Conditions de Test : jeu joué sur une version PS5 physique du jeu, achetée par mes soins. Ceci est une critique personnelle du jeu (oui car je n'aime pas le terme test pour une œuvre artistique) qui n'a en aucun cas vocation à essayer d'être objective ou de représenter une vérité absolue. Les propos n'engage qu'un ressenti personnel sur le titre.
Ou comment se lancer dans une critique impossible pour laquelle quelle que soit la conclusion, celle-ci ne pourra être que clivante. En effet, Square Enix se décide à faire un remake total en trois parties d'un jeu culte et qui constitue une pierre angulaire de l'Histoire du JV, ne serait ce que par le fait de populariser le JRPG en occident, d'être un jeu majeur d'une console ayant profondément modifié la structure du marché du JV qui à cette époque connaît une phase de transition énorme en basculant dans la 3D. Alors, il est de bon ton de préciser que bien que ayant apprécié le titre original, je n'en suis pas non plus le plus grand défenseur. Ce qui m'a amené à grandement me questionner sur le fait de devoir faire une critique de son remake et donc essayer de répondre à des questions impossibles. Final Fantasy 7 Remake (FF7R) est il un bon jeu, voir un grand jeu ? Arrive-t-il à rendre hommage à son illustre modèle en le modernisant sans pour autant le trahir ? Peut il convaincre les puristes du jeu original comme ceux découvrant ce titre culte ?
Le jeu démarre donc comme son modèle original avec cette magnifique cinématique d'introduction mais évidemment bien retravaillée. Donc concernant l'histoire, pour les survivalistes ayant zappé le jeu d'origine en s'enfermant pendant 25 ans dans une grotte pendant la première guerre d'Irak, nous repartons sur les mêmes bases. A savoir l'arrivée de Cloud Strife, un SOLDAT de la Shinra arrivant dans une gare près d'un réacteur Mako. accompagnée d'un groupe terroriste Avalanche qui l'a embauché en tant que mercenaire pour cette mission spéciale. Dès l'introduction du titre, la mise en scène permet de directement cibler divers enjeux qui jalonneront l’aventure : la dimension écologique du titre, des manigances politiques, un héros au passé trouble …
Hormis une fin un peu psychédélique et brumeuse, mais pouvant être prometteuse pour la suite, le jeu suit globalement la trame originale. Bien évidemment pour en faire un jeu de 40h sur une partie qui se faisait en 6/8 heures, les événements ont été rallongés et les environnements sont bien plus vastes. Certains nouveaux éléments ont pu être rajoutés pour prolonger tout ceci, même si on pourra regretter qu'ils ne sont pas toujours bien utiles. Mais il sera difficile de reprocher au titre de ne pas respecter le matériel d'origine, peut-être même certains pourront avoir une pointe de déception que le titre ne s'éloigne pas plus de la trame originelle. Partant de là, le cheminement ressemblera énormément au jeu d'origine et ceux connaissant le titre ne seront pas surpris par la narration globale. Mais peut être que cette fidélité permet aux développeurs de s’affranchir d'autres caractéristiques du titre.
Un petit point concernant les traditionnelles quêtes annexes. Si le jeu assume totalement son déroulé en couloir, il y aura quelques moments de répit où il sera possible de réaliser ces quêtes traditionnelles des JRPG. Un effort a été fait pour ne pas en surcharger et mettre un minimum de scénarisation de celles-ci. Rien de révolutionnaire mais c'est à saluer.
Si le déroulé de l'histoire est fidèle, il sera compliqué d'en dire autant du système combat, élément essentiel dans tout bon JRPG qui se respecte. Ne tournons pas autour du pot, Square Enix se cherche depuis le duo Final Fantasy X pour s'affranchir du système de tour par tour, en lorgnant vers le ARPG voir le jeu d'aventure/action (certes les frontières sont parfois minces pour différencier tout çà), et enfin trouve LA formule qui fonctionne. Ce système est une pure réussite. Il arrive à installer une grande composante action tout en laissant une place importante à l'aspect JRPG tour par tour en utilisant astucieusement les jauges ATB. Les personnages auront donc diverses attaques qui se lanceront directement (donc sans tour par tour) au choix du joueur, mais en même temps des jauges ATB se rempliront qui permettront des les utiliser pour utiliser des objets, des attaques spéciales ou bien des magies.
Il sera également possible de changer en cours de combat de personnages ce qui diversifie l'action, en plus de permettre une meilleure efficacité de l'équipe. Une fois le système maitrisé on se surprends à virevolter entre les personnages pour exploiter au mieux leurs caractéristiques propres. Fidèle à la tradition JRPG, nos personnages évolueront donc dans leurs caractéristiques grâce au gain d'expérience avec les combats mais également avec l'aide du fameux système de matérias. Concernant celles-ci nous restons sur quelques choses de très proche (voir identique) au jeu de base avec des matérias à fixer sur les armes et accessoires, avec des couleurs différentes pour repérer leur type (magies, à effet combinée avec une autre ou bien gain de stats) ainsi que des combinaisons en associant deux matérias sur les emplacements prévus. Celles ci pourront également être farmées en les utilisant et ainsi gagner en efficacité. Comme les armes pourront être améliorées dans un système proche d'un sphérier type FFX. Si l'on est proche du jeu d'origine, cependant le système est encore limité en étant loin de proposer toutes les matérias et armes que le jeu d'origine proposait, ce qui est logique vu que nous n'avons accès qu'au début de l'aventure. A voir si la suite (Rebirth) permettra de charger sa sauvegarde de ce FF7R afin de préserver ce qui est déjà acquis.
