Comme l'objectif de ce jeu reste l'extermination de dizaines d'espèces, le gameplay nous octroie plusieurs moyens d'y remédier. Sauter, d'abord. Encore heureux. On peut également effectuer une grande balayette latérale avec la queue, pour nettoyer devant soi. Toujours pour nettoyer devant soi, mais plus loin, j'ai nommé le lancer de glands (je ne parle pas des chasseurs, même si j'aurais adoré). Comment ça, des glands ? Le gars s'appelle Mister Nutz, pas Doctor Acorn ! Et désolé, il lance des glands, pas des noisettes ! Au pire, en forçant beaucoup sur l'imagination, le sprite du projectile ressemble à une noisette qu'on aurait incrustée de force dans la cupule d'un gland. Je me suis auto-googlé pour cupule, y en a à qui ça pose un souci ? Je n'avais plus utilisé ce mot, bah depuis 1994 justement, sans doute au détour d'une sortie scolaire dans la forêt en CM1, avec la maîtresse qui nous abreuve de termes spécifiques du genre ; parce qu'on veut tous devenir vétérinaire, ingénieur.e ou concepteurice de jeux vidéo quand on sera grands. Il faut absolument connaître le mot cupule, normal. Allez, disons que notre psychopathe d'écureuil mange les noisettes et se sert de glands comme de munitions, problème résolu. Il ramasse aussi des pièces de monnaie. Plein de pièces. Comment on n'a pas cru que la thune flottait en abondance dans les airs, avec tous ces jeux qui nous faisaient récolter des pièces par milliers tous les dix centimètres ? Elles servent au scoring, mais aussi à ravir les plus compétitifs (et masochistes) d'entre nous, en proposant le challenge de terminer les niveaux à 100%. 100% des pièces, pour ceux qui s'étaient perdus dans un monticule de cupules.
Bon, rien de novateur à l'horizon,dans tout ça. Ni dans les mécaniques, ni dans le level design, ni dans les biomes à travers lesquels on voyage (et qu'on vide de toute vie, je rappelle). Allez, y a quand même un peu de recherche dans certains stages, si on retire la forêt du début, le monde de glace, la grotte souterraine, la maison et le monde des nuages. Restent l'espèce de parc naturel agrémenté de quelques tyroliennes et tunnels de bois, ainsi que la fête foraine mixée à un marché moyenâgeux. Cela dit, le relatif manque d'originalité ne m'avait pas dérangé du tout, étant gosse. J'ai toujours bien aimé me lancer dans une partie ; postulat valable pour n'importe quelle autre cartouche de ma Mega Drive chérie, remarque. J'ai arrêté pour d'autres raisons. Peut-être que je bloquais sur un passage. Ou alors, je ne m'en rendais pas encore bien compte à l'époque, mais un truc me foutait le cafard là-dedans. Comme dans
Bonanza Bros sur Master System, même si les deux jeux ne se ressemblent pas du tout. Je ne saurais pas trop définir quoi exactement, mais ça tenait à l’apparence de certains ennemis, pour ne pas dire tous les ennemis. Ça m'a paru évident quand j'ai retenté l'expérience vingt ans plus tard. Plus j'avançais dans le jeu, plus je pouvais affirmer que je détestais absolument toutes les bestioles. Certaines ridicules, certaines flippantes, mais TOUTES archi dégueulasses ! Le boss araignée habillé en cliché de paysan du Berry en 1685 ? Plus jamais, d’accord ? Le géant qui fait dégringoler des yeux par dizaines depuis ses orbites ? IMMONDE ! Les développeurs savaient que des enfants verraient ça, pas vrai ? Alors quoi ? Ils voulaient sciemment les traumatiser ? OK, ils ont créé le jeu à deux, un graphiste et un codeur, et ce en étant situés à quatre cents kilomètres de distance, si j’en crois la légende. Et alors ? Habiter à trois régions d’écart n'excuse pas les multiples fautes de goût, si ? Même la manière dont les pommes bipèdes s'écrasent quand on saute dessus, ça me refile des sueurs froides. Et ne me lancez pas sur les effets sonores, aussi moches que le boss final (donc mega affreux), même une Game Gear tuberculée aurait pu les jouer !

