Lunar Silver Star Story Complete sur Switch via Lunar Remastered Collection

Fiche technique
Nom : Lunar Silver Star Story Complete via Lunar Remastered Collection
Éditeur : Clear River Games / GungHo
Développeur : GungHo / Game Arts
Versions : Switch / PC (Steam) / PS4 / Xbox One
Genre : J-RPG
Dates de sortie : 18/04/2025
Langue : Français (textes), Anglais ou Japonais (voix)
Le contexte du testeur
Jeu joué sur Switch, environ 50% en mode docké et 50% en mode nomade sur une Switch OLED.
Je ne connaissais pas la série, j'avais à peine testé 5 minutes le jeu original sur Mega-CD et son remake PlayStation.
Le contexte du jeu
Lunar Remastered Collection est, comme son nom l'indique, une compilation des deux premiers jeux de la série Lunar. Mais ces deux jeux ne sont ni des remakes, ni des remasters des épisodes originaux : il s'agit en fait d'un remaster HD et amélioré des versions PlayStation des jeux, qui sont eux-mêmes des versions améliorées des jeux originaux.
On a donc Lunar The Silver Star (1992) et Lunar Eternal Blue (1994) sur Mega-CD => Lunar Silver Star Story Complete (1998) et Lunar Eternal Blue Complete (1999) sur PlayStation => Lunar Remastered Collection (2025) sur Switch, PC, PS4 et Xbox One.
Lunar est un J-RPG classique qui a beaucoup fait parler de lui à sa sortie, notamment du au fait qu'il s'agit du premier J-RPG traduit en anglais sur la machine, mais aussi grâce à l'utilisation de nombreuses scènes animées lors de la partie, tirant profit de la capacité du Mega-CD à faire du FMV via son lecteur CD.
Je rappelle qu'on est en juin 1992 : Final Fantasy n'en est qu'à l'épisode 4, Breath of Fire n'existe pas encore, Dragon Quest n'en est qu'à l'épisode 4 (sur Famicom !), quand à Phantasy Star, nous en sommes à l'épisode 3 : autant dire que les RPG 16-bits ne connaissent pas encore leur heure de gloire. C'est important à mes yeux de le préciser parce que quand on pense Mega-CD, on a parfois tendance à penser à un pont entre 16 et les 32 bits, mais certaines séries de RPG, comme Dragon Quest, n'ont même pas encore passé le cap des 16-bits au moment de la sortie de ce Lunar The Silver Star.
Le développeur, Game Arts, est un petit nouveau dans le monde du J-RPG ; à son actif, il a quelques jeux d'action : du action-plate-formes avec Alisia Dragoon, du action-RPG avec Faria, du run and gun avec Thexder, du shoot 'em up avec Silpheed. Lunar The Silver Star sera donc son tout premier J-RPG.
Pour ce remaster, comme dit plus haut, c'est la version PS1 qui a servi de base : le jeu a effectivement connu quelques versions successives, chacune ayant son lot d'améliorations : la version originale Mega-CD a d'abord connu un remake sur Saturn, puis une version améliorée est re-sortie sur Saturn, tirant profit de la carte MPEG de la machine, et enfin, la version PlayStation, qui servira de base pour ce remake. Les différentes itérations Saturn => Saturn => PS1 amélioreront principalement les cinématiques, le reste du jeu en lui-même restera globalement inchangé.
En 2002 sortira Lunar Legend sur GBA, qui sera un remake complet du jeu, avec une nouvelle façon de raconter l'histoire.
En 2009 sortira Lunar Silver Star Harmony sur PSP, qui sera encore un remake du jeu, avec notamment l'ajout d'un prologue.
Les ajouts apportés à Lunar Legend et Lunar Silver Star Harmony ne sont donc pas inclus dans ce remaster.
Globalement, cette version améliore surtout les séquences animées pour les doter d'une résolution adaptée aux consoles actuelles, mais ne touche pas beaucoup aux graphismes in-game, en-dehors d'une résolution plus agréable au niveau des décors et de l'ajout d'un flou dans les coins de l'écran, permettant au jeu de conserver tout son charme 2D de l'époque sans pour autant piquer la rétine du joueur, comme on peut le voir ci-dessous :

Un combat contre un boss.
De gauche à droite : version Mega-CD, version Saturn, version remasterisée

Une cinématique.
De gauche à droite : version PlayStation, version remasterisée
Le pitch
L'histoire est assez classique et met en jeu un jeune homme nommé Alex, accompagné de son "chat volant" Nall, et de ses amis Rufus et Luna, qui partent à la recherche d'une gemme de grande valeur dans une grotte voisine. En plus de trouver la précieuse gemme, les compagnons vont rencontrer Quark, le grand dragon blanc, ce qui décidera notre héros à tenter de rencontrer les 4 dragons et devenir le futur maître des dragons.
L'histoire met un peu de temps à décoller après cette première rencontre avec Quark, et bien qu'elle semble très manichéenne de prime abord, elle servira tout de même son lot de surprises et de thèmes intéressants tout au long de l'aventure. Les thèmes en eux-mêmes demeurent assez classiques : l'amour, l'amitié, la trahison, la confiance, etc... le tout avec évidemment un grand méchant vraiment très méchant qu'en fait personne ne savait qu'il était si méchant oh là là quelle surprise.
Le gameplay
Lunar Silver Star Story Complete est un J-RPG classique dans son essance : alternance carte du monde / village / carte du monde / donjon avec des coffres cachés / boss / carte du monde / nouveau village avec de nouveaux équipements à acheter / etc.
Le gameplay lors des combats est également classique, à ceci près que l'on pourra choisir où placer ces personnages lors d'un affrontement, ce qui aura son importance car les différents acteurs, amis ou ennemis, auront besoin de se déplacer pour pouvoir affronter un adversaire au corps à corps. Si l'adversaire en question est trop éloigné, le tour sera "perdu" à se déplacer plutôt qu'à attaquer. L'idée est donc de placer ses guerriers devant, ses magiciens et ceux qui attaquent à distance derrière. L'ennemi aura tendance à faire de même, à vous donc de voir s'il faut parfois utiliser des compétences spéciales pour éliminer en priorité les monstres puissants restés à l'arrière, ou si vous préférez économiser vos MP et réduire en bouillie d'abord le menu fretin ou perdre des actions à se déplacer vers la ligne arrière ennemie, quitte à prendre plus de dégâts.
Le reste est très classique : HP, MP et autre statistiques ; attaque, compétence spéciale, objet, défense, fuite.

