Theme Hospital (PC, 1997)

Relation avec le jeu précédent, et pourquoi je n’ai pas persévéré
Déjà très fan de Theme Park, j’en attendais une suite avec pas mal d’impatience. J’espérais un jeu plus beau, un peu plus facile d’accès, et surtout plein à craquer de super attractions complètement folles ! Quand j’ai appris que cette suite ne se déroulerait plus dans une foire exaltée, mais dans un hôpital tout moisi, mon enthousiasme a pris la poudre d’escampette en trois secondes, et j’ai reporté mon attention ailleurs. Pourtant, alors que personne d’autre ou presque parmi mes potes n’avait touché à Theme Park, un nombre conséquent d’entre eux a jeté son dévolu sur Theme Hospital. J’aurais dû me douter qu’il y avait une raison à cela, mais j’ai campé sur mes positions réactionnaires, jusqu’à ce qu’on retrouve un sujet de conversation commun par la suite (L’Odyssée et l’Exode d’Abe, notamment). Avec le recul, bien sûr que j’aurais dû écouter mes amis. Je n’ai jamais assez écouté mes amis, je le reconnais maintenant. Trop tard, beaucoup trop tard, snife.

Améliorations et nouveautés ?
Si Theme Park pouvait faire sourire parfois, avec ses clients qui gerbent à cause des frites dégueulassees, les attractions qui explosent, les employés sous payés qui n’en ont cure, les mascottes ridicules qui dansent jusqu’à l’épuisement, espérant que quelqu’un leur fasse un petit coucou… Dans Theme Hospital, on se marre toutes les trente secondes ! Je crois que les développeurs ont compris que s’ils voulaient vendre un jeu de gestion d’hosto, il fallait se lâcher un peu sur la rigolade. Ainsi, on devient patron d’un établissement totalement lunaire, dans lequel se passent les choses les plus étranges du monde. Quelle bonne idée d’avoir inventé des maladies, plutôt que demander au joueur de soigner des gens atteints de cancer ou de septicémie avancée. On s’éclate à dégonfler des têtes énormes, rendre aux gens invisibles leur apparence bien concrète, ou faire en sorte qu’une forêt de poils ne leur pousse plus sur le nez (certains individus auraient bien besoin de ce traitement dans la vraie vie, par ailleurs). Les effets sonores ajoutent une touche de subtilité à l’ensemble, surtout lorsque l’on survole des toilettes remplies de personnes indisposées. Les annonces des réceptionnistes, à base de “les patients sont priés de ne pas mourir dans les couloirs”, ont la capacité de faire apparaître des risettes chez les plus grincheux d’entre nous.

Bon, par bonheur, Theme Hospital a autre chose à proposer que son typique humour anglais. On y retrouve la recette de Theme Park revisitée pour convenir à toute clinique qui se respecte. On doit recruter du staff, mais pas trop. Il faut non seulement bâtir les différentes salles de diagnostic et de traitement, mais aussi penser à tous les détails qui rendront votre bâtiment un peu moins déprimant (en y installant des chaises, des plantes, ou des distributeurs de KitKat). Quand on fait face à une maladie encore inconnue, les médecins doivent rechercher la solution au plus vite. Les hommes de ménage peuvent se spécialiser dans l’arrosage des plantes ou la maintenance de l’équipement, entre autres ; à nous de choisir ! Le joueur doit veiller autant au bien-être des malades qu’à celui de ses employés, en maintenant une température supportable dans tout l’établissement, en proposant des salaires un minimum respectueux de la dignité humaine, ou en permettant aux gens de se reposer (via des salles remplies de jeux d’arcade ou de tables de billard, ce qui n’est déjà pas si mal pour un hosto). Les quelques nouveautés de gameplay que j’ai pu déceler m’ont paru bien agréables, comme le personnel qui progresse avec le temps, et gagne en compétences. Ah merci ! De la progression ! Encore, encore !

On gère notre budget comme on peut, en jetant des regards apeurés toutes les dix secondes sur nos fonds disponibles, tandis que notre conseiller virtuel (sorte d’ange-gardien défaitiste et un poil sadique) nous abreuve de commentaires passifs-agressifs. On craint l’arrivée d’un inspecteur en pleine épidémie qui pourrait ruiner notre réputation. On transpire à la vue d’une petite saleté sur le sol, qui pourrait mener à une invasion de rats (réputation ruinée également). On tremble à l’idée qu’une machine ultra sophistiquée explose en pleine analyse de patient, réduisant en poussière l’intéressé, trois infirmières et deux médecins… j’en passe et des plus stressantes encore. Bah ouais, à force de ricaner devant les situations absurdes qui se déroulent sous nos yeux, on en oublie de manager l’hôpital. Trois secondes d’inattention suffisent à tout faire dérailler.

Comparaison entre les bandes-son
Tout comme Theme Park, la musique ne prétend pas s’ériger en point fort du jeu (je l’espère que Russell Shaw en tout cas), mais ça m’a quand même moins irrité que dans le susnommé. On se rapproche plus de la playlist d’ambiance défilant tranquille, que des morceaux qui se déclenchent en fonction de l’endroit qu’on survole à l’écran. Rien que ça constitue une sacrée amélioration de la bande-son. Allez, on tombe quand même sur quelques compositions qui donnent envie de jouer de la seringue et de nager dans une piscine de pilules. Dans le sens positif du terme, bien sûr.
Theme Hospital - Steady Pulse
Conclusion sans suite
Ah ouais, là je m’en rends compte. J’aurais adoré raconter mes aventures médicales à mes amis pendant la récré au collège. “Et toi, alors ? T’as réussi à soigner cinquante patients à grosses chevilles ?”, “Purée, j’ai recruté un docteur qui a tué plus de malades qu’il en a soigné ! Abusé.”, “Comment t’as passé la mission 14, toi ? Moi j’arrive pas à nettoyer les toilettes pendant l’épidémie de diarrhée.” Des dialogues qui paraissent insipides aujourd’hui, mais qui revêtaient la plus haute importance à l’époque. Et au moins, ça m’aurait permis de caser que je connaissais Theme Park aussi, et que c’était ultra classe, et que ça, personne ne l’aurait su sans moi, et que… bon, tout le monde s’en foutait, tant pis. Qu’à cela ne tienne, j’allais bientôt reprendre le dessus sur ma culture Bullfrog en tombant sous le charme démoniaque de Dungeon Keeper, qui part certains aspects rappelait la gestion de patients en mauvaise santé (vous avez vu la tronche des Démons Bilieux et des Trolls, franchement ?). Bref, avec Theme Hospital, j’ai manqué une occasion de me la raconter sur mes performances vidéoludiques, pourtant pas folichonnes. J’imagine que mes potes ont pu souffler un peu.
