Suite et fin de ma carrière vidéoludique ?
Total War Warhammer (PC, 2016)

Pourquoi je m’y suis mis ?
Un beau jour de l’été 2016, de passage chez les parents de ma copine, je vois son père campé devant l’ordi, concentré à l’extrême. Je m’approche, et je constate qu’il commande une armée de valeureux humains aux prises avec des morts vivants. Je m’approche encore, et je remarque que tout ça me dit quelque chose. Karl Franz chevauchant un griffon, Manfred Von Carstein qui invoque des hordes de squelettes sur le champ de bataille… mais, mais, c’est du Warhammer, ça ! Attends, du Warhammer avec des centaines de soldats qui se tapent contre des centaines d’autres soldats ? En gros, jouer comme avec des figurines, mais sans être limité par leur coût exorbitant, ni par le temps passé à devoir les peindre ? Ça existe depuis quand, ce truc de fou ? Ah, et en plus de l’Empire et des Comtes Vampires, on peut aussi jouer les Nains et les Orcs & Gobelins ? Justement, je cherche désespérément un jeu qui me guérira de League of Legends pour de bon, je crois que j’ai trouvé, là.

Pourquoi j’ai aimé ?
Avant la découverte de ce jeu, j’avais à peine effleuré la série Total War. Tout au plus, j’avais maté l’un de mes colocs sur une partie de Shogun 2, et le concept de stratégie / gestion à grande échelle m’avait bien plu. Dans une vie alternative où je n’espérais pas monter Diamant à LoL, je m’y serais bien mis un coup. Il a fallu y ajouter la sauce Warhammer pour que je tombe réellement dedans. La phase au tour par tour, où l’on façonne son empire, ses provinces et ses villes, m’a envoyé de jolies vibes fleurant le Heroes of Might and Magic[/rul], tandis que les batailles en temps rée ... of War II[/b]. Mais ça m’a aussi envoyé une bourrasque de nostalgie en pleine face, à l’époque où je galérais comme un dingue sur Shadow of the Horned Rat. S’ajoute donc à cela mon amour pour l’univers, la première fois que je suis rentré dans une boutique et que j’ai appris l’existence des figurines en métal Games Workshop, du haut de mes sept ou huit ans.

Pendant plusieurs semaines, j’ai réussi à oublier League of Legends, fasciné par mes conquêtes et mes victoires, en incarnant les Comtes Vampires, notamment ; la seule petite armée que j’ai pu me constituer pour de vrai, quinze ans plus tôt. Puis, juste quand je commençais à peut-être me lasser un peu, les premiers DLC ont débarqué. J’ai acquis les Guerriers du Chaos et les Hommes-Bêtes (autrement appelés Black Blocks ou Antifas), d’abord, puisque je n’avais pas précommandé le jeu, puis les Elfes Sylvains (ces saletés de vegans radicaux, pas vrai ?) , ainsi que les Bretonniens (des arriérés qui croient encore à la théorie du ruissellement en exploitant leurs paysans jusqu’à l’os). Ce qu’on appelle les “Lord Packs” ont suivi aussi, des DLC qui n’ajoutent pas une race complète, mais de nouveaux seigneurs jouables pour les races existantes, ainsi que quelques unités. Certains se spécialisent dans un gameplay particulier, comme par exemple celui qui permet de se créer une armée de gobelins ultra bourrine, sans le moindre orc pour les persécuter.

Là encore, ça m’a fait tenir un peu plus longtemps. Mon côté collectionneur aidant, j’adore l’idée de posséder le jeu le plus complet possible, pour conquérir le monde le plus diversifié possible, quand bien même je ne jouerais pas toutes les factions disponibles (à ce jour, je n’ai encore jamais touché à l’Empire ou aux Nains, et je ne prévois pas de le faire, mais j’ai quand même acheté tous leurs DLC). Et quand de nouveau, j’ai commencé à m’essouffler, BAM ! Annonce de Total War Warhammer II, youhou ! Je me suis dit : “Cool ! J’ai bien squatté le vieux monde, allons voir du côté du nouveau, maintenant.” Hauts-Elfes (les LR dans toute leur splendeur), Hommes Lézards (le PS qui ne fait que chialer sur sa gloire passée), Elfes Noirs (le RN avec des pouvoirs magiques, je vous laisse imaginer l’horreur) et Skavens (là euh, des anarchistes dont on se demande comment ils sont encore vivants) ont occupé le devant de la scène, dans un scénario plutôt palpitant, en vérité. Les ont rapidement accompagnés Norsca, sorte de nation viking gauchiste intimement liée au Chaos en guise de bonus de précommande (et celui-là, je l’ai chopé direct), les Rois des Tombes (Renaissance) et les pirates Vampires (hmm, NPA s’ils avaient eu plus de deux militants ?). Mais devait-on oublier l’Empire et les vieilles races jouables pour autant ? Pas du tout, puisque dans un autre mode de jeu, on peut toujours les incarner, EN MÊME TEMPS que les nouvelles, dans une super grosse map qui combine celle de Total War 1 et du 2. Bon, en vrai elle rétrécit par endroits et oublie quelques régions, mais cette durée de vie qui triple, quoi ! Et ouais, voilà de quoi ravir ma collectionnite chronique.