A noter qu'il est possible de laisser l'IA se charger des combats (ponctuellement pour un personnage ou globalement pour toute votre équipe), tout en définissant pour chaque personnage un ordre (par exemple : tout donner, ne pas utiliser la magie, se défendre, etc). Selon vos directives et la configuration des événements, votre personnage agira en fonction de ce que l'IA estime le mieux.
Cette possibilité est appréciable et permet de ne pas avoir à spammer la touche action pour attaquer en continu comme dans bon nombre de J-RPG. En cas de combat contre un boss ou de tournure des événements délicate, vous pourrez toujours reprendre la main et choisir vous-même l'action à effectuer pour chaque personnage.
Globalement, le jeu est assez facile, avec quelques pics de difficulté notamment au moment des boss, et donc potentiellement un peu de grind nécessaire, mais relativement peu, ce qui est plutôt appréciable. La plupart du temps, vous n'aurez qu'un seul soigneur dans votre équipe, aussi les items sont primordiaux pour pallier à un soigneur déficient ou lui redonner des MP.
Il n'y a pas de quêtes secondaires, mais quelques coffres cachés ça et là. Globalement, la progression est très linéaire, on a rarement besoin de chercher quoi faire ensuite pour peu que l'on prenne la peine de bien lire les dialogues et de suivre l'histoire, même si je déconseille de faire une pause à certains moment du jeu, vous risquez de ne plus savoir où aller ensuite en rallument la console quelques jours après (il n'y a pas de résumé de l'histoire ou de rappel des conversations précédentes).
Le ton du jeu est souvent humoristique, avec des personnages qui ont des caractères bien trempés (et bien stéréotypés aussi), et même pas mal de sous-entendus de nature sexuelle tout au long de la partie.

La technique / le remaster
Le jeu a donc choisi de conserver en très grande partie l'aspect du jeu original, comme je l'ai montré plus haut. La carte de la 2D old school a clairement été privilégiée, et c'est vraiment appréciable car même si le jeu ne fait pas partie des plus beaux jeux 2D de son époque, il demeure tout de même très joli, coloré, et les graphismes, de façon générale, collent parfaitement à l'ambiance et conservent un charme certain.
Les scènes animées sont superbes, et rappellent très fortement les standards de l'animation japonaise des années 1980, avec les nez en triangle et les corps filiformes.
Enfin, les apports du remaster, en terme de gameplay, sont peux nombreux mais très appréciables : d'une part, la possibilité de gérer son inventaire de façon globale plutôt qu'individuelle apporte grandement en terme d'ergonomie (coucou Suikoden qui n'a pas été capable de faire la même chose). Ensuite, le mode "IA" lors des combats a été revu pour améliorer un peu les décisions prises de manière automatique et rendre ce mode plus efficace. Enfin, la possibilité d'accélérer les combats a été introduite.
Et voilà, c'est tout.
Toutes ces améliorations font que la durée de vie a été considérablement réduite, passant de un peu plus de 30h pour l'original à un peu plus de 20h pour ce remaster.
A noter que les versions originales sont également incluses dans le jeu, et les sauvegardes compatibles entre versions : ainsi, vous pouvez commencer votre partie en mode remaster, la poursuivre en mode original, et revenir en mode remaster plus tard... et la cerise sur le gâteau : la gestion partagée de l'inventaire peut être activée dans le mode original !

Le ressenti
Le ressenti est très positif ! Le remaster est léger mais permet de conserver ce rendu et ce charme d'époque, tout en améliorant l'ergonomie et en proposant des séquences animées HD de qualité.
Malgré le classicisme et l'absence presque totale de prise de risques de GameArts qui propose ici un J-RPG qui n'innove jamais, on a affaire à un jeu propre, nette, prenant, bien réalisé et agréable à parcourir.
Le verdict
Au contraire de Suikoden qui est un portage tout juste correct d'un très bon RPG novateur, Lunar est un très bon portage d'un RPG classique et qui manque de surprise. Et bien... j'ai préféré Lunar ! J'ai trouvé le jeu beaucoup plus agréable et ergonomique, le remaster beaucoup mieux adapté, c'est donc quasiment un sans faute pour moi : les défauts de ce remaster ne sont, à mes yeux, que les défauts inhérents au matériau d'origine : trop de classicisme, pas assez de surprises, un scénario assez convenu, un gameplay pas bien passionnant, mais une réadaptation réalisée de fort belle manière.
Note finale
8/10