Les jeux avec balise [SECONDE CHANCE] sont des jeux rétros auxquels j'ai joué gamin, mais que j'ai lâché trop vite pour me faire un vrai avis. Alors j'y retourne un peu pour voir ^^
Jungle Strike (Mega Drive, 1993)
La découverte, la passion éphémère et l’oubli prématuré.
Je connaissais pas Desert Strike quand on m'a offert Jungle Strike. Pourtant, la boîte me hurlait dessus que j'aurais dû. “THE SEQUEL TO DESERT STRIKE” écrit en grosses majuscules noires sur ruban jaune. Comme les bandeaux de police qui quadrillent une scène de crime. OK ! Pardon, j'ai huit ans les gars. Aucune pitié chez Electronic Arts. Je n'ai découvert le premier jeu de la saga que bien plus tard, sur la Game Gear de mon cousin, durant des vacances d'été où on ne faisait que parler de
Command & Conquer. Purée, il avait même une Game Gear, cet enfoiré. Bah il ne m'a procuré aucune émotion, ton jeu ! Bref, Jungle Strike a continué de me manquer de respect durant la scène d'intro (en presque 3D wesh), avec l'hélico qui décolle face à l'écran, et qui me tire des missiles dessus ! Eh, ça va bien aller ou quoi ? Vas-y, enfuis-toi à travers la mangrove, t'as raison. Même après cette rencontre des plus houleuses, j'ai accroché direct. Je n'ai jamais trop kiffé sur les hélicos, malgré l'existence d’un très bon pote dont le père était pilote, et qui ne parlait que de ça. Je n'ai jamais trop kiffé conduire des trucs dans les jeux non plus. Jungle Strike à réussi à me rendre addict aux deux. Par contre, il m'a sacrément résisté, au point que je n'ai pas pu le terminer. Pourtant j'ai persévéré un paquet de fois. J'y revenais souvent, même quand la Mega Drive perdait de sa superbe face à l'arrivée du bulldozer Pentium 75 à la maison.

Réappropriation du jeu
Je n'ai jamais pu le terminer pour deux raisons. La première, je ne captais rien à l'anglais. Je devinais à peu près ce que je devais faire grâce à la map affichant l'intégralité de chaque niveau, l'emplacement de tous les objectifs à réaliser, ainsi que les caches ou ramasser des munitions ou de l'essence. Très bien fichue cette map, d'ailleurs. Elle m'a permis d'aller bien plus loin que je ne l'aurais cru. La seconde raison, elle découle de l'essence, justement. J'aime bien l'idée de devoir gérer son fuel pour rester opérationnel. Mais notre hélico consomme trop ! C'est le seul point que je vais vraiment reprocher à ce jeu, de nous obliger à partir en quête de barils de kérosène au lieu de nous laisser faire nos missions tranquilles. Parce qu'une fois le réservoir vide, on se crashe et on crève, point. On ne pourrait pas juste se poser et faire du stop pour récupérer les bidons ? Se faire conduire à la station la plus proche par un guérillero qu’on mitraillera plus tard… mouais, pas super logique, d’accord. Peut-être que j'allais trop lentement aussi, je ne fais pas partie des plus rapides, OK. Mais laissez-moi profiter du paysage, un peu ! Détruire les campements de narco-trafiquants, ça se savoure.

Donc oui, l'histoire reprend là où Desert Strike l'a laissée. On gagne contre le terroriste du Golfe qui voulait détruire le monde. Sauf que, pas de chance ! Son fils est tout aussi barge que lui, et s'associe aux pires ordures d'Amérique du Sud pour tenter de conquérir le monde à son tour. Nous voilà donc repartis pour un tour à bord d'un Comanche flambant neuf. Nous incarnons ici un gars ultra fort, ultra branleur, qui prend tout à la légère. Ce qui participe bien au climat à la fois très tendu (par ses missions) et très léger (par ses dialogues) du jeu. J’ai tout de suite succombé au point de vue de dessus en 3D isométrique, que j'adore depuis
Populous et
Toejam & Earl. Jungle Strike se révèle juste beaucoup dynamique que le god game susnommé, et laaaargement plus maniable que le… le truc bizarre d'action exploration avec rappeurs extraterrestres, là. Sérieux, la prise en main m'a bluffé. Dès qu'on maîtrise un peu l'inertie de notre engin, on peut lui faire prendre des trajectoires de dingue, lui faire faire des demi-tours intempestifs, et effectuer d'autres mouvements totalement irréalisables avec un vrai hélicoptère (je n’en ai jamais piloté, mais un peu de bon sens suffit pour se faire une idée). Pas grave pour le manque de réalisme, tant qu'on s'éclate dans le jeu, et qu'on a encore de l'essence, bien sûr.

