Les jeux avec balise [SECONDE CHANCE] sont des jeux rétros auxquels j'ai joué gamin, mais que j'ai lâché trop vite pour me faire un vrai avis. Alors j'y retourne un peu pour voir ^^
Sneaky Snakes (Game Boy, 1991)
La découverte, la passion éphémère et l’oubli prématuré.
J’adorais la Game Boy, mais elle appartenait à ma grande-sœur, qui n’habitait pas en permanence chez moi (son père est mon beau-père, sa mère est ma tante, pas besoin d’entrer dans les détails, mais l’arbre généalogique familial possède quelques branches sacrément tordues). Je n’y avais donc pas accès tout le temps, sans aucun pouvoir décisionnaire sur les jeux que je trouvais dessus. Une sorte de double aura entourait cette console ; à la fois plaisir à durée limitée, et joie des potentielles nouveautés que j’allais y découvrir. Sneaky Snakes a fait partie de ces jolies surprises apparues du jour au lendemain entre mes mains. L’une des premières, je pense, après Tetris et Super Mario Land 1. J’ai beaucoup aimé incarner ses petits serpents affamés, au point que même après l’arrivée de
Super Mario Land 2, j’y replongeais souvent (bon OK, surtout quand je me retrouvais bloqué dans SML2). Je n’ai vraiment lâché qu’à l’arrivée de
Link’s Awakening, et encore, là aussi je finissais bloqué, alors. Disons un combo de ça saupoudré de Game Gear, et du fait que dans Sneaky Snakes non plus, je n’arrivais plus à progresser à partir d’un certain stade. Ouais, j’étais mauvais partout, laissez-moi tranquille.

Réappropriation du jeu
De ce jeu, je ne me rappelle que quelques bribes. Le plateformer à scrolling horizontal, le serpent qui grandit en mangeant des trucs… et l’énorme stress lié à la hache volante qui nous tranche en mille si on met trop de temps à finir le niveau ! Ce dont je me souviens en relisant quelques textes en ligne, la balance située juste avant la porte de sortie, qui sert à peser notre avatar serpentin. S’il a mangé assez de bestioles et qu’il atteint le poids désiré, la porte s’ouvre. Sinon, on repart pour un tour, avec l’épée… enfin la hache de Damoclès qui plane au-dessus de notre petite tête écailleuse. Ce que je ne connaissais absolument pas et que j’ai appris dernièrement, Sneaky Snakes est la suite de Snake Rattle N Roll, au concept très similaire mais réalisé en 3D. Ouais, une suite qui passe à la 2D, et pas l’inverse. Quoique, sur Mega Drive, Snake Rattle N Roll a vu le jour en 1993, donc nombre de joueurs ont peut-être vécu une transition de la 2D vers la 3D quand même. Rien de moins que le studio Rare a assuré le développement de ce titre (Donkey Kong Country, Battletoads, Goldeneye, ça parle à quelqu’un ?) et ça explique peut-être pourquoi je le trouve aussi bien foutu.

Bien foutu, autant au niveau des graphismes que des contrôles. Franchement, je le trouvais super beau, largement plus que Super Mario Land (OK, de deux ans plus âgé), mais ça n’a pas à rougir de
Super Mario Land 2, Duck Tales ou des Looney Tunes. Et puis, la fluidité du truc, quoi. Ça se prend en main tout seul, les serpents réagissent archi bien. Je n’ai pas le souvenir de souci de hitbox un peu crade ou de latence au niveau des contrôles. Bouffer des bestioles (ça commence par des poissons, mais ça évolue vite vers des des gouttes qui coulent d’un plafond de grotte, des graines sauteuses, ou le corps d’autres serpents, entre autres bizarreries) pour gagner une nouvelle section de queue (ouais, je ne vois pas comment le dire autrement, désolé) nous refile un sentiment sacrément grisant. Surtout avec cette animation de claquage de bec, le son trop ASMR qui va avec, et les petits bouts de bouffe qui tombent. Ouahah, le genre de détail insignifiant qui rend un jeu extrêmement attachant. Tiens, il paraît qu’il existe seize stages. Bah purée, j’étais pas près d’arriver au bout ! Je crois que je n’ai pas dépassé le cinq ou sixième niveau. On traverse donc des montagnes, des cavernes, des tunnels inondés (le classique stage sous l’eau), des forêts, puis encore des cavernes, on longe des sortes de cascades… ouais bon, on a vite fait le tour, non ? C’est le reproche que je vois le plus souvent sur ce jeu. On finit par s’emmerder un peu à la longue.

