Synopsis : Jean-Marie Fayard est un jeune juge qui ose braver le pouvoir en place. Il n’hésite pas à faire incarcérer des grands patrons. Lorsqu’il vient à s’occuper d’une petite affaire de braquage d’une station-service, il remonte jusqu’aux patrons du SAC et met en cause un député. Il est alors menacé…
Toute ressemblance avec des personnes ou des situations ayant existé.. .. n'est évidemment par fortuite.
Comme à son habitude, Yves Boisset, spécialiste des sujets brûlant, n'y va pas avec le dos de la cuillère pour dénoncer les collusions entre la justice, les truands et les hommes politiques à tout niveau. Tout en offrant un polar efficace et bien ficelé, Boisset délivre une œuvre sans concession, d'une implacable justesse sur les coulisses du pouvoir et le système judiciaire. Éric de Mongolfier, dans une interview disponible en bonus, apporte une caution sur la crédibilité des faits racontés dans le film, et cela fait froid dans le dos.... Les événements qui ont inspirés le scénario sont malheureusement bien réels (assassinat du juge Renaud, relations troubles entre parti politique et gang des lyonnais par le biais du SAC, sorte de police parallèle créé par DeGaulle...) et preuve que le réalisateur tapait dans le mille, il fut victime de multiples tentatives d'empêchement, allant de l'interdiction de tourner dans certains lieux, (en passant par des actions plus graves et personnelles comme des menaces de mort, le vandalisme de sa voiture et même un tabassage en règle...) à la censure du film dont certains mots furent bipés lors de l'exploitation au cinéma, ce qui ne l'empêcha pas de réunir 1.7 millions de spectateurs. Faisant de Dewaere un acteur de premier plan, pouvant enfin porter un projet sur ses épaules seul, après avoir été un excellent second de Lino Ventura dans Adieu Poulet.
A ce sujet, l'autre élément important que nous permet d'apprécier l'interview en bonus, c'est l'instabilité psychologique, le caractère incontrôlable, la fragilité émotionnelle auxquels l'acteur était exposé, tout cela exacerbé par de multiples addictions.
Quand on entend les anecdotes des réalisateurs ayant tourné avec lui, on se demande comment le résultat pouvait être aussi juste, et comment malgré les relations conflictuelles permanentes ils gardaient tous un souvenir ému de ce fauve attendrissant, il avait vraiment ce talent inné et rare des grands. Mais son implication jusqu'au boutiste et sa sensibilité extrême auront eu raison de lui.
En bref, le juge fayard dit le sheriff, est encore un bel exemple des excellents polars et films politiques qu'on savait faire dans les années 70