Inutile de tergiverser vu le titre du chapitre, le titre est une régalade visuelle et sonore. Techniquement c'est très solide avec une fluidité exemplaire, une direction artistique qui fait mouche et une réorchestration intégrale des musique d'origine. Ici aucun débat n'est possible sur les fines limites entre remasters/remake/portage, nous avons affaire à un remake total et quel travail. Midgar n'a jamais paru aussi imposante, les beaux quartiers n'ont jamais été aussi beaux et les bidonvilles aussi crasseux. La réalisation magnifie l'univers déjà connu. Les personnages sont parfaitement recrées en réussissant à respecter les portraits d'origines tout en étant dans une réalisation parfaitement moderne.
De même pour les combats, la mise en scène est dynamique et intense. L'action est intense avec des mouvements de caméra bien pensés et un ralenti du plus bel effet quand on accède aux menus de combats pour les phases plus "tour par tour". Cette mise en scène promet des joutes spectaculaires avec quelques boss épiques et mêmes les combats contre les ennemis courant qui jalonnent le parcours sont agréables. En plus le jeu se permet de proposer une progression suffisante pour éviter de tomber dans le piège du farming redondant ce qui rends l'ensemble de l'action encore plus agréable sur la durée du titre.
Au niveau direction artistique, là aussi le jeu vise juste en transfigurant Midgar et ses habitants. La ville prends une ampleur, une hauteur à peine envisagées dans le jeu d'origine. Tous les éléments du Midgar de 1997 sont amplifiées et la ville n'a jamais autant grouillé de vie, comme la séparation des classes entre ceux du haut et ceux du bas n'a jamais été aussi clivante. Le travail est également remarquable sur les personnages pour lesquels le jeu arrive à respecter les designs d'origine tout en proposant une réalisation parfaitement moderne. C'est simple, Tiffa et Aerith n'ont jamais été aussi belles et Barett aussi massif et puissant.
Bien évidemment, que serait un Final Fantasy sans une OST d'exception? Celle d'origine étant déjà une référence, les thèmes sont repris mais totalement réorchestrés apportant encore plus de coffre, de puissance à la composition d'origine. C'est là également une grande réussite qui contribue là aussi à amplifier la portée dramatique du titre.
Pour la sortie sur PS5 un an après la version PS4, Square Enix a rajouté une petite surprise avec un DLC nommé Intermission. A noter que celui-ci peut être acheté sur le store et que s'il est inclus dans la version physique du jeu PS5, il s'agit d'un code de téléchargement donc utilisable qu'une fois (dommage en cas de revente d'occasion du jeu).
Ce petit prolongement nous introduira donc Yuffie, shinobi voleuse du Yutan que nous retrouverons à n'en pas douter dans la suite de l'aventure, dans une mission spéciale afin de dérober une matéria ultime au sein de la Shinra. L'aventure proposée ici ne sera peut être pas indispensable à tout prix mais propose quand même un bonus sympathique à l'ensemble. Le DLC profite des mêmes qualités techniques que le jeu de base et la trame principale prendra 5/6h assez intenses au niveau de l'action et une fin assez intense au niveau dramatique. J'ai par contre été déçu des quelques annexes proposées en début de jeu que j'ai trouvé anecdotiques, personnellement je les ai zappée. C'est donc un petit plaisir supplémentaires pour prolonger un l'aventure en attendant la suite.
Une telle entreprise ne pouvait que diviser entre les gardiens du temple et ceux à la recherche d'une relecture du titre d'origine. Il sera à minima difficile de reprocher à Square Enix de ne pas s'être donné les moyens de réussir. On peut aussi balayer certains sujets clivants. Oui FF7 Remake est un véritable remake, voir même total, même si la trame reste globalement très proche de l'original (certains salueront le respect de l’œuvre, d'autres reprocheront le manque de liberté prises). Autre débat, oui FF7 remake est un jeu à part entière avec quand même 40h de durée de vie pour sa seule trame principale et annexes (les complétistes pourront encore rallonger avec les différents objectifs secondaires, trouver les tenues, simulateur de combat etc ........). A titre personnel, le jeu est une grande réussite, redonnant ses lettres de noblesses à la saga. Que ce soit le système de combat, la réalisation, l'OST etc ......... tout vise juste jusqu'à un final dantesque (et là s'éloignant enfin du titre original). Je noterais comme défaut quelques longueurs pour rallonger le titre mais qui au final passent quand même bien, le titre étant tellement agréable à parcourir par sa beauté et ses combats intenses. J'ai bien conscience que c'est une conclusion clivante mais c'est la mienne quand à ce titre, vivement la suite .................
Points forts :
- le scénario d'origine respecté (peut être un peu trop)
- système de combat entièrement revu et terriblement efficace, tout en ne reniant pas totalement ses origine JRPG (coucou Final Fantasy XVI?)
- dans un univers crasseux et pollué, le jeu arrive à être très beau grâce à une direction artistique et une réalisation qui visent juste
- techniquement très solide dans sa version PS5
- une bande son mythique magnifiée
- un final dantesque
Points faibles :
-éventuellement quelques longueurs pour mettre en 40h ce qui tenait en 6/8h sur l'original
-un petit manque de surprises si l'on connaît bien l'original