J'ai rematé 2 classiques de François Truffaut, Les Quatre Cents Coups et Jules et Jim ...
Sorti en 1959 et réalisé par François Truffaut, Les Quatre Cents Coups est un film culte qui lancera le mouvement de la Nouvelle Vague. C'est le premier film de François Truffaut derrière la caméra, qui cosignera dans la foulée le scénario d'À bout de souffle avec Jean-Luc Godard, un autre film culte. Les Quatre Cents Coups c'est une œuvre sur la fin de l'enfance et le début de l'adolescence, dans lequel on retrouve en tête d'affiche (encore tout jeunot) Jean-Pierre Léaud dans ce rôle qui deviendra mythique d'Antoine Doinel qu'il reprendra quatre fois pour au total une grande saga de cinq films. On retrouve également Claire Maurier dans le rôle de la mère et Albert Rémy dans le rôle du père. Et lors d'une apparition éclaire, on pourra apercevoir Jeanne Moreau et Jean‐Claude Brialy ... Jeanne Moreau qui tournera de nouveau pour François Truffaut dans Jules & Jim.
Antoine Doinel est un jeune garçon de douze ans qui va très vite découvrir que la vie n'est pas si simple. Il vit dans un tout petit appartement d'un immeuble miteux avec ses deux parents, une mère peu aimante et un père qu'on pourrait qualifier à l'humeur frivole. Ses parents ne sont pas les pires parents du monde, mais on sent bien qu'ils ne sont pas des parents très attentionnés. Et si vous rajoutez à tout ça, un système éducatif avec un professeur des écoles (Guy Decomble) qui le prend en grippe, dans une classe turbulente et des camarades pas très solidaires ... en gros, il prend pour tous les autres vu que l'instituteur l'a dans son collimateur. Alors forcément, il en marre de passer pour la victime de service, que ce soit à la maison ou à l'école, alors il décide de faire l'école buissonnière et de fuguer de chez lui le temps d'une journée, pour aller faire "Les Quatre Cents Coups" avec son meilleur ami René (Patrick Auffay).
Dans Les Quatre Cents Coups on va donc suivre Antoine Doinel enchaîner les bêtises, voire même les délits, pour s'émanciper et vivre de ses propres ailes. C'est le rite de passage d'un jeune garçon de l’enfance à la vie adulte en quelques jours. Le film pourrait paraitre très daté, mais il faut garder en tête que le film sort en 1969, dans une époque révolue. Et que ce soit sur le fond ou sur la forme, pour l'époque justement, le film est très an avance sur son temps. Pour le coup, François Truffaut s'affranchit de tous les codes du cinéma d'avant et d'après guerre. Il filme à l'extérieur, dans des décors naturels avec une caméra très libre, des personnages qu'on pourrait croiser tous les jours et qui parlent comme nous (ou plutôt comme mes parents). Ce n'est donc pas pour rien qu'on parle encore aujourd'hui de ce film comme l'un des panthéon du cinéma français et même mondial.
Si on se replace dans le contexte de l'époque (pour rappel, 1959), on est exactement neuf ans avant les révoltes étudiantes de Mai 68. C'est donc une œuvre prémonitoire, mais également autobiographique pour François Truffaut et Jean-Pierre Léaud. L'écriture du film a été fortement influencé par l'expérience de François Truffaut adolescent et par le caractère de Jean-Pierre Léaud qui transpire dans son interprétation d'Antoine. On sent que c'est un film sincère et honnête avec ses personnages et du coup c'est un film qui résonne en nous encore aujourd'hui. C'est vraiment un film transgénérationnel, même plus de soixante ans après les problèmes sont toujours les mêmes. Les adolescents sont toujours malmenés par les profs, ils se sentent toujours incompris par leurs parents. C'est un film qui nous rappelle que le cinéma est magique, car je suis sûr que c'est le genre de film que des jeunes apprécieront encore aujourd'hui, malgré le noir & blanc et malgré un Paris de carte postale des années 60.
Mais la grosse révélation du film, c’est Jean-Pierre Léaud. Le film ne serait pas ce qu’il est sans sa performance d’un naturel confondant. Tout le monde le sait, c’est extrêmement difficile de faire jouer (convenablement) des enfants au cinéma et beaucoup s’y sont cassés les dents. Or ici, François Truffaut ne s’est pas loupé, il a déniché un futur talent et un collaborateur de longue date, puisqu’ils tourneront ensembles sept films dont un court.
Les Quatre Cents Coups est un film qui touche au cœur, c'est touchant et triste, sans jamais tomber dans le pathos. On s'identifie tout de suite à Antoine et on s'attache à lui, d'autant plus qu'il ne mène vraiment pas la vie facile. On voit bien que sa mère essaie de se racheter vers la fin, mais on sent bien qu'elle n'a pas la fibre maternelle. Quant au père, il semble avoir complètement démissionné de son rôle de paternel. Et puis, ça va aller de mal en pire pour Antoine tout au long du métrage, jusqu'au plan final "ambigu" ...
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Au bout du compte, on voit Antoine être emmené en fourgon loin de Paris en maison de correction. Il est traité comme un délinquant et son sort semble scellé. Il va tout de même réussir à fuguer de nouveau et le film se conclu sur un traveling qui montre le jeune Antoine courir sur le sable et s'arrêter face à l'océan avec la caméra qui fait un zoom avant sur son visage et se fige sur le plan final, un plan fixe qui est devenu culte.