Nouvelle plongée dans l’OST
Contrairement au reste, j'ai adoré réécouter la B.O. quand j’ai replongé dedans, au milieu des années 2010. Pourquoi éprouver autant de nostalgie envers des morceaux qui ont accompagné un jeu vidéo que j'ai si peu respecté ? Malgré des heures et des heures d'introspection à ressasser ma mémoire de gamin, je sèche sur cet épineux problème. Peut-être cela vient du travail réalisé par Raphaël Gesqua, qui a composé la musique originale sur SNES. À moins que Matt Furniss ait réalisé un portage de fou sur Mega Drive ? Allez, bravo à tous les deux. En apparence assez banales, les compos ont fait profil bas dans mon subconscient, pour mieux me revenir dans la tronche un demi siècle plus tard. Voilà qui n'arrange pas mon cas d’éternel gamin bloqué dans les années 90. Si on pouvait me laisser appréhender le présent sans toutes ces perturbations, ça m'arrangerait bien. Ouais, c'est toujours la faute des autres. Bon euh, concernant le sujet. J'adore les mélodies de Mr. Nutz, voilà. Elles sonnent mignonnes mais pas niaises ; simples mais pas basiques. Et encore, je ne les ai pas toutes entendues sur le moment. Cela dit, il y a un titre qui se démarque des autres, selon moi. Il a vraiment un truc en plus, des arrangements plus cristallins, des accords plus touchants. Le niveau dans les nuages m'a énormément marqué pour ça. Enfin son morceau associé en tout cas, parce que je crois n'avoir jamais passé ce stage. Si je me rappelle bien, j'ai atteint le boss une fois, il m'a fait dégouliner ses yeux dégueu sur moi, j'ai gerbé et j'ai rendu la cartouche à mon pote. Peut-être que ça pèse dans la Grande Balance complètement irrationnelle qui jauge la qualité des souvenirs.
Mr. Nutz - Clouds
Regrets ou pas ?
Allez, j’ai quand même beaucoup abusé. Malgré son style discutable et sa difficulté que j’avais trouvée vachement élevée, ce jeu m’avait bien diverti. Ça m'aurait coûté quoi de faire chauffer un peu plus la cartouche de Mr. Nutz ? Franchement. Deux heures de moins à errer dans
Warriors of the Eternal Sun ? Oulà ! Sacrilège ! On touche pas à mon doudou virtuel préféré ! Un peu moins d’animaux butés dans
Pitfall ? Ouais, pour en éclater deux fois plus sur Mr. Nutz, bravo. Un peu moins de larmes versées en compagnie d'
Ecco ? Ah non, jamais de la vie ! Laissez ma dépression juvénile tranquille ! Bon, j'aurais bien trouvé un moment. Même s'il m'écœure un peu aujourd'hui, je l'aimais beaucoup avant, ce rongeur à casquette. J'aurais mieux fait d'essayer de vaincre le boss des nuages, plutôt que squatter devant la télé, assis dans le canapé de la chambre de ma mère et mon beau-père, à regarder malgré moi des scènes pas du tout de mon âge dans des films qui passaient sur Canal +, et personne qui ne disait rien pendant ces moments malaisants. Non, je ne parle pas des films auxquels vous pensez, mais de trucs qu'on ne montre pas à des gosses, quand on est en famille, quoi. Je me demande pourquoi je m’infligeais ces tranches de galère, alors que je pouvais m'amuser sur Mr. Nutz ! Là, y avait du temps de coolitude à récupérer ! Désolé, petit écureuil un peu taré, lanceur de glands mais sympa quand même. Tu valais mille fois que je passe mes soirées avec toi. Gros bisous rétroactifs.
