[SECONDE CHANCE] Shadow of the Horned Rat
Publié : 30 juil. 2024 09:40
Les jeux avec balise [SECONDE CHANCE] sont des jeux rétros auxquels j'ai joué gamin, mais que j'ai lâché trop vite pour me faire un vrai avis. Alors j'y retourne un peu pour voir ^^

Warhammer : Shadow of the Horned Rat (Windows, 1995)

La découverte, la passion éphémère et l’oubli prématuré.
Quand mon meilleur pote m’a montré ce jeu, je ne connaissais de la franchise Warhammer Fantasy Battle que les quelques figurines exposées en vitrine d’un magasin au Havre. J’en achetais une de temps en temps, sans même savoir qu’elles faisaient partie d’un univers bien plus vaste, avec pour tronc commun le célèbre jeu de plateau. Même privé de ce contexte, j’ai trouvé SotHR complètement dingue ! Et ce en le découvrant pourtant assez tard, je crois en 1997 ou pas loin. Il en a occupé, des journées ! Nous faisant même oublier Heroes of Might and Magic II ou Age of Empires pendant un temps. Après, on l’a trouvé super difficile, punitif au point qu’on a lâché l’affaire sans pouvoir le terminer. On a eu beau essayer un paquet de fois, rien à faire. Ce jeu nous mettait une rouste à chaque tentative.

Réappropriation du jeu
Comment je qualifierais ce titre, déjà ? Un peu RTS, un peu Wargame, Tactical en temps réel, saupoudré d’une bonne dose de cruauté envers le joueur. En gros, on suit les aventures d’une troupe de mercenaires humains appartenant à la grande nation de l’Empire (Reikland pour les initiés) qui rêve de gloire et de missions mieux rémunérées, histoire de boire de meilleures binouzes. Ça tombe bien, ça va bientôt virer au chaos total dans le coin (et non, pas à cause d'un démon du Chaos, dommage). Le très vilain Thanquol (célébrissime là aussi pour les initiés), puissant prêtre Skaven (des hommes rats aussi ambitieux qu'autodestructeurs, pour les non initiés), monte en effet un plan très machiavélique pour conquérir la région des Border Princes (à vérifier, mais je crois bien). La trame s'épaissit au fil de l'aventure, mettant en scène Humains et Skavens, mais aussi Orcs, Gobelins (pas besoin d’expliquer ici j'espère), Nains et Elfes dans des affrontements de plus en plus épiques. Du moins en théorie, quand on arrive à ne pas crever. L'enchaînement baston, blabla de l'histoire, préparation pour la nouvelle baston se fait à merveille, selon les standards de l'époque en tout cas.

Du coup, parlons de ce qui nous intéresse le plus ici : la bagarre ! D'abord, on choisit les troupes que l'on embarque, à savoir autant que l'on veut, tant qu'on a de quoi les payer (spoiler : on n'a jamais assez de fric pour embarquer tout le monde, évidemment, et ça m'a rendu fou). On place tous ces beaux bourrins dans une zone définie du champ de bataille en pseudo vue de dessus, et on crie “action”. Ça part alors en fight en temps réel, exactement comme dans Total War : Warhammer, juste en plus basique (et moins buggé). Comme dans un RTS, on sélectionne nos troupes et on clique sur les ennemis qu'on veut molester. Ça n'avance pas bien vite, et c'est très moche, dans des décors vraiment pas oufs ; mais c'est fluide, fonctionnel et plutôt compréhensible. Pourtant, on flirte assez souvent avec les limites du bordel incontrôlable, mais sans tomber dedans pour de vrai. Petit tour de force quand on doit gérer quinze régiments distincts, partis chacun dans une direction différente, dont la moitié a plongé droit dans une embuscade, tandis que d'autres ont fait fuir leurs ennemis, mais restent comme des glands sans bouger, à encaisser des volées de flèches ennemies.

Et si ces sessions me prenaient tant aux tripes, elles le doivent à ce qui suit : les récompenses ! De l'or, des points d'expérience améliorant nos unités, mais aussi des objets magiques à refiler à nos régiments, et de nouvelles troupes à débloquer ! Ou encore plus cool, des héros, des mages et des machines de guerre. Et si on a perdu quelques gars lors de l'escarmouche précédente, on nous offre même la possibilité de recruter des renforts pour renflouer les rangs. Trop excellent ! Sauf que, de là vient une bonne partie de la difficulté du jeu. Si on commence à perdre trop d’unités, on ne peut pas récupérer l'escouade au complet. On commence alors la mission suivante avec des troupes en sous-nombre, et ça devient de plus en plus dur. Ne reste plus qu'à relancer une vieille sauvegarde et espérer une RNG plus clémente avec nos soldats. Parce que oui, le calcul des dégâts fonctionne comme les lancers de dés du jeu de plateau. En théorie, un seul petit gobelin de daube peut ainsi vaincre une légion entière de chevaliers vétérans et suréquipés. Si vraiment il a une chance de malade, d'accord, mais la loi des nombres, tout ça... Je n’ai jamais compris comment fonctionnait ce système de recrutement. Parfois on peut recruter trois soldats ou plus, parfois aucun, alors qu’on a largement la place dans le régiment, qu'on a l'argent nécessaire et qu'on vient de remporter une victoire éclatante. Peut-être l’aléatoire vient-il mettre son nez dedans là-aussi. Et bah qu'il dégage. Trop d'aléatoire tue le bonheur.

