec l'argument suprême “Les énormes gouttes de sang, sérieux ! Enfin, que sur Mega Drive HAHAHAHAH” ! Bon, les fatalities, je les subissais plus souvent que je les infligeais, en vrai. Déjà, parce que je prenais pas mal de roustes contre l'IA, et aussi parce que je n'ai jamais vraiment appris à les caser correctement. Et le sang, impossible de me rappeler comment, peut-être via un magazine, mais j'avais assez vite découvert le code pour le débloquer. Ça me rendait tellement subversif de l'activer, comme si je faisais une énorme connerie en cachette, alors qu'aucun adulte ne serait jamais venu vérifier ce que je fabriquais sur la Game Gear.

Flashback spécial ambiance
Street Fighter tablait sur une ambiance colorée, presque festive, et des personnages à l'identité très marquée (cet avis n'engage que moi, hein). Rien de tout cela dans Mortal Kombat ! Juste des ténèbres, de la noirceur et du lugubre ! En même temps, il faut empêcher une armée venue de l'outre-monde d’envahir la Terre. Et bizarrement, comme pour beaucoup d'autres jeux dotés de la même vibe sombre, j'ai totalement kiffé de ouf. En vrai, je ne préférais pas vraiment MK à SF. J'ai même beaucoup plus joué à SF2, aussi bien sur Super NES que Mega Drive. Mais si on charbonnait à SF2 en mode super sérieux, avec volonté de montrer sa dextérité au quart de cercle, Mortal Kombat nous faisait surtout beaucoup rigoler. On s'en foutait de perdre, on s'éclatait sans prise de tête. En tout cas sur console de salon, notamment sur la Mega Drive avec mon meilleur pote, quand on l’a ressortie à la fin des nineties (oui, quand j'ai eu le malheur de tomber sur
Budokan). Le grab de Scorpion nous flinguait de rire. La voix digitalisée hurlait “Get over here !”, mais on comprenait “Viens là, petit !”. Ce qui revenait au même, juste en beaucoup plus marrant. Bref, il n'y avait pas de voix sur la Game Gear. Et j'y jouais tout seul. Et je ne me bidonnais pas, j’y allais à fond. Plus aucun argument ne tient debout, du coup. N'empêche que le cocktail de noirceur mélangée au sang et à l'auto-dérision (que je n'ai captée que bien plus tard, mais peu importe), ça m'a rendu accro pendant pas mal de temps. Pas mal de temps en langage enfant, donc disons trois ou quatre semaines. Assez pour le finir un paquet de fois quand même.

Réécoute de la bande-son
Alors, qui a bossé sur quoi, là-dedans ? Dan Forden pour l’arcade et la SNES, Matt Furniss pour la MD, et Allister Brimble pour la Game Gear. Et j’ai mis du temps à comprendre que c’était la même B.O. sur tous les supports, tant ça varie dans les arrangements. Les gars ont tous travaillé dans leur garage coupé du monde ou quoi ? J'ai beau avoir découvert la musique de MK sur Super Nintendo, j'ai toujours trouvé le son métallique et brutasse de la Mega Drive beaucoup mieux adapté à la DA très spéciale du jeu. Mais en fait, quoique plus basique, l'OST sur Game Gear s'en sort super bien aussi. Je ne saurais pas trop expliquer pourquoi. On n'a qu'à mettre ça sur le compte de la nostalgie qui ne me rend pas objectif du tout. OK, il n'y a que trois compos et demi. OK, elles ne durent pas plus d'une minute. Mais elles correspondent tout à fait à ce qu'on attend d'une musique, lorsqu'on affronte un homme démon à quatre bras animé en stop motion, au fond d'une arène dégueulasse, située au fond des enfers.
Mortal Kombat - Battle Plan
Moment Nostalgie
Je me souviens bien de ma période d'addiction pour ce jeu. Elle a eu lieu pendant l'été 1994, dans une station de ski nommée les Karellis. J'allais là-bas l'hiver avec ma mère, et avec mon père en été, très chelou quand j'y repense. Même si j'avais embarqué plusieurs jeux, dont
Slider que j'aimais aussi beaucoup, je n'ai joué qu'à MK pendant les deux semaines qu'ont duré le séjour. On se baladait pas mal en forêt, mais je passais aussi beaucoup de temps enfermé dans la chambre à geeker. Enfermé, car impossible de jouer sans le son à ce jeu, ça participait trop au délire. Et du coup, fallait pas trop déranger les grandes personnes avec la chiptune pourtant si mignonne de la Game Gear. Bon, peut-être pas si mignonne concernant Mortal Kombat, OK. Et sinon, quand je n'y jouais pas ? Bah j'organisais des tournois entre la douzaine de GI Joe que j'avais aussi enfournés dans ma valise. Des tournois de combat à mort, bien sûr. Où tout le monde se tapait à base d’uppercuts qui envoyaient l'adversaire voler à dix mètres de haut. Je vous jure, elles ont filé à une vitesse de dingue, ces vacances.

Instant le plus stylé
Réussir à caser la fatality de Scorpion pour la première fois. Et découvrir avec horreur qu'il crame sa victime en crachant du feu. Mais le pire, c'est de voir son crâne de mort-vivant lorsqu'il retire son masque.