j'ai maté Wake in fright du réalisateur de Rambo, Ted Kotcheff, canadien d'origine bulgare qui s'est retrouvé à tourner dans le Outback australien (qui est également le décor d'un autre film culte Razorback)... allez comprendre.
Le moins que l'on puisse dire c'est que sa réputation de film culte n'est pas usurpée.
Pour la petite histoire, le film fut l'effet d'une bombe lors du festival de Cannes 1971, avant de disparaitre littéralement pendant près de 40 ans, une légende du cinéma underground qui failli se volatiliser à tout jamais, mais un producteur australien retrouva les bobines au début des années 2000 au fin fond d'un entrepôt de Pittsburgh, dans une caisse portant l'indication "à détruire", et cela n'était peut-être pas fortuit.
"Jusqu'à ce qu'on retrouve les négatifs et qu'ils soient restaurés, Wake in Fright était devenu une rumeur : un film secret, un peu dangereux, dont les gens entretenaient la légende sans même l'avoir vu" dixit Jack Thomson.
Si je devais le renommer ce serait en "Contes de la folie ordinaire au pays des kangourous". On est entre le documentaire ethnographique et le film survivaliste à la violence latente dans la lignée des Chiens de paille ou de Deliverance. On comprend en le voyant, l'influence qu'il a eu sur la vague des jeunes réalisateurs australiens de la génération suivante (weir, miller...), car il possède l'ambiance caractéristique de ce cinéma brut, une atmosphère cotonneuse à la limite de l'onirisme, de grands espace à la lumière écrasante, on ressent quasiment la chaleur étouffante poisseuse via les protagonistes, c'en est presque palpable. La sueur et la bière coulent à flot, les paysages désertiques s'étendent à perte de vue, le malaise est permanent, la violence en sourdine, prête à exploser, fruit d'une frustration endémique.... et elle explosera, mais pas de la manière dont on l'attendait. Comme souvent dans ce genre d'histoire, le mal n'est ni dans l'autre, ni dans l'environnement, mais intérieur.