Au moins, on s'attache à chacun de nos petits guerriers, ça change de presque n'importe quel RTS (sauf War Wind, qui avait lui aussi compris comment s’y prendre, euh… à peu près). Mais vous savez à quoi on s'attache, aussi ? À tout le reste, en fait. Les briefings des missions tout bonnement mythiques, par exemple. On assiste à des conversations entre portraits de gens qui se parlent avec une carte du monde en fond, et leur texte qui s'affiche en police Times New Roman, soit blanche, soit bleu cyan, soit rose fushia. Très Medieval Fantasy, vraiment. Et le reste du temps, on le passe dans le cabinet de notre conseiller, un genre de vieux crouton cinq fois plus moche que Rusard dans Harry Potter, qui nous fixe du regard le plus méprisant jamais vu de ma vie (sauf de la part de mon beau-père, OK, mais il est hors-concours, lui). Par contre, son doubleur n'avait pas plus de vingt ans, obligé. Ça rend le contraste hilarant. En plus, dans ce fameux cabinet, on trouve des ouvrages sur le sacro-saint lore de Warhammer ! Un bouquin pour le bestiaire (les gentils et les méchants), un autre pour les artefacts et les sortilèges. Ça fait trop plaisir de lire ces textes accompagnés de magnifiques illustrations old school comme il y en avait dans les livres de règles et le magazine White Dwarf à la même époque. Évidemment je n’en lisais pas une ligne. Je voulais enchaîner les missions toujours plus vite ; ça m'aurait peut-être servi à moins me faire éclater de potasser un peu, tiens.

Nouvelle plongée dans l’OST
Globalement, je ne trouve pas la musique bien ouf dans ce jeu. Pourtant, on parle de James Hannigan aux commandes, un gars qui a sur son CV des jeux comme Red Alert 3, Dead Space 3 et quelques épisodes de Harry Potter. Ça fait le job, mais rien qui ne me refile l'envie de dépenser mille euros pour trois figurines en métal que je ne peindrai jamais. Quoique me replonger dans cette B.O. aujourd'hui donne une toute autre saveur. Oui allez, d'accord, j'aime bien quand même. À petite dose, cela dit. Surtout en ce qui concerne les thèmes des combats. Parce que ces combats peuvent durer très très longtemps. Notamment quand il reste une pauvre unité bidon à flinguer pour accomplir la mission, mais qu'elle se planque à l'autre bout de la map. Après, ça correspond tout à fait à l'idée que je me faisais de la musique que j'entendrais si l'empereur m'avait enrôlé de force pour devenir un arbalétrier de base. Compliment envers le compositeur ou pas ? Je vous laisse décider. Cela dit, il y a un compartiment où Shadow of the Horned Rat déboîte tout : les bruitages ! Les voix des orcs et skavens en particulier. Je les trouve juste mythiques. Faites vous charger par un régiment de guerriers des clans, tandis que vous faites fuir des big uns, il faut l'entendre pour le croire. Et là c'est un compliment (quoique). Mais je ne vais pas partager un simple FX sonore ici, plutôt le morceau que j’aime le plus dans cette OST particulière. Une petite douceur légère, qui accompagne le joueur lors de la préparation de sa mission… pour mieux lui faire croire qu’il va vivre une expérience amusante, alors que ce sera tout l’inverse !
Shadow of the Horned Rat - Tactical
Regrets ou pas ?
Hmm, j'hésite un peu. D'un côté, j'ai ultra envie de me refaire le scénar avec mes recrues de prédilection, que je chouchouterai pendant des dizaines d'heures ! Autant de ce que j'en ai vu sur les longplays, les renforts insuffisants vont sans doute plus me frustrer qu'autre chose. La difficulté aussi, je n'ai pas rêvé quand j'étais gosse, tout le monde dit pareil ! Personne n'arrive à finir le jeu sans abuser l'IA avec des archers et des canons. Perso, j'avais bloqué sur une mission dans laquelle un homme-arbre vient nous filer un coup de main. J'avais trouvé ça génialissime, surtout que ça coïncide avec ma découverte de la vraie figurine dans le magasin (le truc coûtait un bras et une jambe, je ne l’ai jamais acheté). Mais même ce renfort de choix ne m’a pas permis de gagner. J'avais atteint la moitié de la campagne, si j’ai bien compris les playthrough que j’ai regardés. J'imagine même pas la galère pour les combats suivants… Malgré tout, on arrive à la fin avec un panel impressionnant de troupes à embarquer. Je trouve le contenu vraiment dingue pour un “petit” jeu de cette époque. On ne peut jamais tout recruter, ce qui peut se voir comme un bon point pour la rejouabilité, ou juste de la torture sadique, selon les profils de joueurs. Bien sûr, ça n'arrive pas à la cheville de la myriade de trucs que propose le vrai jeu de plateau, voire même de ce qu'on nous met à disposition dans la suite de Shadow of the Horned Rat, à savoir Dark Omen (beaucoup plus connu je crois). Mais il y a déjà de quoi bien s'éclater là-dedans. Autant grâce au gameplay qu'à la tronche de nos effectifs. Les pauvres, ils auraient pu postuler chez Heroes II, tiens.