Et ça fait encore plus plaisir, quand les développeurs ont fini par écouter les fans, et ont sorti des Lord Packs un peu plus travaillés. Désormais, chaque nouveau seigneur jouable possède ses propres mécaniques, indépendantes de la race à laquelle il appartient. Et des Lord Packs, ils en ont sorti un paquet, dans Total War Warhammer II. Visiblement, le succès rencontré par le jeu a dépassé les espérances prévues par le studio Creative Assembly, qui a pu mener à bien son projet à moitié fantasmé : faire de Total War Warhammer une trilogie, avec toujours plus de contenu à faire payer aux fans inconditionnels, dont je fais partie. Et voilà que sort le troisième opus ! Centré sur le Chaos et ses quatre dieux majeurs. Hype maximale.
J’ai pas mal écouté l’OST officielle pendant mes parties ; le besoin d’immersion totale m’a donné la force de mettre mes playlists en pause. Pour autant, je reste bien incapable d’en faire une critique constructive. Durant les combats, les mille actions à effectuer en même temps m’accaparent trop l’esprit pour que j’entende même quelqu’un sonner à la porte, et durant la phase gestion, j’ai bien trop peur de faire une connerie pour m’amuser à fredonner. J’ai beaucoup joué les Hommes Lézards, je me souviens donc le mieux de leur bande-son associée, qui nous fait parfois voyager en pleine jungle, trop cool !
Total War : Warhammer II - Temple Cities
Pourquoi j’ai arrêté ?
Comment ça arrêté ? Je n’ai pas arrêté du tout ! Enfin si, je ne sais pas, en fait. Avec la sortie du troisième volume, qui ajoute les quatre démons majeurs du Chaos en races jouables, ainsi que Kislev, penchant slavo-russe de l’Empire, les Ogres, de grosses brutes bouffeuses de viande, et Grand Cathay, qui reprend tous les clichés de la fantasy chinoise pour la première fois dans un jeu vidéo estampillé Games Workshop (alors qu’il n’existe même pas de figurines non plus, pas encore du moins), la frénésie menaçait de ne jamais me quitter. Sauf que… malgré la street cred accumulée au fil des années, l’expérience acquise dans le domaine, l’argent récolté, le succès a été tout sauf phénoménal ! Creative Assembly, par on ne sait quel moyen, a réussi à se retrouver en galère sur à peu près tous les plans. Total War : Warhammer III qui sort plus buggé que jamais, amputé de son mode de jeu le plus attendu, à savoir la map ultime, englobant le monde entier (à quelques exceptions près). Du retard qui s’accumule, des DLC de plus en plus chers et de moins en moins fournis… et surtout une communication quasi inexistante, limite insultante, et parfois mensongère. Même le pack des Nains du Chaos, l’un des plus attendus des joueurs, a réussi à décevoir presque tout le monde. Comment une entreprise en pleine ascension comme celle-ci a-t-elle pu multiplier les mauvais choix à ce point ? Sûrement à cause de plein de facteurs, notamment le COVID, les caprices de Games Workshop, les chouineries des actionnaires, le jeu qui doit sortir avant de boucler l’année fiscale... personne ne saura jamais vraiment. Dommage, car la grande époque où on spéculait à fond, en croyant possible l’inclusion de nations comme Ind, Khuresh, le Khanate des Hobgobelins ou encore Nippon, qui existent vite fait dans le lore, mais qui n’ont jamais bénéficié de livre d’armée officiel, semble révolue. Après tout, Cathay y a eu droit ! Mais depuis, quelques débâcles ont eu lieu.
OK, les développeurs assurent toujours qu’ils ont une immense cargaison de contenu prévue pour le jeu. Quand ils communiquent, en tout cas. Ils sortent une roadmap tous les deux ans, et même si les DLC ont repris un peu de couleurs en 2023/2024, on sent l’euphorie que tout le monde ressentait à la fin de TW Warhammer II, joueurs et développeurs confondus, se dissiper dans les limbes du seum. Dans les faits, je peine de plus en plus à croire les annonces faussement optimistes de l’équipe, au point que j’ai arrêté de jouer. J’ai acheté les derniers DLC en date au printemps 2024, mais j’ai lancé une partie, j’ai joué six heures et j’ai de nouveau lâché. Pour le moment en tout cas, car je suis toujours l’actu de Total War : Warhammer, et je sais que je retomberai dedans au prochain tour de force réalisé par Creative Assembly. Je n’oublie pas non plus les mods, qui pourront toujours ajouter les races manquantes, si personne d’autre ne le fait. Sachant tout cela, et sachant que mon temps réservé au jeux vidéo aujourd’hui approche le néant, je peux considérer que je jouerai à Total War Warhammer jusqu’à la fin de ma vie. Voilà un truc que je n’ai jamais dit, même pour LoL ! Je ne vois pas ce qui pourrait m’en déloger sur le long terme, à part peut-être un Total War Warhammer 40K, et encore, même pas sûr. Acheter la trilogie complète et tous les DLC coûte plusieurs centaines d’euros. Mais qu’est-ce que ça représente, si je ne dépense plus jamais rien dans des figurines, ou même dans d’autres jeux vidéo ? Allez, à part tous les trucs dont je ne connais pas encore l’existence et qui me hyperont à fond, d’accord. Et aussi tous les jeux auxquels je jouerai avec mon gamin, forcément. Bon, OK, ça commence à faire pas mal.
