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Réalisateur(s): Paul Verhoeven
Scénariste(s): David Birke
Acteurs: Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Virginie Efira, Anne Consigny, Charles Berling
Compositeur: Anne Dudley
Date de sortie: 2016 - FRA/NL/GER

"Elle" c'est Isabelle Huppert et Isabelle Huppert c'est "Elle". Tout le film est vu à travers les yeux d'Isabelle Huppert, une femme victime d’un viol dés la première scène du film.

Le réalisateur Paul Verhoeven dit "le Hollandais violent" est célèbre pour ses films provocateurs, mêlant souvent sexe, violence et jeu de pouvoir psychologique. L’actrice Isabelle Huppert est célèbre pour ses rôles exigeants, jouant souvent des femmes fortes et de pouvoir, dans des films qui provoquent la controverse. Mettez ces deux êtres fascinants ensemble et "vous allez voir ce que vous allez voir".

Michèle (Isabelle Huppert) est une femme qui possède une société de jeux vidéo, spécialisée dans les jeux qui ciblent les 18+, parce que violents et immoraux. C'est avec désinvolture qu'elle partage son lit avec le mari de sa meilleure amie. Et puis elle se masturbe en regardant le voisin décharger le coffre de sa voiture. Quant à son père, c'est un un tueur en série condamné à la prison à perpétuité. Ah oui, j'oubliais ... et ça ne semble pas la déranger plus que ça, de se faire violer.

Ou tout du moins, c’est l’impression qu'elle donne après la toute première scène du film. Après avoir été attaquée et violemment violée à son domicile (et devant son chat qui n'a pas levé une seule patte), elle n’appelle même pas la police, n'en parle à personne (pas même à un ami) et préfère commander quelque chose à manger.

Le film explore non seulement la relation de Michèle avec son violeur, dont l’identité s’établit après les deux premiers tiers du film (je reviendrais là dessus plus tard), mais aussi les hommes et les femmes de son entourage immédiat. Ils ont tous leurs petits problèmes et entretiennent des relations amoureuses conflictuelles. Michèle semble tirer toutes les ficelles dans cette histoire, comme la femme dure et froide qu'elle est, maîtrisant superbement ses sentiments et ses émotions. Tout le film est plausible en raison de son caractère, des problèmes de sa meilleure amie, de sa mère, de son fils et tout et tout. Rien n’est pris à la légère, chaque situation ou décision est déterminée par son état psychologique à "Elle".

Pour le spectateur, il faut faire un certain effort pour comprendre toutes les différentes relations et il faut faire encore plus d'effort pour saisir le comportement de Michèle elle-même. La seule explication que Paul Verhoeven nous propose, c’est sa jeunesse troublée en tant que fille d’un tueur en série. À mon avis, le film souffre d’une surcharge de personnages avec des difficultés psychologiques, il n'y en a pas un pour en sauver l'autre. Sa mère embauche un gigolo parce qu’elle n’accepte pas de vieillir. Son fils s’accroche à une petite amie colérique et supposément infidèle. Sa voisine et son charmant mari sont obsédés par la religion. L'un de ses employés la ridiculise en public. Vous, je ne sais pas ... mais moi, personnellement je trouve que ça fait beaucoup, quand même !

La chose qu'on retient en premier du film, c’est le jeu d’Isabelle Huppert. N’importe quelle autre actrice aurait facilement pu rendre le personnage de Michèle, complètement risible. Mais le détachement total dont elle fait preuve et l'absence de toute forme de sensibilité, rend sa performance complètement fascinante. Et puis Isabelle Huppert a forcément signé un pacte avec le diable, car à plus de 60 ans, elle est toujours aussi incroyablement sexy.

Isabelle Huppert a toujours eu le goût les films à la morale douteuse (cf. Les valseuses de Bertrand Blier) et elle n’a jamais eu peur de jouer avec les limites de la bienséance (cf. Violette Nozière de Claude Chabrol). Paul Verhoeven est similaire, en cela qu'il défraie la chronique film après film, surtout durant sa première période hollandaise, l'obligeant à s'exiler vers les Etats-Unis au milieu des années 80. Et bis repetita au début des années 2000, mais cette fois-ci en faisant le chemin inverse. Mais nous ne devons pas oublier que ce sont des films de fiction, ce n'est pas la vraie vie. Néanmoins, la violence et les actes immoraux font toujours partie de la condition humaine, aussi désagréables soient-elles.

"Elle" est un film qui frôle la perfection durant les deux premiers tiers du film, en mode thriller psychologique. On est à la recherche du moindre petite indice, pouvant nous donner l'identité du violeur. Mais voilà, Paul Verhoeven choisi de tout révéler avant le dernier tiers du film et c'est là que tout s'écroule et que le film perd beaucoup en intérêt (à mes yeux). C'est dommage, mais je conseille quand même le film aux fans du réalisateur hollandais, car c'est un film qui lui ressemble. C'est un thriller qui ne se prend pas trop au sérieux et qui n'a pas la prétention de vouloir "péter plus haut que son culs". Elle est un thriller dramatique de deux heures prenant (ou tout du moins jusqu'au dernier tiers) et assez divertissant.

 

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