Il y a de quoi s'éclater, pas de souci avec ça. Chacun des neuf stages nous propose un éventail de missions à réaliser avant de passer au suivant. Si certaines doivent se réaliser dans un certain ordre pour débloquer la suite, la plupart peuvent se faire comme bon nous semble, l'une après l'autre ou même un peu toutes à la fois. À nous de voir. Tuer un méchant, sauver un gentil, récupérer des marchandises, détruire des convois piégés, tuer d'autres méchants, libérer des otages, buter un très méchant… ça ne révolutionne rien, mais les subtilités entre objectifs suffisent à ne pas nous ennuyer. Grâce aussi à un level design assez simple mais efficace. Si les stages ne s'étalent pas sur des zones aussi immenses que ça, j'ai quand même trouvé très agréable de les traverser pour tuer méchant 1, puis méchant 2 et ainsi de suite. J'avais trouvé les niveaux bien remplis, sans rien de superflu, ni trop d'endroits vides. Des camions qui roulent, des bateaux qui voguent, des fous furieux qui vous canardent à vue sans même se cacher un tout petit peu, des tanks aussi, voire même des batteries de canons ultra vénères qu'il vaut mieux éviter. Tout ça entrecoupé d'arbres, bâtiments civils, infrastructures diverses. En plus, c'est plutôt joli. Enfin, on peut choisir un co-pilote avant chaque début de partie. J’imagine que ça doit donner divers bonus en fonction de la personne choisie. Je n’y prêtais pas attention, vu que je ne pigeais rien.

Sur la boîte, le jeu nous promet un gameplay entièrement renouvelé grâce à l'apparition de nouveaux véhicules. Super ! Dès le second niveau, on pose le Comanche pour embarquer dans un genre d’hovercraft armé jusqu'aux dents ! Enfin jusqu'aux coussins d'air. Différence notable avec l’hélico ? On pose des mines au lieu de tirer les énormes roquettes Hellfire. La maniabilité reste similaire, à ceci près qu'on se prend désormais tous les obstacles, même un petit caillou qui dépasse de l'herbe. Super le renouvellement de gameplay ! Bon, au moins on rebondit en partant en vrille avec un bruit d'auto tamponneuse. C'est rigolo, mais notre chopper le faisait déjà aussi. Malgré tout, j'ai bien aimé ce stage presque exclusivement sur l'eau. Surtout le gros sous-marin qu’il faut éclater à la fin. En troisième lieu, on s'enfonce dans la jungle (c’est pas trop tôt !) pour démanteler un genre de camp d'entraînement hyper bien achalandé. J'ai pris cher tellement de fois là-bas, mais j'ai réussi à traîner mes rotors jusqu’au niveau suivant. Encore dans la jungle, mais la nuit. On ne voit rien tant qu’on ne fait rien exploser. Subtil. Bizarrement, je ne m’en rappelle pas du tout. Comment j’ai fait pour le passer ? Je me souviens du suivant, pourtant ! Je me souviens surtout avoir bloqué sur celui-là, justement, une ville du Pérou ou de Bolivie. Ensuite, pas plus. Je crevais toujours parce que je pompais toute l'essence disponible avant de finir les missions. Et là, même avec la map, je ne savais jamais quoi faire. Merde alors !

