Bonanza Bros. (Master System, 1991)
La découverte, la passion éphémère et l’oubli prématuré.
Je me trompe peut-être, mais je crois me souvenir de mon père qui achète ce jeu parce qu’il a détesté le dernier en date qu’il m’a laissé choisir. Un certain Dynamite Düx (effectivement pas ouf). Donc, le voilà tout content de pouvoir tester un VRAI jeu vidéo, qui procure du VRAI fun. Il l’appelait Bonza Bros, comme il a toujours eu l’habitude d’écorcher la plupart des mots écrits en autre chose qu’en français. J’ai fait comme lui, j’avais six ou sept ans. Alors OK, gros plus par rapport à ce qu’on avait l’habitude de voir sur notre console chérie : on pouvait se lancer dans l’aventure à deux en même temps. Je ne me rappelle pas si on a utilisé cette feature. Je ne crois pas qu'on ait déjà eu deux manettes Master System, donc on adoptait la bonne vieille méthode “une vie, un joueur”. Et si ce titre nous a diverti pour un moment, il a plus diverti mon père que moi. Bonanza Bros. avait tout pour me plaire, et pourtant, à chaque jour qui passait, je devais me forcer plus que la veille pour le lancer. Jusqu’à cette fois où j’ai décidé de ne plus jamais y toucher, alors même que je n’avais jamais dépassé le troisième ou quatrième niveau ; environ le tiers du contenu, donc. Ouais, je pourrissais nos parties à force de crever tout le temps, et alors ? Je n’ai pas abandonné pour cette raison, même si ça n’a pas dû aider.
Réappropriation du jeu
J’ai lu quelque part qu’on pouvait qualifier ce titre de plateformer, run and gun et infiltration. Tout ça à la fois ! D’accord, voyons l’aspect positif de la vie, chose que je ne fais pour ainsi dire jamais. En vrai, j’adore le concept, à savoir subtiliser un certain nombre d’objets précieux disséminés à travers un niveau, dans un temps imparti, et ce sans se faire attraper par la police (ou les chiens, les robots, et les momies je crois). Cela exige de nous des réflexes aiguisés, une vision périphérique très développée, et un instinct de survie à toute épreuve. Comme dans plein de jeux vidéo, oui oui. Bon, on dispose d’un petit flash-ball, et encore, pas très puissant, vu que les gens que l’on touche avec se relèvent au bout de quelques secondes (ne croyez surtout pas que les vrais flash-ball utilisés par la vraie police vous effleurent avec autant de douceur si vous emmerdez un agent). Cela nous permet de passer devant eux sans désagrément, mais sans traîner non plus. Autre méthode, leur ouvrir une porte dessus, très amusant. On peut se planquer derrière des murs ou des meubles pour tromper la vigilance des gardes, et les semer en montant les escaliers au cas où ils nous courent après. Il y a même une tyrolienne à un moment ! Une seule, oui; Profitez-en, ça ne dure qu’un instant.
Bref, on se déplace dans des bâtiments de plus en plus grands, de plus en plus alambiqués, peuplés d’adversaires toujours plus nombreux et coriaces, pour amasser des trésors en plus grand nombre et mieux cachés. Attention, sauter sur les gens ne permet pas de s’en débarrasser ! Cela peut servir à passer par-dessus, tout au mieux ! Voilà, du haut de mes sept ans, j’ai vite trouvé la limite de mes compétences. Ça devenait très dur très rapidement, quoi. Je n'ai donc rien vu du laboratoire, de la galerie d'art ou de la pyramide. Après, mis à part afficher des couleurs différentes, avoir plus d'étages, et abriter des ennemis un peu plus énervés, on ne découvre aucune autre mécanique de gameplay dans les derniers stages. Pas de boss final non plus, et pas de boss du tout nulle part, d’ailleurs ; je reste un peu sur ma faim. On sort de la pyramide, on nous dit congratulations et voilà ! Même pas une image fixe un peu marrante en guise de trophée de victoire. Cela dit, la version arcade ne propose rien de plus que la console, à part un peu plus de niveaux et des graphismes plus soignés, ce n'est pas la faute de cette bonne vieille Master System pour une fois.
Parlons un peu de la DA, maintenant. Il parait que les graphistes de Sega ont vraiment modélisé leurs persos et les décors sur ordi, avant de les convertir en sprites. Pourquoi pas, hein. Je trouvais ça cool avant, même si j’ai toujours détesté la tronche des personnages, gentils ou méchants. Aujourd’hui je déteste la tronche des persos, et je ne trouve plus cette fausse 3D cool du tout. J'ai à la fois la nostalgie du gameplay qui tape à la porte de mon front, et une sorte de rejet pour ce chara-design totalement hideux. Ça devait se vouloir marrant, mais ça me file juste la gerbe. Bouah ! J’ai lu que l’inspiration des personnages viendrait des Blues Brothers. Les graphistes ont juste effacé toute la coolitude que transmettaient John Belushi et Dan Aykroyd, et gardé euh… le grand et le petit ? Bah non, ça correspond plutôt à Laurel et Hardy avec des lunettes de soleil. Moi, j’avais surtout l’impression de voir des Benny Hill partout, amis et ennemis tout pareil, compressés à des degrés divers pour les rendre plus ou moins grands (et plus ou moins gros). J’ai toujours détesté Benny Hill. À ce prix-là, autant jouer au vrai jeu Blues Brothers ! Ah, il fallait une NES pour ça ? Mince alors.
Nouvelle plongée dans l’OST
Je n’en ai pas entendu la moitié des compos, mais pas grave, car je n’ai pas tellement aimé la bande-son non plus. La musique et les sons me foutaient un cafard pas possible, en fait. Impossible d’expliquer pourquoi. Sauf qu’en y ajoutant mon aversion pour le chara design, ça donne l’inverse d’une envie de jouer, évidemment. Le morceau dont je me souviens le mieux, normal vu qu’il accompagne les deux premiers stages, envoie des vibes de gangster gentillet, voire même de générique d’Inspecteur Gadget. J’ai toujours détesté Inspecteur Gadget, même si gamin, je regardais quand ça passait à la télé, faute de mieux. Qui j’exècre le plus entre Benny Hill et lui ? Ça se vaut dans le dégoût. Ma déprime devait venait donc d’un mélange de tout ça. Je kiffais les mélodies sombres, les ambiances larmoyantes et flippantes, moi ! J’y peux rien bordel, si la nature m’a doté d’un caractère de merde ! Le reste de la B.O. ne dépareille pas vraiment. Je ne trouve pas ça mauvais, juste un peu convenu et pas hyper inspiré. Il y a quand même un son que j'adore : le petit ricanement mi-narquois, mi-satisfait de notre avatar quand il récupère un item. OK, là j’avoue ça déchire.
Bonanza Bros. - Bonanza Elegy
Regrets ou pas ?
J'ai relancé une ROM du jeu dans les années 2010. Je n'ai pas tenu longtemps, toujours sans dépasser le troisième stage. Ces foutus graphismes, vraiment pas pour moi ! Dommage parce que l’idée de base tient la route, malgré son manque de renouvellement. Avec de la vraie 2D et des sprites comme seule la Master System sait les faire, j'aurais sans doute apprécié beaucoup plus que ça. Là, le longplay sur YouTube m'a amplement suffi. Robo et Mobo, le grand rouge en forme de saucisse, le petit bleu et sa dégaine de knacki ball. Merci mais non merci ! Ouah, ça fait du bien de râler sans discontinuer, parfois ! Allez, je retourne faire genre d’être sympa.