Disclaimer : ce texte fait partie des
50 jeux les plus nostalgiques de mon enfance, et ne se considère pas comme test exhaustif du jeu en question. Il se focalise plutôt sur l’aspect marquant et les bons souvenirs liés à sa découverte quand j’étais gamin. Ce n’est donc pas un test à proprement parler, mais plutôt une virée nostalgique à ne pas trop prendre au sérieux.
Psycho Fox (Master System, 1989 au Japon et en France)
Type de jeu
Session de Parkour dopée aux amphétamines, sur fond de haine pour les monstres… et d’amour pour les drogues aussi.
Premier Contact
Voilà donc le tout premier jeu que j’ai tenu entre mes mains. Mon père jouait déjà à la console tout seul avant que j’aie l’âge d’appuyer sur les boutons d’une manette. Peut-être a-t-il acheté Psycho Fox en imaginant que les mignons animaux sur la pochette me divertiraient assez pour que je le laisse tranquille quand il avait des trucs importants à faire ; Il a dû zapper le mot “psycho” dans le titre. On voit pourtant bien à leur tronche que les protagonistes ont quelques soucis de stabilité mentale. En tout cas, bien mal lui en a pris au papa ; il est vite devenu accro lui aussi ! J’emploie le mot divertir, mais j’aurais pu aussi accuser Pyscho Fox de m’avoir rendu complètement obsédé par les plateformers, et peut-être même par les jeux vidéo en général.
Retour sur Expérience
Je n'en avais pas conscience puisque je ne pouvais pas comparer, mais Psycho Fox proposait une rejouabilité assez dingue. On pouvait se changer en renard, en singe, en guépard (un tigre en vrai, mais j’ai toujours dit guépard, alors ça restera un guépard) ou en hippopotame n’importe quand durant une partie. Cela donnait souvent accès à de nouvelles portions de niveaux, car chaque animal possédait ses atouts et ses faiblesses pour braver un level design parfois tentaculaire. On parle beaucoup du rythme frénétique imposé par
Sonic, mais deux ans avant sa naissance, un petit renard un peu zinzin courait encore plus vite, pouvait prendre de l’élan sur de grandes perches élastiques, rebondir sur des tambours volants, faire des ricochets sur l’eau avec ses fesses, et fissurer le ciel pour découvrir des passages secrets. Comme quoi, le hérisson bleu n’a pas inventé la roue (juste le spin & dash, OK). D’accord, tout cela se fait au détriment d’une certaine jouabilité, mais je ne l’ai compris qu’en jouant à d’autres trucs plus tard. Il existait QUATRE manières différentes de vaincre les ennemis (sauter dessus, leur mettre des droites, courir à travers après avoir bu une potion d’invulnérabilité, ou balancer un petit oiseau à distance qui éclatait tout sur son passage), juste incroyable. Ah on pouvait attendre qu'ils tombent tout seuls dans un trou aussi. Il me semble que ce titre devait jouer le rôle de concurrent direct à
Mario (
Alex Kidd avait déjà lâché l’affaire), sans toutefois y parvenir. Même si
Sonic s’en est finalement chargé, il y avait un sacré potentiel du côté de ces animaux sous MDMA. Même si une sorte de suite spirituelle a vu le jour sur Mega Drive (Magical Hat), avec un univers très proche visuellement, nos bestioles adorées n'ont jamais repris de service. Je me demande bien qui a pris la décision de les laisser tomber dans l’oubli, les pauvres. Ça n'a pas dû arranger leur cas.

Flashback Spécial Ambiance
Ayant découvert les jeux vidéo avec Psycho Fox, je tiens Psycho Fox responsable de m'avoir rendu gros gamer, par moments bien asocial, même. En vrai, n’importe quel autre jeu m’aurait fait basculer si je n’avais pas connu celui-ci, mais il m’a obsédé pendant longtemps ; notion toute relative quand on a cinq ans et qu’on ne se nourrit que de crêpes surgelées. Malgré le fait que toutes les bestioles semblaient complètement psychotiques là-dedans, le ton général restait guilleret et bon enfant, même dans les niveaux remplis de crânes, même dans les sombres souterrains secrets. N’empêche que les différents décors n’avaient pas à rougir face à d’autres titres plus célèbres du genre ; entre architecture japonaise perdue en forêt, désert hanté par une sorte de Garfield géant, monde enneigé avec glaçons à détruire, temple oublié dans un marécage… il y avait de quoi voyager. J’avais quand même peur de certains ennemis, notamment ceux qui se comportaient de manière totalement imprévisible. Et il faut voir la tronche des dits monstres ! Pas vraiment flippants, ni très gentils, mais souvent ridicules. Bref, de tout ce bazar se dégageait une atmosphère aussi improbable que magique.

Réécoute de la Bande-son
À défaut d’être celle que j’admire le plus, l'OST de Psycho Fox me procure plus de frissons nostalgiques que n’importe quelle autre compo 8-bits. Tantôt joyeuse, tantôt mélancolique ou inquiétante, mais toujours un peu effrontée (rapport aux drogues, j’imagine). Avec du recul, je recommande quand même l’écoute à très petite dose pour ne pas risquer le black-out, et se réveiller en constatant qu’on a mis le feu à sa maison. Mais en 1989-1990, rien ne me faisait plus croire à ma propre invincibilité ! Un gosse peut endurer de ces trucs, n’empêche ! Je chantais pendant les parties, puis entre deux sessions de jeu, puis avant les parties suivantes… sans interruption, pour le plus grand malheur de mon père, sans doute. Il faudrait que j’aille m’infliger d’autres créations de Fumito Tamayama, tiens, histoire de voir si on a autant l’impression de vivre sous acide que dans Psycho Fox.
Psycho Fox - Music 2
Moment Nostalgie
Ce jeu cristallise toute l’époque des week-ends passés chez mon darron à Rouen, une fois toutes les trois semaines environ ; de son arrivée à la sortie de l’école le samedi matin, jusqu’à mon retour chez ma mère le dimanche soir. Un monde très différent de chez maman au Havre, fait de dizaines de voitures miniatures mais pas de G.I. Joe ou de Cosmix, de balades en forêt avec Gribouille la chienne au lieu de rester à l’intérieur à se faire griffer par les chats, d’un papa sympa au lieu d’un beau-père pervers narcissique et d’une mère froide comme la glace de Pluton… et bien sûr les crêpes surgelées pendant qu’on regardait Thalassa à la télé, à la place des quiches lorraines mangées en silence dans la cuisine. Au final, la difficulté de Psycho Fox ne posait pas trop de problèmes, et le challenge ultime consistait à finir le jeu avec le plus de vies possible. Mais nos sessions de jeu ont grandement participé à créer une complicité qui perdure encore aujourd’hui. En plein dans le cliché du père et du fils qui créent des liens en allant à la pêche, mais en remplaçant la canne par une manette de Master System, quoi.

Instant le plus stylé
Se changer en guépard (en tigre oui, laissez-moi tranquille), se mettre à courir à une vitesse de dingue, rebondir sur l’eau, ne rien maîtriser mais quand même arriver au bout du niveau par miracle (le jeu peut se terminer en deux ou trois minutes, selon les speedruns).