J'ai donc vu, près de 15 ans après la première tentative, Lost in Translation.
Le croiriez-vous ? J'y ai vu une très belle histoire d'amour, car impossible, entre deux êtres que tout sépare, l'un étant désabusé par 25 ans de mariage et perdu au milieu des clichés pittoresques de la société japonaise vue par les occidentaux, l'autre étant désabusée par 2 ans de mariage, et perdue au milieu des clichés pittoresques de la société japonaise vue par les occidentaux.
Le fait que cette histoire se déroule dans cet univers dont ils ne maîtrisent pas les codes (et ne cherchent absolument pas à y parvenir) met en exergue la vacuité des insignifiants éléments qui peuvent rapprocher ou éloigner deux humains en déficit affectif, en les plaçant dans un registre tragi-comique.
Mais sinon c'est toujours aussi chiant, lourd avec cet embarrassant exotisme vaguement méprisant pour les japonais, et artificiel dans l'exposition d'une relation improbable entre papy tranxène et la méga bonnasse de service dont on nous fait bien comprendre que c'est de la chair fraîche à consommer, par la multiplication des plans gratuits sur la viande, et le fait que c'est elle qui prend l'initiative d'un contact et qui sera la plus remuée par la séparation (et que papy a préféré faire zobi-zoba avec une vieille, l'enflure enfin, merde, mes tétés à moi sont pas flasques bordel à quoi ça sert que je le chauffe pendant des jours merde !).
Les quelques moments réussissant à faire passer quelque chose (tout particulièrement appréciables quand on a subi les mêmes pesanteurs matrimoniales que le personnage) ne compensent pas tous ceux où on se demande si on a bien vu ce qu'on a vu.
Pourtant les acteurs sont excellents techniquement.