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Une vie cachée de Terence Malick.
on m'avait dit que Malick s'était perdu depuis son "tree of life", je n'ai pas encore pu le vérifier mais par contre ce que je sais c'est que l'histoire "vraie" de Franz Jägerstätter, héros parmi les héros oubliés de la seconde guerre mondiale, ainsi que cette période trouble de l'histoire et le magnifique paysage champetre autrichien, ont redonné à Malick toute son inspiration et sa maestia. A hidden life, est un tourbillon de splendeur et d'émotions.
On y retrouve le lyrisme des moissons du ciel, la réflexion et le souffle héroïque de la ligne rouge.
l'histoire :
En 1938, après l'arrivée des troupes d'Hitler en Autriche, Franz Jägerstätter est le seul de son village, St. Radegund, à s'opposer au régime nazi allemand. Il refuse ensuite catégoriquement de combattre pour le Troisième Reich et devient objecteur de conscience. Il est alors emprisonné à Linz, puis à Berlin.
le film retrace donc une partie de la vie de l'Autrichien Franz Jägerstätter, décapité par les Nazis en 1943, puis béatifié et déclaré martyr par l'Église catholique en 2007, incarné à l'écran par l'Allemand August Diehl, totalement habité par son rôle, qui livre une prestation pleine de désespoir, forte et bouleversante comme on n'en avait plus vu depuis celle d'Adrien Brody dans Le pianiste de Polanski.
On est déchiré, partagé, interrogé par les décisions de cet homme. Qu'aurions nous fait à sa place? Aurions nous "fait allégeance à l'antéchrist" pour sauver notre vie, ou retrouver nos proches.
Son acte, discret, presque oublié, est de ceux qui, s’ils passent inaperçus, font la grandeur et l’héroïsme des belles histoires. Terrence Malick raconte l’oubli de ces combattants du bien, incarcérés, jugés et sacrifiés pour leurs convictions. "Mieux vaut subir l'injustice, que de la commettre", telle était leur philosophie.
Le sujet est une aubaine pour le style de Malick, même si on pourra lui faire l'éternel reproche de styliser l'horreur, celui-ci livre un chef d’œuvre, qui est tout sauf consensuel. Il est très profond, engagé politiquement, sans didactisme et loin des derniers délires ésotériques de l'auteur. On y retrouve son appétence pour décrire les liens familiaux, le rapport de l'homme à la nature, le tout sublimé par des mouvements de caméras audacieux et des plans de toute beauté. La voix off est toujours là, le prechi-prêcha mystico religieux et philosophique de l'artiste aussi. Ainsi que les ellipses poétiques.Visuellement, il grâce à cette histoire, dans son style inimitable.
Le sujet est magnifique, rare sur grand écran, et il méritait un aussi beau regard que celui de Terrence Malick.
(le seul bémol que j'apporterai est l'utilisation de l'anglais dans les conversations intimistes, et celle de l'allemand dans les plans d'ensemble, j'aurai préféré une totale authenticité linguistique)