Fallout (PC, 1997)
Pourquoi j’aurais dû y jouer
Voilà peut-être le jeu vidéo que j’ai le plus honte de ne jamais avoir touché. Et pourtant, il fallait le faire pour passer à côté d’une légende du calibre de Fallout. On le voyait partout dans les magazines, on en trouvait des démos sur n’importe quel CD-ROM promotionnel. Mon cousin, qui possédait tous les jeux vidéo du monde me l’a montré plusieurs fois, et pourtant, rien à faire. J’aimais beaucoup le regarder jouer, j’adorais en lire les critiques (du jeu, pas de mon cousin), et plusieurs potes à moi en parlaient constamment à la récré, mais je suis resté à le regarder de loin. Le contenu tellement gargantuesque, le monde post-apocalyptique haut en couleurs (enfin non, plutôt tout en gris et tons déprimants), l’aspect jeu de rôle ultra poussé, la vue isométrique, purée de plutonium ! Mais qu’est-ce qui m’a pris de le snober, celui-là ? À part une crise de stupidité profonde, je ne vois pas. J’en ai vécu un paquet durant la pré-adolescence, de ces phases incompréhensibles. Enfin, disons qu’elles ont commencé à cette époque, pour ne jamais réellement se calmer. Quoique, je crois savoir pourquoi l'une d'entre elles s'est déclenchée à ce moment-là. J’ai eu peur de me perdre dans l’univers de Fallout, et de tellement y adhérer que je ne voudrais plus rien avoir à faire avec le monde réel. J'ai eu raison de me contenir, pas vrai ? Au final, d'autres jeux auront provoqué cette inévitable chute dans ce vortex quasi addictif qui me pendait au nez, mais j'ai au moins réussi à le vaincre une fois. Youhou ! Si j'avais ou succomber à Fallout pour résister à… League of Legends, PAR EXEMPLE ! Ça m'aurait sans doute arrangé.
Retour sur Expérience Fantasmée
Fallout reste le premier RPG que j'aie vu à s’intégrer dans un univers post-apocalyptique, genre jusqu’alors plutôt réservé à la fantasy. Et globalement, ça ne change pas grand-chose, mis à part l’impression de jouer à un jeu tout à fait différent ; oui donc ça change quand même quelques trucs. Mais en fin de compte, on se spécialise dans les armes énergétiques au lieu d’apprendre ce sempiternel sortilège de boule de feu. On gagne de l’expérience en butant des idiots irradiés au lieu de zombies abrutis. On se réfugie dans des abris anti-atomiques au lieu de se planquer dans des châteaux forts. Aucun rapport, hein ? Bon, en vrai, la création de notre personnage mérite un peu mieux que ce genre d’analogie de vieux magazine, mais ça me permet de détourner l’attention de ma connaissance trop superficielle du sujet. Bah ouais, je n'ai toujours pas joué au jeu, et les souvenirs commencent à se faire aussi vieux que la demi-vie de l'uranium. Retenons juste la classe ultime qui se dégage de tout ça, voilà. Sans déconner, on parle de Perks, de Traits, de Karma, de maîtrise hyper poussée de plein de trucs, allant du maniement de petits flingues au lancer d’objets, en passant par le baratinage des gens et la fabrication de pièges. Ne me demandez pas à quoi servent tous ces attributs, contentez-vous comme moi de vous convaincre que ça déboîte. Et niveau rejouabilité, on a de quoi s’occuper. Enfin je crois.
Mais à part se battre, qu’est-ce qu’on peut faire dans Fallout ? Explorer, fouiner un peu partout, du petit tiroir de chaque meuble de chaque maison de chaque village, au corps décomposé d’un ancien aventurier moins chanceux que nous. Discuter avec les personnages pendant des heures ; souvent pour obtenir des infos capitales sur la suite de l’histoire, mais tout aussi souvent juste pour bavarder et les entendre raconter n’importe quoi. Le voice acting sonne à la perfection, d’ailleurs. Vous ai-je précisé que Ron Perlman faisait la voix-off du générique d’intro ? Non ? Bah la perfection, voilà. En tout cas, sa tessiture de gros fumeur colle parfaitement à la narration d'un univers ravagé par une guerre nucléaire. Compliment pas ouf ? Compliment quand même, allez. Bref, si on apprécie les mondanités avec les badauds du coin, les regarder sans grimacer relève déjà plus du haut-fait exceptionnel. Leurs portraits animés quand ils parlent… seigneur de toutes les horreurs en sauce, on dirait des cyborgs défectueux mélangés à des mannequins possédés. En 1997, on ne se rendait pas compte de tout ça, ça faisait partie de la norme. Et là, ça colle bien avec la déprime générale qui tient tout le monde par la gorge. Existe-t-il encore d'autres activités disponibles dans Fallout ? Ah oui, sûrement ! En tout cas je suppose qu’elles existent, et qu’elles apportent leur cachet supplémentaire à un jeu vidéo qui en avait déjà des tonnes à revendre.
Et sinon, trop mortelle, non ? Pardon, je parle de l'ambiance. Des gens désabusés de partout, des villes en ruine, des paysages cramés et saturés d’ondes radioactives… on sent bien que la catastrophe nucléaire a mis un certain bazar sur la planète. Qui l’eut cru, hein ? Ce genre de concept existait déjà bien avant les nineties, mais Fallout l’a tellement bien retranscrit… j'ai préféré croire qu'on tenait là l’œuvre fondatrice du style post-apocalyptique. D'ailleurs, je n'ai pas changé d'avis. La DA nous ravit de ses couleurs passées, ternes et polluées, les effets sonores subliment la détresse, la vétusté du matériel mal bricolé et la férocité des bestioles anthropophages. Tout s’imbrique mieux que des LEGO, et en plus on se marre souvent ! Ouais, les commentaires cyniques de l’avatar du joueur font mouche presque à chaque fois. Il aime bien critiquer tout ce qu’il voit, le gars ; y compris un tas de cailloux, ou la tronche d’un truand édenté se tenant juste devant lui. J'aurais fait pareil à sa place, en prenant bien soin de ne pas me faire remarquer, cela dit.
