cinema

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Réalisateur(s): Terrence Malick
Scénariste(s): Terrence Malick
Acteurs: Martin Sheen, Sissy Spacek
Compositeur: George Aliceson Tipton
Date de sortie: 1973 - USA

 Synopsis : Quand Kit Carruthers, 25 ans, et Holly, 15 ans, se rencontrent, elle s’exerce avec son bâton de majorette et lui vient d’envoyer balader son job d’éboueur.

Avant ce garçon qui ressemble à James Dean, la gamine, nouvelle venue dans ce bled endormi du Dakota du Sud, n’avait jamais attiré l’attention de personne. Bientôt, les voilà amoureux, à la grande fureur du père de Holly, qui tue le chien de sa fille pour lui apprendre à mieux choisir ses fréquentations.

Comme il leur interdit de partir ensemble, Kit le tue à son tour.

Lors de leur folle cavale sur les routes, le jeune homme révèle bien vite un caractère sociopathe en laissant de nombreux cadavres derrière lui... jusqu'aux Badlands (titre original du film) du Montana.

Avec un décalage irréel, la voix rêveuse de Holly, celle d’une petite fille qui aurait lu trop de romans à l’eau de rose, retrace en voix off cette histoire d’amour et de mort : « Il voulait mourir avec moi et je rêvais de me perdre pour toujours dans ses bras… »

 

le cinéaste n'a pas voulu romancer la trajectoire meurtrière et absurde de ces deux paumés, il n'a pas voulu en faire en faire une ode à l'amour inconditionnel, ni une condamnation de la violence juvénile de masse américaine, il pose une distance entre les protagonistes et le spectateur, lequel doit s'interroger sur les motivations et le droit au témoignage de ces gens. Holly raconte son parcours sanglant avec un détachement ahurissant, tandis que Kit la traine dans sa folie comme si il avait besoin d'un témoin, d'une admiratrice. D'ailleurs le pathétisme de leur périple est souligné à la fin par la préparation de kit pour donner une interview au moment de se rendre. A croire que son seul but est de laisser une trace, peu importe la manière. D'ailleurs le personnage cultive sa ressemblance avec James Dean, les protagonistes vivent "leur" fureur de vivre, et cherchent "leur" Eden, une autre manière pour Malick d'interroger les mythes et d'assouvir son penchant pour les références bibliques.

Sinon toute la richesse du film ne réside pas tellement dans l'histoire qu'il raconte mais dans son traitement métaphysique et poétique, en opposition à l'indifférence émotionnelle de ses personnages, Malick (qui avait alors 29 ans) met déjà en lumière l'exaltation du cosmos et de la nature, dévoile son attachement aux voix intérieures faussement naïves, tout le vocabulaire malickien se met en place : le vent qui caresse la cime des arbres, les lumières qui tirent au pourpre à l’heure du crépuscule, les plans de coupe singuliers sur la faune environnante, les pieds nus qui flirtent avec le mouvement d’un cours d’eau, les mains qui effleurent la courbe des épis de blés, les regards profonds qui se perdent dans l’immensité de la nature et dans la confusion de l’esprit … chacun d'eux agissant comme les morceaux d'un poème visuel et contemplatif.
Malick c'est aussi un rapport aux souvenirs, régulièrement illustrés par de vieilles photos jaunies, il parait constamment à la recherche d'une vérité alternative, une émotion furtive, un instant qui n'existe déjà plus. Badlands (le titre a aussi son importance) est pour moi le premier chef d'oeuvre d'une carrière qui en comptera quelques autres.

 

La ballade sauvage, raconte une sale histoire, mais de si belle manière.

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