Pour parler des plus « belles » prises, je mettrais l'aspect financier au second plan. Je faisais déjà les brocantes en 1996, alors j'en ai vu des prix qui paraissent aujourd'hui fabuleux. Et je les laissais, pas besoin… une autre époque.
Et c'est dans ce contexte que se produisent les belles histoires. Celle-ci s'étale sur trois ans, voire plus si on remonte à sa source.
1994.
J'ai une
Medagraille, elle fait ma joie. Le Mega-CD me tente déjà depuis des mois, trop cher, donc c'est niet. SEGA sort le Multi-mega, un engin surnaturel… je n'ai pas encore ma PC Engine, le CD me fascine. Le grand Shopi™ du coin (qui est en fait un Géant™) arbore son unique exemplaire du Multi-mega. 3000 francs, c'est de l'ordre du rêve. Je bave dessus à la pause du midi au lycée, et notre relation s'arrête là.
1996.
J'ai toujours une Medagraille. Et une PC Engine. Et une Super NES. Et je me rends compte que plus personne ne veut des vieilles consoles deudé. Je pars en quête de tout ce qui m'a manqué faute de moyens. Parmi les premières pièces, un Mega-CD, évidemment. Combo MDII+MCDII, classique, trouvable pour 200 francs les doigts dans le nez. Je compense la frustration passée.
1999.
Parmi mes brocantes préférées, il y a celle devant le lycée. Abondante, dans un lieu rappelant de bons souvenirs, que du positif. Cette année-là, une surprise. Un Multi-mega. En boîte. À quelques centaines de mètres du Shopi™ (celui qui est un Géant™, oui, mais vous voyez lequel). C'est LE Multi-mega de la vitrine, obligé. Mis en vente à 600 francs. Que pensez-vous qu'il arrivât ?
Oui, parfaitement. Étudiant fauché, je n'avais pas 600 francs. Et j'avais déjà un Mega-CD, c'était parfaitement inutile d'acheter cet objet, aussi prestigieux soit-il. J'avais déjà laissé passer deux Neo Geo à ce prix ces deux dernières années, je n'allais pas claquer un demi-mois de loyer pour un doublon. Une autre époque.
Je laissai donc cette perle sur son étalage, au milieu des jouets et des peluches.
2000.
Même brocante, inévitablement. Après une belle pioche de CD audio à prix dérisoires, mon chemin me refait passer dans la même allée que l'année d'avant. La vendeuse est toujours là. Même emplacement ! Idem pour les jouets, les peluches et… le Multi-mega. Une autre époque, vous disais-je. Cette année, c'est 500 francs. Mais je ne les ai toujours pas. Je pèse lourdement le pour et le contre… à l'époque, revendre mon Mega-CD ordinaire est irréaliste, pas assez de demande pour que ce soit motivant. Avec de grands regrets, je laisse encore le Multi-mega à sa place.
Un mois plus tard je regrettais déjà ce choix.
Dans les mois qui précédèrent l'édition 2001, je fis ce choix résolu : la prochaine fois, je commence la brocante par CET emplacement.
2001.
Le jour J est arrivé. Il fait beau, tout est réuni pour la mission. Dès 7 heures, je suis sur place. Les jouets, les peluches… et la boîte tant espérée. Il est là. Le Multi-mega est là. Cette année, c'est 250 francs. Trop dur à vendre cette merde ! Je ne négocie même pas, je vérifie que tout est là, c'est impeccable. Mission accomplie.
LE Multi-mega, celui qui était probablement en vitrine au Shopi™ (enfin, Géant™, vous voyez ?), est désormais mien. Pour l'anecdote, j'avais acheté le même jour l'album Doolittle des Pixies, qui servit de test pour la lecture de CD audio.
Il sera donc resté en vente (presque) trois ans de suite. Deux brocantes, et PERSONNE pour acheter cette merveille. Une autre époque, vous disais-je… Il est toujours avec moi, dans la caverne aux trésors chez mes parents. On m'enterrera avec.