Disclaimer : ce texte fait partie des
50 jeux les plus nostalgiques de mon enfance, et ne se considère pas comme test exhaustif du jeu en question. Il se focalise plutôt sur l’aspect marquant et les bons souvenirs liés à sa découverte quand j’étais gamin. Ce n’est donc pas un test à proprement parler, mais plutôt une virée nostalgique à ne pas trop prendre au sérieux.
Techno Maker (PC, 1995)

Techno Maker (écrit dans Windows), ou Musique Techno Studio (écrit sur le CD et la boîte), je n’ai jamais su comment ça s’appelait réellement, les développeurs non plus, d’ailleurs. Ce logiciel, donc, peu importe son nom, nous fait découvrir les joies du séquenceur pour créer de… bah de la Techno, quoi ! Pas vraiment un jeu, du coup, mais que j’ai considéré comme tel tant j’ai pris mon pied dessus. Ça fonctionne de manière super simple. On dispose de huit pistes et d’une bibliothèque de samples. On place ces derniers sur les pistes, comme de petits rectangles de longueur différente, et on appuie sur Play pour écouter ce que ça donne ! Et euh… ça donne des trucs très bizarres !
Parce que oui, ce CD-ROM sort en 1995. D’une, les logiciels à cette époque, ça tâtonnait encore pas mal ! Et de deux, la techno à cette date, elle n’avait pas encore bien grandi, ça restait un truc encore un peu underground et mal connu. Et puis, peut-être pour plaire à une majorité de clients potentiels (même si je n’ai jamais connu personne qui ait possédé ce CD à part moi), les sons choisis pour agrémenter la liste des samples brassent large. Certains ont vraiment très très mal vieilli, d’autres faisaient venaient déjà d’une autre planète. Et surtout, un paquet des ces trucs n’ont rien à fiche dans une banque de données de Techno !
Bon, passé le temps de chargement des fichiers (avec un lecteur double vitesse et 4 Mo de de RAM, ça prenait plusieurs minutes), on dispose d’une large gamme de percussions, caisses claires, charlestons, cymbales, grosses caisses et autres, ainsi que des choses plus synthétiques. Là dessus, rien à dire. Ça se complique assez vite quand on comprend avec quoi on doit jongler pour créer le reste du “bon son”. Des riffs de guitare atteinte de la grippe, une chanteuse issue de la pire émission d’Eurovision de l’Histoire, des effets de laser ultra beaufs que même Boris n'aurait pas mis dans sa “Soirée Disco”, des flûtes sous ecstasy et des voix trafiquées pour sonner comme des cloches surnaturelles… sans parler de tous les autres que je n’arrive même pas à définir par écrit.

Quand EN PLUS ! On se rend compte que tous les samples ne sont pas enregistrés tout à fait au même tempo, que certains ne bouclent pas parfaitement (donc qu’il faut en retirer des petits bouts ou ajouter des silences pour que ça s’enchaîne bien), on obtient du bon gros challenge de boss final pour pondre un truc audible. Ouais, comme dans un jeu vidéo. Moi, je mélangeais un peu tout ce bazar dans un mix bien foutraque, et je me disais : “J’ai jamais entendu de si belle symphonie de ma vie !” Forcément, j'avais créé MA musique (avec les sons d'autres gens, mais j'y croyais quand même). Après avoir embarqué quelques potes dans l’aventure, on se mettait vite à traficoter des morceaux de cinq ou six minutes, qu’on se repassait des dizaines de fois pour les peaufiner sans relâche. On en avait des frissons, comme en écoutant nos chansons préférées, ça nous donnait une énergie de dingue. On se prenait pour des DJ ultra célèbres et tout.
Un an ou deux plus tard, un disque additionnel a encombré les étagères de magasins, avec encore plus de samples à digérer ! Et quelle horreur, y en avait pas un qui pouvait se coller avec ceux du logiciel de base ! J'ai sauté sur cette extension dès que j’ai eu vent de son existence (en passant devant par hasard à Auchan, en vrai), mais elle foutait tellement le chaos dans mes créations classiques que je l’ai assez vite oubliée.
En tout, j’ai dû enregistrer une dizaine de titres. Je les gardais précieusement sur une disquette, sur laquelle j’avais écrit au marqueur rouge “NE PAS EFFACER”. Mon beau-père avait la fâcheuse tendance à enregistrer ses trucs par-dessus les miens sans savoir si ça pouvait me briser le cœur (quand il ne le faisait pas en toute conscience). Et ça valait aussi pour les films de cul qui apparaissaient sans prévenir sur nos VHS, alors qu’avec ma sœur, on croyait juste qu’on allait se mater un Disney. Et puis, le logiciel n’a plus fonctionné sur les versions plus récentes de Windows, et même si je possède toujours le CD-ROM aujourd’hui, je n’y ai plus touché depuis 2003 ou 2004. J’ai toujours accès aux samples, au moins. Je peux les écouter un par un dans le lecteur du PC pour m’envoyer des shots de nostalgie au visage.

Il n’empêche que grâce à Techno Maker, j’ai appris énormément de choses sur la manière dont on structure un morceau de musique électronique, aussi ridicule soit-il. Ce logiciel m’a donné un certain sens du rythme, et m’a fait comprendre quelles notes ou instruments se combinaient (ou plutôt lesquels ne se combinaient pas) en une jolie harmonie. Je pense que grâce à Techno Maker (ou plutôt à cause de), j’ai chopé des espèces de TOC, qui me font taper des rythmiques avec mes mains sur à peu près tout ce que je touche. Malaise à prévoir une fois sur trois si je me trouve en public.
Malgré tous ses défauts, Techno Maker m’a fait passer des tonnes de moments géniaux, seul, avec ma grande sœur ou mes potes. Et puis, il m’a rendu encore plus accro à la techno, au-delà du possible et de l’imaginable. Travail déjà bien entamé par
Wipeout. Merci pour la névrose, hein ! Pour vous donner une meilleure idée du délire, je vous partage l’un des fichiers démos présents sur le disque. Il faut une petite préparation mentale avant, quand même.
Techno Maker - DEMO
Il en existe cinq des comme ça, composés par les mecs qui ont bossé sur le logiciel, qui ont donc été payés pour (enfin j'imagine). Je vous laisse imaginer ce que des gamins néophytes comme moi pouvaient pondre, en comparaison. Même si en demandant à mon moi de l'époque, il répondrait qu’il savait faire beaucoup mieux. Aussi dingue que ça paraisse, j’ai pris un train de banlieue lors de vacances en Suède en 2022. Et bah à chaque arrêt, ça jouait un sample de Techno Maker. EXACTEMENT le même que les petites clochettes qu’on entend à 40 secondes dans la démo. J’ai voulu retrouver l’identité de la personne en charge de la conception des annonces de ce train pour lui faire un câlin, quitte à pourrir le séjour de ma petite famille. Rien de plus important que de parler de Techno Maker avec un inconnu, pas vrai ?