Jean-Pierre Léaud incarnera Antoine Doinel dans cinq films (quatre long métrages + un court), à savoir Les Quatre Cents Coups (1959), le court métrage Antoine et Colette dans L'Amour à 20 ans (1962), Baisers Volés (1968), Domicile Conjugal (1970) et L'Amour en Fuite (1979), C’est le héros d’une saga emblématique, qui a marqué notre imaginaire collectif et qui continue d’influencer les œuvres contemporaines (la trilogie des Before de Richard Linklater et la trilogie sur Xavier de Cédric Klapisch, entre autres). C’est pour cette raison que Les Quatre Cents Coups est une œuvre majeure et un film fondateur de la Nouvelle Vague, auquel se référence tant de réalisateurs aujourd’hui.
Bref, Les Quatre Cents Coups est une œuvre culte qui a probablement inspiré de nombreux réalisateurs par la suite. C'est un film profond et une œuvre qui respire la sincérité. C'est une histoire simple, mais qui parle à tout le monde.
Sorti en 1962 et réalisé par François Truffaut, Jules et Jim est le troisième film de son réalisateur. C’est un drame romantique en noir & blanc adapté du roman du même nom d’Henri-Pierre Rochéde, publié en 1953. C’est un pur film de triangle amoureux dans lequel une personne, ici une femme Catherine, aime deux autre personnes, ici deux hommes Jules et Jim (d’où le titre du film), C’est Jeanne Moreau interprète Catherine, après une brève apparition dans Les Quatre Cent Coups le premier film de François Truffaut, Et pour interpréter respectivement Jules l'Autrichien et Jim le Français, François Truffaut a eu recours à Oskar Verner et Pierre Serre. A noter également la présence remarquée de Cyrus Bassiak (alias Serge Rezvani) en guitariste accompagnant Jeanne Moreau pour la chanson Le Tourbillon de la Vie qui est devenue si célèbre. Si la BO du film est bien signée de Georges Delerue (collaborateur fidèle de Truffaut), on se souviendra surtout de cette chanson composée par Serge Rezvani et interprétée par Jeanne Moreau.
Dans le Paris des années 1910, on retrouve deux jeunes amis Jules et Jim qui partagent la même passion pour la musique et pour l’art, Et cette amitié inséparable va souffrir de l’arrivée de Catherine dans la vie de Jules qui tombera follement amoureux d’elle et souhaitera l’épouser, Il la présentera à Jim et de cet rencontre naîtra une tension entre les deux amis qui tombent amoureux de la même femme. Quant à Catherine, elle ne semble pas vouloir faire son choix. C’est donc le parfait schéma du triangle amoureux.
Ensuite, on passera plusieurs années en leur compagnie, avec la première guerre mondiale au milieu qui va les séparer, chacun engagés dans les deux camps opposés, en espérant que ni l’un ni l’autre ne meurt, ou pire qu’ils doivent s’affronter. Catherine choisira d’épouser Jules, mais Jim reviendra dans sa vie et deviendra son amant, ce qui sera une source de tension pour le(s) couple(s). La tension sera d’autant plus grande entre les deux amis que Catherine deviendra la mère d’une petite fille Sabine, Le cercle familiale s’agrandit avec Catherine, le mari, l’amant et la petite fille.
C’est un film assez libertin (toutes proportions gardées) et dans la mouvance de La Nouvelle Vague qui aspire à plus de liberté et qui veut casser les codes du cinéma « à papa ». C’est aussi un film sur la perte de l’innocence, ici pour l’amour d’une femme, mais aussi par rapport aux atrocités de la guerre, la difficulté de fonder une famille et d’en assumer les responsabilités. Le passage qui illustre au mieux cette innocence des débuts est cette scène devenue très célèbre de la course sur le pont, Après cette scène, plus rien ne sera pareil, leur amitié ne résistera pas à l’arrivée de la guerre et à leur rivalité pour conquérir Catherine. La tension est palpable dans un camp comme dans l’autre, lors de leurs retrouvailles après la guerre. On ne retrouvera plus les scènes de joie de la première partie du film. Les scènes de joie laissent place à un climat tendu et orageux, jusqu’à la scène finale brutale et tragique ...
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Catherine feint de renoncer à lui mais, sous les yeux de Jules, l'invite à une promenade en voiture et se précipite dans la Seine avec lui. Jules assiste alors à l'incinération des deux corps.
Le film dure un peu moins de deux heures et on ne s’ennuie pas une seule seconde, c’est parfaitement rythmé et on retiendra plusieurs scènes marquantes, la course sur le pont, la chanson Le Tourbillon de la vie (Vanessa Paradis l’avait reprise au Festival de Cannes pour un prix d’honneur décerné à Jeanne Moreau) et une scène de fin poignante. Par contre, je me serais bien passé de cette voix-off qui semble avoir été rajouté au dernier moment pour combler les trous et ne pas perdre les spectateurs. Mais voilà, cette voix-off va à l’encontre de l’immersion et nous fait sortir du film. Dans la même idée, je pense tout de suite à la voix-off dans Blade Runner.
Jules et Jim est un très joli film sur l’amitié masculine qui est mis en péril par l’arrivée d’une femme. C’est un film qui montre la complexité des émotions humaines et les dilemmes passionnels qui en découlent. Cette situation (le triangle amoureux) engendre de la rivalité, de la haine, de la violence …
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Voire même, comme ici, peut aller jusqu’à la mort.
Bref, je ne sais pas vous, mais moi en voyant ce film, j’ai été pris par le tourbillon de la vie.