Castle of Illusion : Starring Mickey Mouse (Mega Drive, 1990 au Japon et 1991 en France)

Type de jeu
Dessin animé interactif plus épique que Fantasia, plus inter-dimensionnel que Dr. Strange, et encore plus magique qu’un spectacle de David Copperfield.

Premier contact
Bon là, j’avoue ne plus savoir si j’ai reçu ce jeu comme cadeau d’anniversaire, ou en conséquence d’un coup de tête altruiste de ma maman pendant une virée au supermarché. Tout ce dont je me souviens, c’est d’avoir adoré dès les premières secondes. Autant le personnage de Mickey me sortait par les yeux dans les bouquins comme Mickey Parade ou Super Picsou Géant, autant il a fait partie de mes héros vidéoludiques préférés. Et depuis, je dois admettre que je l’apprécie un peu plus, peu importe le média utilisé. Mais à petite dose quand même, hein.

Retour sur expérience
Quand j’avais pour projet de faire plein de cauchemars, je jouais à Ghouls'N Ghosts. Si je voulais passer une journée avec un sourire niais collé au visage, je me rabattais sur Castle of Illusion. Et puis je le trouvais un peu moins dur quand même, donc j’ai pu le terminer sans avoir à sortir l’émulateur vingt ans plus tard. Les mécaniques du plateformer simple et efficace répondent présentes, quoiqu’un peu classiques. Ici encore, il est question de porter secours à une femme kidnappée, une souris certes, mais en jupe et en talons, alors... Le trope de la jeune demoiselle en détresse se trouvait partout à cette époque, personne ne s’en offusquait. De toute façon, j’avais six ans, pas simple d'avoir d'autres aspirations à cet âge. Ce qui ne m'empêchait pas de courir après les filles dans la cour de l'école, au lieu de leur porter secours comme dans les jeux vidéo. Bon, à part râler, je peux parler un peu du gameplay : Mickey qui saute sur ses ennemis, qui leur lance des pommes, OK ça ressemble pas mal à Mario qui saute et qui tire des boules de feu. Mais au lieu de casser des briques et glisser dans des tuyaux, on s’accroche à des lianes, on dévale des pentes à toute vitesse, et on se promène même à l’envers sur le plafond parfois ! Ah oui, tout fâché qu’il est de devoir sauver sa meuf, Mickey massacre tout ce qu’il voit. Pauvres chauves-souris, papillons, armures animées ou avions téléguidés, ils n’avaient rien fait à personne. Allez, petite exception pour les clowns sur leur monocycle, eux je valide leur extermination. Ils me terrifiaient.

Flashback spécial ambiance
Comme dans beaucoup de titres du genre, les niveaux n’ont aucun lien entre eux. Au moins, ici on nous l’explique par le fait qu’on se balade dans un château magique, dont chaque porte renferme un monde à part entière. On traverse des décors aux thèmes forts et travaillés, de la forêt à la bibliothèque, en passant par le pays des jouets ou les ruines antiques. En plein âge d’or des jeux de plateforme, Castle of Illusion sort du lot en proposant une DA magnifique, puisant souvent son inspiration dans Fantasia ou d'autres créations de Disney. Enfin, c'est l'impression qui me reste après une session de jeu. Et je trouve l’intention très bonne ; chaque stage irradie de magie, nous émerveille et nous effraie à sa façon. On sent que ce jeu ne sert pas juste à la promo d’un dessin animé qui sort au ciné au même moment, mais que les développeurs y ont mis une vaie passion. Parce que Fantasia, ça avait déjà cinquante ans, hein. Un peu tard pour en faire la pub. Quoique, même dans le cadre d’une campagne de com, Disney savait nous régaler. Les adaptations d’Aladdin et du Roi Lion n’ont rien à envier à n’importe quel autre jeu vidéo. Même après avoir terminé Castle of Illusion vingt fois, j’y suis toujours revenu pour m'imprégner de l'atmosphère envoûtante et unique qui s’en dégage.

Réécoute de la bande-son
Certes, malgré leur efficacité, le gameplay et le level design n’avaient rien de révolutionnaire, mais la musique par contre… Quand j’étais gosse, j’aimais tout ce que je voyais et entendais - pour peu que j’avais affaire à un jeu vidéo - mais quand même. Ça dépasse le haut du panier d’assez loin. Shigenori Kamiya et Tokuhiko Uwabo, déjà bien implantés chez SEGA à l’époque (ils bosseront sur Quackshot ensemble par la suite), nous livrent une O.S.T. magnifique, jonglant avec maestria entre les mélodies guillerettes pour accompagner la forêt, les arrangements épiques pour la tempête, ou une atmosphère lugubre dans les dernières salles du château. Chaque compo accompagne son stage associé à la perfection comme si Disney avait imposé une condition : apporter le même soin à ces morceaux qu’aux chansons de leurs films. Et parmi ces titres hauts en couleurs, il en existe un qui surpasse encore le charme qui opère chez tous les autres. Un morceau qui me file toujours autant de frissons quand je l’écoute aujourd’hui. Comme quoi, Castle of Illusion pouvait autant faire peur que nous filer des étoiles dans les yeux.
Castle of Illusion - Ruins
Moment Nostalgie
Je me revois avec ma sœur dans notre chambre en journée, il fait beau (tout l’inverse de Ghouls'N Ghosts où je me trouve seul la nuit). On se dandine sur la musique du premier niveau dans la forêt, avant de stresser comme des malades sur celui du tunnel inondé. Ma mère passe devant la télé et voit qu’on s’amuse comme des petits fous. Elle doit se dire que les jeux vidéo ne vont jamais aller plus loin que transformer des champignons en poussière brillante avec les fesses de Mickey. Dès lors, elle ne regardera plus jamais vraiment ce qui tournera sur la Mega Drive. Heureusement, elle nous l’aurait confisquée fissa, sinon ! Parce des cartouches bien plus trash que celles-ci, on en a vu passer ! En tout cas, Castle of Illusion restera à jamais lié aux jours ensoleillés du début des nineties. Regarder les dessins animés devant la télé avec un bol de céréales, s’éclater dehors dans le parc avec mes Reebok Pump flambant neuves, jouer avec mes premiers GI Joe ou Monsters in my Pocket… rien que pour avoir incrusté ces souvenirs dans mon crâne jusqu’à la fin des temps, je peux remercier Castle of Illusion pour l’éternité.

Instant le plus stylé
Baver d’envie devant les sucreries trop appétissantes du monde entièrement composé de… sucreries ; manquer de mourir de peur quand le boss dragon surgit d’une mer de lait.