Du coup j'ai raté quoi ? Tous les autres bestiaux qu'on pilote, déjà ! On les voit quand, sérieux ? Bah justement, la moto apparaît dans le niveau que je n’ai jamais terminé. Je crevais toujours avant, visiblement. Mais ça dure… allez, trois minutes ??? WTF les gars ! Pourquoi faire ? La zone de déploiement numéro 6 se situe dans la neige, avec des sprites assez originaux représentant des caches et souterrains d’une forteresse enfouie sous le sol. Le chasseur furtif apparaît ENFIN pour la flopée de missions suivantes. Purée, je voulais tellement le piloter, lui. Je bavais sur le screenshot de la boîte. Et je n’ai jamais pu mettre la main sur son manche, à ce beau bijou (si vous avez des images mentales en lisant cette phrase, c’est votre responsabilité). En plus, on a le droit de le diriger pendant plus de la moitié du niveau merci hein ! Bon, il a l’air relou à diriger, en vrai. Comme l’hélico, mais en plus contraignant, puisqu'il a besoin de vingt kilomètres de piste pour décoller. Pas mieux que l’hovercraft, du coup.

Nouvelle plongée dans l’OST
La musique, elle nous vient d'un certain Brian Schmidt. Haha ! Un gars avec un nom allemand qui compose pour un jeu de guerre, ça m'a fait marrer. Pardon. Rien de drôle, j’ai pensé à Wagner et Apocalypse Now, désolé pour l’amalgame. Je n'avais pas particulièrement relevé la qualité des morceaux à l'époque. Aujourd'hui, ils font partie de mes titres préférés de la MD. Le mec a vraiment réussi un tour de force, je trouve. Ça sonne dur, fort et sombre à la fois. Mais en transmettant une énergie de fou, aussi. Je pense qu'il faut un petit temps d'adaptation pour apprivoiser les riffs de “guitare électrique”, si on ne sait pas à quoi s'attendre. Une fois qu'on passe l'étape de la sidération, on prend un pied pas possible. Et pourtant… aucune musique ne joue pendant les phases de gameplay ! Elles servent juste à l'intro, aux briefings des missions, aux game over, crédits et victoires. Voilà peut-être pourquoi je les aime autant après les avoir presque oubliées. Cette distillation sonore avec parcimonie, comme si on nous partageait une ressource ultra précieuse (encore plus que cette saleté d'essence), ça a trop fonctionné sur moi. Ouais j'aurais peut-être encore mieux aimé avec de la musique pendant les stages, j'en sais rien ! J'essaie de voir le réservoir à moitié plein. N'empêche qu'avec une intro pareille, j'avais la pêche pour les six heures à venir.
Jungle Strike - Intro
Regrets ou pas ?
Concernant les niveaux, oui, j'aurais vraiment aimé tous les découvrir, et les compos qui vont avec leurs briefings. J'aimais trop ces graphismes, on aurait pu imaginer un jeu de gestion avec tous ces bâtiments, décors et édifices différents ! Crée ton camp de paramilitaires colombiens, gamin ! Planque du plutonium à côté de la Maison Blanche pour voir ! Des heures de fun garanti ! Pour les véhicules… hmmmpff non, pas vraiment de regrets. La feature frise la publicité mensongère, surtout quand elle sert autant d'argument de vente. Je crois que ça s'arrange un peu dans Urban Strike, sorti l'année suivante, même si ce que j’ai vu des phases à pied m'ont paru bien ridicules. Si j'ai adoré Jungle Strike sur MD, je crois que j'aurais encore plus aimé la version PC, agrémentée de cutscenes versant à fond dans l’autodérision. Année de sortie : 1995. Ça me rappelle un certain
Command & Conquer, tiens. Deux jeux qui arrivent à rendre la guerre fraîche et rigolote. Sacrée prouesse. Remarque, on a aussi droit à des scènes de dialogue sur ma console adorée. En images quasi-fixes, assez moches aujourd’hui, mais au charme indéniable. Avec des dialogues vraiment marrants, et aussi Bill Clinton en guest star. Dommage que tout ça me soit passé au-dessus à l’époque, j’aurais encore plus adoré.
