Je viens de mater l'adaptation en mini-série de 1995 d'Orgueil & Préjugés ...
6 épisodes de 50 minutes pour au total 6 heures de visionnage, ça peut sembler un peu rude à encaisser. Après tout, le roman fait à peine moins de 400 pages et son intrigue est suffisamment claire et concise pour en faire une mini-série série de 3 épisodes ou un film de 2h30. Mais quand vous prenez Orgueil et Préjugés, unanimement considéré comme le plus grand roman de Jane Austen, et que vous analysez son style acéré, son langage subtil et le traitement même de ses personnages, il n’y a pas d’autress moyen que de produire une mini-série de 6 épisodes pour rendre justice au roman ... même si le fabuleux film de Joe Wright avec Keira Knightley sorti en 2005 et d'une durée de 2h30, a prouvé le contraire.
L’aspect intéressant de la mini-série, c'est qu'elle donne du temps aux scénaristes pour transposer les évènements du roman au film. On a jamais l'impression qu'il y a eu des coupes ou des raccourcis dans le développement de cette histoire de la micro-société anglaise au tournant des XVIIIème et XIXème siècles. Dans le film, l'histoire se développe à son propre rythme, un peu comme dans le roman. C’est comme si le roman prenait vie devant nos yeux, dans des décors et avec des costumes d'époque.
Dés le début, nous rencontrons les Bennet, lorsqu’ils discutent de leur nouveau voisin, le sympathique (et surtout très riche) Charles Bingley (Crispin Bonham-Carter) qui vient de louer la somptueuse demeure de Netherfield. Mrs Bennet (Alison Steadman) n'a qu'un but dans la vie, trouver un mari riche pour chacune de ses cinq filles, afin de leur assurer un avenir serein. Charles Bingley est le parfait candidat pour sa fille ainée Jane (Susannah Harker), la plus belle des cinq sœurs. Quant à Elizabeth (Jennifer Ehle), la cadette des Bennet, semble attirer l'attention du très orgueilleux et désagréable Mr Darcy (Colin Firth), un proche ami de Charles Bingley (et dix fois plus riche que lui).
Au bal, Jane se rapproche de Charles (pour le plus grand plaisir de sa mère) et Elizabeth est intriguée par la nature imposante de Mr Darcy, mais sa nature distante et ses rebuffades continues la blesse profondément. Sa fierté a été blessée et les préjugés sur sa personne aidant, à partir de ce moment elle ne voudra plus rien à voir avec lui. Mais le destin veut qu’elle le rerencontre lorsque Jane tombe malade chez les Bingley. Alors que Darcy semble se prendre d'amour pour Elizabeth, elle ne le perçoit pas et devient de plus en plus hostile envers lui.
Finalement, l’intrigue atteint un point culminant et, comme dans le roman, elle se déroule à mi-chemin. Jane Austen devait être consciente que la construction du récit peut équilibrer une œuvre et améliorer son effet, car en mettant le point culminant de l'histoire à mi-chemin, elle établit qu’Elizabeth et Mr Darcy devront se rapprocher l’un de l’autre de manière réaliste, de la même manière que d’autres événements permettront à Jane et Charles de consommer leur union. C’est ce qui rend cette histoire indémodable et un grand classique de la littérature anglaise, le plus réaliste possible, transposant fidèlement l’attitude de la société envers les femmes et les hommes de cette époque, où le mariage était pris aussi au sérieux qu’un plan de retraite ou que des avantages médicaux.
La mini-série capture la lente décomposition de l’intrigue établit par Jane Austen, d’une manière qui aurait pu être stagnante, mais qui ne l’est pas. Pas un seul fil de l'intrigue n’est laissé de côté, contrairement à la version cinéma de 2005 qui doit faire des choix pour tout faire rentrer dans un film de 2005 (mais qui le fait merveilleusement bien). Jennifer Ehle et Colin Firth sont parfaits dans leurs interprétations d’Elizabeth et de Mr Darcy. Jennifer Ehle ressemble à une version anglaise de Meryl Streep, le même physique, la même gestuelle, jusqu’à sa voix. Quant à Colin Firth, il est aussi distant que séduisant. Les deux doivent faire passer beaucoup d'émotions sans exprimer grand-chose, voire même rien du tout, mais Jennifer Ehle apporte une belle attitude iconoclaste à son personnage, de la même manière que Colin Firth incarne parfaitement l’arrogance masculine.
La version cinéma de 2005 ayant reçu de nombreuses éloges, il y aura toujours des personnes qui préféreront cette version à la version cinéma et vice versa. Ayant lu le roman une seule fois et il y a fort longtemps, je peux difficilement dire lequel des deux est le pus fidèle au style de Jane Auste et fidèle aux personnages. En tout cas, la mini-série a le luxe de prendre son temps, peut-être même parfois un peu trop (les deux premier épisodes sont vraiment très lents et longs). Et puis Alison Steadman en fait un peu trop dans le rôle de Mrs Bennett, elle est en surjeu permanent et en fait vraiment des tonnes, sans la moindre nuance. Mrs Bennet n’était pas la personne la plus agréable au monde, mais je trouve qu’elle est bien mieux interprétée dans la version cinéma (Brenda Blethyn) parce que, tout en étant une femme très exubérante et trop émotive, elle savait que ses filles seraient laissées sans ressources si elles ne se mariaient pas bien. Quant à Jane, qui est sensée être la plus belle des cinq sœurs, l'actrice qui l'incarne est nettement moins belle dans la mini-série (Susannah Harker) que dans la version cinéma (Rosamund Pike). Et pour finir, l'atout majeur du film de 2005, c'est bien sûr Keira Knightley ... la sublissime Keira Knightley.
