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Réalisateur(s): James Gray
Scénariste(s): James Gray
Acteurs: Tim Roth, Edward Furlong, Vanessa Redgrave, Maximilian Schell
Compositeur: Dana Sano
Date de sortie: 1995 - USA

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 Little Odessa, c'est le tout premier film de James Gray, un film de gangsters vu du côté de la communauté russe de New-York. C’est une interprétation du fils prodigue (ou du retour de l'enfant prodigue), ici sous les traits d'un tueur à gages froid et impitoyable. C’est un très bon drame, bien joué par le toujours électrique Tim Roth. Je suis un fan de longue date de l'acteur anglais, dont le talent est "je trouve" sous exploité en dehors de ses collaborations avec Quentin Tarantino. C'est tout de même un acteur qui était très populaire dans les années 90, mais qui l'est devenu beaucoup moins à partir des années 2000. L’autre atout britannique du film, c'est la tout aussi excellente Vanessa Redgrave, une actrice que j'aime beaucoup et qui elle aussi est trop sous exploitée.


Il y a une réelle efficacité dans la façon dont est montré la violence dans ce film. J'ai envie de dire que c'est l'anti-Tarantino. La violence est ici tout sauf stylisée, elle est au contraire brutale et vite expédiée. Tim Roth est Josua Shapira, un tueur à gage qui est forcé de retourner dans son ancien quartier, ce qui signifie pour lui de renouer avec sa famille, sa mère aimante et mourante (Vanessa Redgrave), son père violent et abusif (Maximilian Spiel), ainsi que son frère cadet Ruben facilement impressionnable (Edward Furlong). Bien que ses proches se méfient toujours de lui, Joshua est idolâtré par son jeune frère ...

 
Le film se termine, comme la plupart des fables sur le fils prodigue, avec Reuben mourant, payant pour les péchés de son frère.

Le réalisateur alors débutant, James Gray âgé de 24 ans, propose un film de gangsters étonnamment mature, à la fois poignant, émouvant et choquant. La violence n'est pas forcément montrée à l'écran, elle est plus psychologique que graphique. Les exécutions de sang-froid d'un Tim Roth insensibles et inébranlables, ne nous laisse même pas le temps d'avoir un mauvais goût dans la bouche. Tout comme pour The Yards et La Nuit nous appartient, Little Odessa est principalement un drame axé sur les personnages qui bénéficient tous une certaine profondeur d'écriture. Les scènes dans la neige à Brooklyn, sont lugubres, sombre et authentiques. Qui plus est, elles nous rappellent les racines russes de la famille. Le père est un juif pieux, mais qui a aussi une liaison extra conjugale. Il parle souvent en russe, accroché à son identité du mieux qu’il peut, dans un monde aliénant, changeant et désintégrant.

Il y a aussi des moments tendres entre le fils assassin et la mère souffrant d’une tumeur cérébrale. Il reprend aussi contact avec son ancienne petite amie (la très belle Moira Kelly) qui veut comprendre pourquoi il l'avait abandonné. Son jeune frère essaie de garder les pieds sur terre, mais son retour aura des conséquences. L'amour fraternel qu'ils éprouvent l'un pour l'autre est sincère, mais il va mettre à mal l'innocence du jeune frère. Tous ses moments de tendresses sont les points forts du film, mais certains élément du films ont bien du mal me convaincre. Je pense surtout à certains détails ethniques du film (la représentation de la communauté russe) qui ne sont pas toujours très crédibles. Et puis, James Gray vacille quelque peu dans son acte final ...

 
Le film se conclue sur une séquence qu'on voit trop venir à l'avance, dans laquelle le petit Reuben est accidentellement abattu.

Little Odessa, c’est un film sombre, froid, efficace et très réaliste. Je suis tout de suite rentré dans l'histoire et me suis pris immédiatement d'affection pour le jeune frère cadet. Même si le nom de Tim Roth vient en premier sur l'affiche du film, en réalité le film porte plus sur Edward Furlong que sur lui. Ce n’est pas un film de gangsters tarantinesque avec des gangsters hauts en couleurs, c'est au contraire un film de gangsters Scorsesien qui s'intéresse à la vie d'une famille d'un gangster. Comme dans Mean Streets ou Les Affranchis, le film se construit lentement jusqu’à l'arrivée de grandes scènes très impactantes. C’est puissant sur les émotions, bien plus que sur la démonstration. Il n’y a pas beaucoup d’espoir à attendre dans les jours sombres qui vit cette famille. Oui, c’est triste et sans espoir, mais étrangement fascinant aussi.

Bref, Little Odessa est un grand film de gangsters, qui s'inspire des meilleurs et un classique dans le genre. Je recommanderais également le brillant et très efficace Eastern promises de David Cronenberg, racontant une histoire de la mafia russe en Grande-Bretagne.

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