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Réalisateur(s): Walter Salles
Scénariste(s): João Emanuel Carneiro, Marcos Bernstein
Acteurs: Fernanda Montenegro, Vinícius de Oliveira, Marília Pêra
Compositeur: Jaques Morelenbaum, Antonio Pinto
Date de sortie: 1998 - BRAZIL

Je n'avais pas revu Central Do Brasil depuis plus de 20 ans ... depuis sa sortie au cinéma, en fait ! Lors de ce second visionnage, j'ai ressenti les même sensations qu'à l'époque où je l'ai découvert pour la première fois. Le film conserve toute sa force, un film d'une sensibilité folle et qui semble si vrai. Le travail de Walter Salles derrière la caméra, mais aussi de Fernanda Montenegro devant la caméra, est juste incroyable et le film n'a pas pris la moindre ride, même plus de 20 ans après (contrairement aux acteurs, je suppose).

Central do Brasil raconte l’histoire d’une vielle femme Isadora (Fernanda Montenegro), la soixantaine bien tassée, cynique et blasée, qui a recours à un travail "subalterne" pour arrondir ses fins de mois. Elle est maintenant à la retraite (ancienne institutrice), mais pour joindre les deux bouts, elle installe un bureau de rédaction de lettres à la gare de Rio, où elle écrit des lettres dictées par les analphabètes. Les personnes qui défilent devant le bureau d'Isadora sont enthousiastes (et peu méfiantes) à l'idée de communiquer avec leur famille et leurs amis éloignés. Dans de nombreux cas, comme avec Ana et de son fils Josué (Vinícius de Oliveira), elle n’a aucune intention d’envoyer la lettre. De plus, marchander avec des petits escrocs ne semble pas lui faire peur, si ça lui permet de s'acheter une TV neuve. Il est évident qu'Isadora a connu des jours meilleurs.

La plupart des clients d'Isadora ne sont pas assez méfiants, mais le jeune Josué est plus malin que la moyenne et perçoit l'escroquerie. C'est malheureusement à ce moment-là que le jeune garçon est témoin de la mort de sa mère, écrasée par un bus en face du bureau d'Isadora. Lorsque Isadora décide de ramener le garçon dans son minuscule appartement, elle n’a pas vraiment l’intention de l’aider. En effet, c'est en apprenant l’existence d'une agence d’adoption clandestine, qu'elle décide de le prendre sous son aile pour ensuite le vendre littéralement (pour 2 000 dollars) aux personnes sans scrupules impliquées dans la vente des organes d'enfants. Ce n’est que lorsque son amie Irène (Marília Pêra) lui raconte le sort qu'il encourt, qu'Isadora tente de le récupérer.

C'est à ce moment-là que les ennuies commencent pour Isadora. Elle se voit contrainte de quitter Rio et emmène Josué sur la route avec elle pour fuir ses ravisseurs. Ce couple étrange commence un long périple comme de parfaits étrangers, mais ce voyage les fera s’apprécier l’un pour l’autre et amène même Dora à devenir une meilleure personne. Josué se rend également compte que Dora aura été, à sa manière, la mère de substitution qu’il a perdue dans le tragique accident.

Fernanda Montenegro est incroyable dans le rôle d'Isadora, plus vraie que nature. C'est peut-être la meilleure performance d'actrice qu'il m'ait été donné de voir, elle est toute la raison d'être du film. C'est évident qu'avec n'importe qu'elle autre actrice, Central do Brasil n'aurait pas eu un tel succès international (le renouveau du cinéma sud-américain). Toute la force émotionnelle et dramatique du film viennent de sa performance. Isadora est un personnage fascinant, fort et complexe, l'égale de Margo (Bette Davis) dans Ève ou de Norma Desmond (Gloria Swanson) dans le Boulevard du crépuscule. Comme Bette Davis et Gloria Swanson en son temps, Fernanda Montenegro comprend parfaitement son personnage et fusionne avec elle. Elle connait Isaora et elle sait comment elle se comporterait dans toutes les situations. Mention spéciale également au jeune acteur Vinicius Oliveira, dont le jeu est très naturel. C'est un très bon choix de casting, quand on sait à quel point il est difficile de faire un film avec de jeunes acteurs.

Bien avant son film sur les carnets de voyage du CHE, Walter Salles s'était déjà illustré dans le road-movie avec Central do Brasil. Les deux films se ressemblent beaucoup dans ce besoin d'être le plus proche possible du vrai dans les rapports humains. Central do Brasil porte la marque de Walter Salles et plus encore de Fernanda Montenegro ... et c'est un grand film !

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