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je peux comprendre que la première fois on le trouve un peu trop long et qu'on en sorte décontenancé, car ce n'est pas un film de guerre comme on a l'habitude d'en voir. C'est une fresque qui nous montre les destins différents de plusieurs personnes, mais ce n'est absolument pas décousu, tout est volontaire, pour créer cette intensité, cette violence, cette sidération qu'aura la guerre sur ce groupe d'américains moyens, fils d'immigrés, dont les vies paisibles et tranquilles vont basculer de manière irréversibles à cause de la guerre. La première partie, celle qui a le plus de mal à être comprise est une longue introduction, où l'on peut assister à des scènes du quotidien, pas très passionnantes, un peu ennuyeuse, comme la vie quoi. On y découvre des complicités, de l'amitié, des histoires d'amour banales, on nous présente le caractère des personnages, qui seront amenés à changer suite à leurs expériences futures, on peut déjà y déceler quelques regards anxieux, mélancoliques de gens qui vont partir au bout du monde dans un conflit dont ils ignorent quasiment tout, et qui ne savent si ils reviendront à cette vie monotone mais agréable. Et le choc est d'autant plus violent quand on se retrouve en une scène, sans transition, en pleine horreur, dans le chaos total. La troisième partie traitera des conséquences de la barbarie vécue, vue et pratiquée. Alors oui ce n'est pas conventionnel pour un film de guerre, car Cimino veut d'abord s'attarder sur les humains, et leur psychologie plutôt que sur l'aspect spectaculaire de la guerre, il nous montre l'enfer, nous place face à nos peurs, à nos angoisses, nous prend jusqu'aux entrailles et personnellement je trouve que c'est une œuvre à la mise en scène d'une précision chirurgicale, à l'écriture d'une intensité rare et à l'interprétation exceptionnelle. Un chef d'oeuvre en somme.
Dans la même veine, je conseille Une balle dans la tête de John Woo, qui s'en inspire fortement, mais qui possède quand même son aura propre.