C'est pour ces quelques raisons (et parce que la mise en scène de Joe Wright est sublime) que je préfère le film de 2005 à la mini-série de 1995, mais sans que la mini-série ne démérite pour autant.
J'ai aussi revu le film de 2005 ...
Tout le monde connait La romancière anglaise Jane Austen. Née il y a plus de deux cent ans, elle est entrée à la postérité grâce à des romans tels que Raison et Sentiments, Orgueil et Préjugés, Persuasion ou encore Emma. Elle fait à nouveau son chemin vers le grand écran dans la nouvelle adaptation de Joe Wright du plus célèbre de ses romans, le grand classique Orgueil et Préjugés. C’est la première fois depuis plus de 65 ans qu'il est adapté au cinéma (après la version de 1940 avec Greer Garson et Laurence Olivier) et croyez-moi quand je vous dis qu'il ne déçoit vraiment pas. Cette adaptation est, faute d’un meilleur mot, de toute Beauté. Qui plus est, le film vous garde en haleine de la première à la toute dernière scène, pour vous consumer avec une romance douloureuse, saupoudrée d’humour et d’une grande intelligence.
Se déroulant toujours à la fin des années 1700 et entremêlant toujours son histoire avec une émotion intemporelle, une fierté, une étroitesse d’esprit et un amour, Orgueil et Préjugés (2005) se concentre sur la famille Bennet dans une Angleterre consciente de la différence de classes sociales. Dans cette maison, nous suivons cinq sœurs fougueuses, sous l'emprise de leur mère autoritaire (une Brenda Blethlyn superbement névrosée et très drôle) qui veut désespérément qu’elles se marient toutes et assurent ainsi l’avenir du domaine familial. Mais Lizzie (Keira Knightley absolument sublime), la cadette des sœurs et tête d'affiche du film, est suffisamment intelligente pour nourir d’autres aspirations, mais hélas trop romantique pour les réaliser ... *soupir*
Lorsque l’on passe en revue des films d’époque comme celui-ci, on se concentre souvent sur les décors et la conception des costumes. Mais dans Orgueil et Préjugés (2005), les émotions bouillonnantes et orageuses de ses personnages prennent le pas sur les costumes et les décors (mis sur un second plan). Ce n’est que lorsqu’ils ont été consciemment mis en avant, comme lorsque Lizzie Bennet admirait la belle architecture et les statues grecques extraordinaires de la succession de M. Darcy, que j’ai remarqué l’arrière-plan ... et bien sûr, c'est splendide. Le réalisateur Joe Wright mérite tous les louanges pour sa mise en scène et sa direction artistique, car si le film est aussi beau, c'est surtout grâce à lui. Un autre exemple est la grande scène de bal entre Lizzie et Mr Darcy (Matthew Macfadyen), les deux sont tellement bien dirigés et mis en avant, que lorsque Joe Wright fait délibérément disparaitre le reste de la foule dansante, vous ne remarquez pas de changement. Vos yeux sont uniquement fixés sur Keira Knightley et Matthew Macfadyen. Il m’aura fallu plusieurs visionnages du film, pour m’en rendre compte.
En ce qui me concerne, Keira Knightley est irrésistible, d'une fougue et d'une beauté limite irréelles. C'est une performance d'actrice vraiment digne d’un Oscar et elle le fait sans pleurnicher, ni se morfondre ou soupirer, comme il est généralement exigé pour remporter la statuette. Keira Knightley joue en toute subtilité, apportant une présence "solaire" à son personnage si fougueux de Lizzie. Quant à Matthew Macfadyen, dans le rôle Mr Darcy, je n'ai aucun reproche à lui faire ... même s'il n’est pas Colin Firth, manquant quelque peu de charme et de virilité. Mais peu importe, car ces deux-là ont une meilleure alchimie que Jennifer Ehle et Colin Firth dans la mini-série de 1995. Dés la première scène de leur rencontre dans le film, on perçoit une tension sexuelle, la transformant progressivement en amour fiévreux qui vous donne des frissons.
Tous les acteurs de la distribution d’Orgueil et Préjugés (2005) brillent dans leurs personnages respectifs, de Judi Dench en tant que femme riche et froide à Donald Sutherland en tant que Mr Bennet attentionné, en passant par Rosamund Pike en tant qu'ainée et la plus belle des cinq sœurs (et bien plus belle que l'actrice qui l'incarne dans la mini-série de 1995). Tous sont parfaits, à la seule exception de Jena Malone dont l’attitude trop américaine (aka la Valley girl) nous fait sortir du film par moments. Mais c’est Keira Knightley qui est au centre de l’attention de tout le monde et qui propulse le film à un niveau encore supérieur. Impossible de ne pas tomber amoureux de Keira, après avoir vu ce film.
Orgueil & Préjugés, c’est l'une des plus belles histoires d'amour et l'un des beaux films d'époque que j'ai vu. A voir aussi la mini-série de 1995 avec Jennifer Ehle et Colin Firth, même si personnellement je garde une légère préférence pour cette version cinéma.