Ça fonctionne, quoi. Le système de combat “à moitié au tour par tour mais pas tout à fait” se digère bien mieux que dans les premiers Baldur’s Gate, par exemple. Ouais, j'aime pas le système de combat des vieux Baldur’s Gate. Non, vous ne saurez jamais où j'habite. On peut recruter des compagnons d’aventure qui nous filent un sacré coup de main, surtout lorsqu’il s’agit de massacrer un village entier de mutants pas gentils du tout. On nous impose de réfléchir juste ce qu’il faut pour progresser dans l’aventure. Rien n’est servi sur un plateau avec l’explication pas-à-pas, et rien ne relève de l’exploit herculéen pour réussir une mission non plus. Le challenge se révèle super bien dosé, le système de loot d’objets aussi. On récupère des machins logiques par rapport à ce qu'on tue, pas comme dans Diablo II où un moustique tropical peut à tout moment nous offrir une armure lourde légendaire de deux cents kilos. On se surprend à jubiler quand on déniche un briquet planqué sous une pile de vêtements infectés, au fin fond d’une galerie d'égouts désaffectés, et ce même si on ne sait pas encore pourquoi on va en avoir besoin. Eh, j’ai déjà prévenu qu’il y avait trop de contenu à lister. Donc je ne vois pas pourquoi je continue de faire semblant de m'y connaître. De toute façon, je n’ai regardé que trois heures d’une vidéo qui en faisait neuf, je n’ai lu aucun test, ni même réfléchi à un quelconque moyen de me procurer le jeu pour le tester moi-même. Alors je répète que ça envoie du pâté au polonium enrichi comme aucun autre jeu du même style, mis à part ses suites, peut-être. Et encore, ça reste discutable, car il me semble que certains opus qui ont suivi se sont méchamment fait incendier par les fans (à moins que ce ne soit l’inverse, je ne sais plus trop). Bref, si quelqu’un veut en faire un retour plus détaillé, je le lirai avec plaisir. Mais moi, j’arrête là.
Un mot sur l’OST jamais écoutée
Mark Morgan. C'est le nom de la personne qui a écrit la musique du jeu. Il n’a pas taffé sur grand chose à part la franchise Fallout, d’ailleurs. Je ne comprends pas bien pourquoi, vu la puissance que dégagent ses morceaux. Des morceaux d’ambiance plutôt que des compositions classiques, et de facture ultra immersive s’il vous plaît. Après avoir vu un peu de gameplay, en plongeant dans cet univers tout crasseux, je trouve qu’il ne pouvait pas exister meilleure idée que celle-ci. Tout ne sert qu’à magnifier ce que l’on voit à l’écran. Ça entre en résonance avec les bâtiments délabrés, les habitants décrépits, les menaces d’attaques de créatures difformes, ou la peur de crever, tout simplement. Parfois, un simple bruit de talkie-walkie, ou une sirène distante transmettent plus d’émotions qu’une mélodie complexe. Ça me rappelle la B.O. de Worms dans le même concept, mais avec une richesse instrumentale supplémentaire, un peu plus de nappes et de couches, des termes comme ça, quoi. Donc ouais, y a du mythique et de l’extraordinaire, là-dedans. On se surprend parfois à rester bloqué, les yeux rivés sur l’environnement de notre perso, mais sans rien regarder de précis. Seul un rictus angoissé nous déforme le visage, juste parce que la musique nous prend complètement aux tripes.
Fallout - Metallic Monks (Lost Hills)
Bilan pas du tout argumenté
Ah, mais comme je chiale, maintenant que je connais Fallout un peu mieux. Comme je vois à quel point j’ai jeté des dizaines d’heures de kiff pur à la poubelle… et comme je me rends compte la chance encore plus grande que j’ai eue de ne pas y avoir joué ! Comment aurais-je pu conserver un semblant de vie sociale avec une merveille électronique telle que celle-ci entre les mains ? J’aurais refusé les invitations aux anniversaires, aux goûters, aux boums, j’aurais arrêté le sport, les activités artistiques et les repas chez les grands-parents, juste pour m’abandonner à cet univers aussi anxiogène que passionnant. Ouais, j’aurais connu l’un des meilleurs jeux du monde, j’aurais esquissé des sourires malsains en passant à côté d’une centrale nucléaire en voiture, et j’aurais pu sortir à mes connaissances n’importe quelle référence humoristique dont Fallout regorge. Mais quelles connaissances, du coup ? Vu que je n’aurais plus jamais fichu un pied dehors de ma vie, hein ? Dire que j’aurais pu devenir pire que le gros geek immonde de South Park ! Après avoir si vaillamment lutté contre le pouvoir addictif des méchants jeux vidéo depuis mes quatre ans, l’un d’entre eux aurait enfin réussi à me faire basculer dans la part sombre du gaming. Je l’ai échappé belle, allons fêter ça en lançant une petite partie de League of Legends ! Puis deux, puis trois, puis passons un mois de galère à se faire insulter pour gagner 10 points de ligue en Silver 3. Youhou !
