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 Le titre de ce roman graphique renvoie à une déclaration du prince Charles à Rio en 2009, avertissant à propos du changement climatique : "Nous avons moins de 100 mois pour changer notre comportement et éviter ainsi une catastrophe".


Dans l'œuvre d'Hicklenton, c'est Mara, déesse de la terre, fille de Satan et Antechrist qui prévient :
"Je suis 100 mois... Vous pouvez m'appeler la fin de toute chose."
Lâchée dans un monde ravagé par sa propre décadence, Mara se résout à tuer le dieu porcin Longpig et à déchaîner l'Armageddon sur ses adorateurs, "les singes glabres qui profanent l'image de Dieu". S'en suivra un déferlement de violence chaotique, hallucinant de sauvagerie et de beauté.

Le récit est brutal, sombre, ambigu et viscéral, présage de la fin du monde, mais également le testament d'un artiste. Comment ne pas y voir une allégorie de sa lutte contre la maladie, de sa fin de vie.
Car pour comprendre cette œuvre il faut connaitre l'histoire de son créateur.
John Hicklenton effectua ses débuts dans l'hebdo 2000AD aux côtés de Neil Gaiman, puis se fit internationalement reconnaitre à partir de sa collaboration avec Pat Mills (Nemesis the warlock, Third world war..), il commença à trainer une réputation de dessinateur choquant et brutal, ce qui ne l'empêcha pas de travailler sur la licence Judge Dredd auprès d'Alan Grant, John Smith ou David Bishop, entre autres.

 

 

En 2000, il fut diagnostiqué atteint de sclérose en plaques, pour ceux qui ne connaissent pas, c'est une maladie incurable du système nerveux qui peut lors de crises (ou poussées) engendrer de très vives douleurs, parfois insurmontables. Il a donc souffert de la maladie pendant 10 ans, et acheva 100 months quelques jours avant son suicide assisté en Suisse, à l'âge de 43 ans.
Toute sa carrière fut dictée par des impératifs commerciaux, des requêtes éditoriales, son style devant être bridé et atténué pour rester grand public et ne pas trop choquer, mais dépourvu de toutes ces considérations, et vu le contexte de sa gestation, 100 months est sans conteste l'œuvre majeure de son auteur, un concentré pur de sa vision et de sa souffrance. Un message d'adieu.

 

 

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