Quoique… je trouve que le level design se renouvelle pas mal, en fin de compte. On nous distille quelques bonus entre lesquels jongler, notamment un qui nous permet de voler en se gonflant comme un ballon d’hélium. Le nombre de machins à croquer pour passer au niveau suivant augmente tout du long, intensifiant le challenge. On découvre des warps dans tous les sens, sous les espèces de plaques d’égouts qu’on trouve partout (en tout cas j’appelais ça des plaques d’égouts), et qu’on retourne d’un mouvement de tête (physiquement impossible, je sais). On débloque ainsi raccourcis, stages bonus… Et attendez de voir la tronche du boss final avant de dire que vous vous ennuyez ! Ça va vous faire revoir votre copie direct. Parce que je n’ai jamais vu de poulet aussi flippant de ma vie. Un poulet / fantôme / squelette géant qui crache des boules hérissées de pics, forcément. Il porte un bob aussi, l’accessoire ultime qui achève de rendre terrifiant ce volatile de malheur. Et une fois vaincu, notre serpent préféré peut sauver sa meuf, bien sûr. Quelqu’un avait-il d’autres problèmes que de sauver sa meuf, dans les jeux vidéo du début des nineties ? Je ne crois pas.

Nouvelle plongée dans l’OST
Nous devons la musique à un certain David Wise, qui en tant qu’employé chez Rare, a signé les compositions de Donkey Kong Country, Battletoads et Super Smash Bros. Melee. Autrement dit, il doit avoir son lot de fans, quand même. Dans le cas de Sneaky Snakes, j’aimais beaucoup le groove de l’écran d’accueil et des deux premiers niveaux. Ça donne la pêche, on a envie de mettre des lunettes de soleil et de se la raconter dans la rue. Mais gentiment. Le reste des musiques, soit je ne m’en souviens pas, soit je ne les ai jamais entendues. Et franchement, il faut croire que le destin a joué en ma faveur en m’empêchant de trop progresser dans le jeu, parce que ça ne casse pas trois crochets à un serpent (oui je de mots très mauvais, tant pis). Ça me fait penser à Dynamite Düx, dans le genre, et pas pour le meilleur, du coup. En me rematant un longplay, j’ai fait une overdose de chiptune mignonne et crâneuse à la fois. Et si au début, ça va, je trouve que ça ne correspond pas trop au délire d’un serpent qui parcourt le monde et brave mille dangers. Aussi mignon soit-il, sans manquer de respect à personne, blablabla. Heureusement que je n’ai pas trop ingurgité de cette tambouille durant l’enfance, ça aurait causé de sacrés dommages à mon cerveau.
Sneaky Snakes - Title Screen
Regrets ou pas ?
Au risque de me répéter un peu… non ça va ! Je garde mon expérience de gosse et ça me suffit. Si j’avais des regrets à avoir, ce serait plutôt au niveau de la Game Boy en elle-même. J’aurais tellement aimé l’avoir à disposition plus souvent, tester plus de jeux dessus, ou carrément en posséder une à moi, tiens ! J’aurais connu Kid Icarus, Kirby’s Dream Land, Gargoyle’s Quest, un Mega Man par-ci par-là et Wario Land ! J’aurais ensuite suivi l’évolution logique en acquérant une Game Boy Advance, une DS, puis une 3DS et enfin une Switch ! J’aurais vécu une expérience totalement différente, privée de Game Gear, de son
Mortal Kombat,
Slider et
Sonic Triple Trouble, mais tellement cool quand même ! Aurais-je même acheté un PC ? Purée, je n’ose pas imaginer une vie sans
Dungeon Keeper,
Age of Empires ou même
War Wind, soyons fous ! D’un autre côté, ne jamais avoir eu le cerveau cramé par
League of Legends, ça donne envie de savoir voyager dans des univers parallèles. Une timeline où j’aurais juré allégeance à Nintendo depuis mes quatre ans, une autre où j’aurais adulé Sega jusqu’au bout, même une où j’aurais eu une 3DO, pourquoi pas ? Bon là, mes parents auraient dû changer de boulot des années avant. Une sorte de Sliders (la série cette fois, pas le jeu GG) focus sur les jeux vidéo. Appelez-moi Jerry O’Connell tout de suite !
