cinema

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Réalisateur(s): Jonathan Glazer
Scénariste(s): Walter Campbell
Acteurs: Scarlett Johansson
Compositeur: Mica Levi
Date de sortie: 2013 - USA

 

 

Bien qu'ayant connu un relatif échec au box-office, les "markéteux" ne sachant pas comment "markéter" le film, Under the Skin a connu un joli succès critique dont beaucoup furent élogieuses. La réaction des spectateurs quant à elle, a été beaucoup plus partagée.

On peut aisément comprendre le pourquoi du comment de cet accueil très contrasté. Under the Skin est le genre de film qui provoque le rejet chez certains, pour en captiver d'autres. Étant quelqu’un qui aime la science-fiction en générale, les films de genre et les "bizarreries" (les plus polarisants et les plus différents), j'ai été intrigué par le concept et j'avais espoir qu’il soit aussi bon que les critiques le prétendent. Mais à en juger par la réaction des spectateurs qui se sont montrés pour le moins divisés et à quel point certaines d'elles (les réactions les plus négatives) ont été au vitriol, je me suis préparé à la déception ou à le trouver moins bon que prévu, tout en reconnaissant ses mérites.

Aprés avoir vu Under the Skin, une grande part de moi fut très impressionné par l'aspect visuel et sonore du film. D'un point de vue strictement formel, c'est de toute beauté. Mais je peux tout à fait voir pourquoi certains ne l’aiment pas, jusqu'à ressentir un profond rejet. Je partage moi-même quelques-unes des plaintes exprimées, à savoir un rythme trop lent et un schéma narratif trop répétitif, mais je peux voir encore plus pourquoi les critiques et beaucoup d’autres l’ont aimé.

Pour moi, Under the Skin est imparfait en de nombreux points. Alors je peux comprendre pourquoi le rythme lent a été adopté ici, pour des raisons d’atmosphère et d’immersion dans le monde, mais il y a des plans qui s'éternisent plus que de raison et trop de scènes se répètent suivant le même schéma, à savoir Scarlett Johansson qui part à la chasse au mâle dominant à bord de sa camionnette et qui ramène sa proie au foyer pour la "dévorer". Tout ça, les longueurs et le manque d'effets de surprises, ça ne rend pas toujours le film aussi accrocheur qu’il aurait pu être.

L'histoire est très (trop ?) légère et nous faisons face là à un récit non conventionnel, avec de nombreuses ellipse scénaristiques, mais offrant toujours des indices précieux sur le pourquoi du comment, souvent à contre temps. C'est parfois trente minutes après, qu'on comprend une scène, grâce un nouvel élément informatif donné (souvent purement visuel). moi ça ne me dérange pas, au contraire ça oblige le spectateur à porter son attention au moindre détail dans le plan. Alors certes ça peut en gêner certains, mais personne ne peut nier qu’en termes de création d’ambiance et d’atmosphère, c’est une totale réussite. Et bien que le concept de base soit simple (voire simpliste) et clair (voire mince), la cohésion d'ensemble n’est pas toujours au rendez-vous. L'une des scènes clés du récit qui provoque le revirement de comportement de Scarlett Johansson, passant de l'alien "assoiffé de sang" à l'alien compatissant pour sa victime, ne fonctionne pas sur moi. Et je vous rappelle qu'ici Scarlett Johansson est un alien, car on a vite fait d'oublier ce "détails" devant sa plastique de rêve.

Cependant, Under the Skin a la faculté de produire des images de l'ordre du "jamais vu" et qui vous hantent à jamais. L'utilisation astucieuse du noir (la signature du film) et l’éclairage étrange, ainsi que les paysages écossais magnifiques mais austères, contribuent à en faire l’un des films les plus beaux visuellement qu'il m'ait été donné de voir. Et on ne peut pas dissocier l'aspect visuel de l'aspect sonore, tellement la BO participe grandement à l'ambiance angoissante du film. Une grande part de cette réussite est dû à la partition électronique de Mica Levi qui repose sur la batterie et les cordes, plus particulièrement son utilisation des cordes qui vous donne des frissons.

Dans Under the Skin, il y a un vrai sentiment d’horreur bizarre, de frissons étranges et d'images venues d’un autre monde. Les scènes les plus marquantes du film sont la scène d'ouverture rappelant le 2001 de Stanley Kubrick, la scène de plage cauchemardesque et les scènes de mise à mort pleines de tension, de séduction poétique, sensuelle mais assez effrayante. Et tout ça, on le doit au travail du réalisateur Jonathan Glazer, qui a pensé toute la mise en scène et tout l'aspect visuel du film. C'est aussi lui qui est responsable du scénario minimaliste et du rythme lent du film.

Pour finir, je me dois d'évoquer Scarlett Johansson. C'est une actrice qui m'a toujours fasciné et ici elle ne fait pas exception. Malgré le peu de lignes de dialogues, c’est l'une de ses meilleures performances. Elle a rarement été aussi sensuelle et avec cette capacité de transmettre autant d'émotions, tout en disant si peu de choses. Adam Pearson qui joue le rôle d'un infirme, donne également une performance troublante et poignante ... bien que l'effet souhaité sur le spectateur soit un peu trop facile.

Au final, Under the Skin est beaucoup plus profond qu'il ne le laisse paraitre. Le récit de science-fiction n'est ici qu'un prétexte pour questionner le corps, questionner notre rapport avec l'étranger et l'étrange, notre rapport à la nature et à l'émotion humaine. C'est un film qui divise beaucoup et à juste raison, mais c'est l'une de ces expériences qu'on oublie pas de sitôt.

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