Disclaimer : ce texte fait partie des
50 jeux les plus nostalgiques de mon enfance, et ne se considère pas comme test exhaustif du jeu en question. Il se focalise plutôt sur l’aspect marquant et les bons souvenirs liés à sa découverte quand j’étais gamin. Ce n’est donc pas un test à proprement parler, mais plutôt une virée nostalgique à ne pas trop prendre au sérieux.
Age of Empires (PC, 1997)
Type de jeu
Réécriture de la Préhistoire et de l’Antiquité sans vérification de sources, et sans trop se prendre la tête tout court, en fait. Pour le plus grand bonheur des joueurs.
Premier contact
Même après avoir passé plusieurs vies sur une flopée de RTS tels que
War Wind,
Z ou encore Dark Reign, j’avais toujours faim de nouveauté. Le genre n'avait pas encore fini de prendre le melon à cette époque, et chaque édition de chaque magazine balançait trois articles ou dossiers sur le sujet. Il existait même des revues spécialisées dans les RTS ; de quoi rendre fous les petits geeks du monde entier. Quand Age of Empires a débarqué, la hype n’a fait que se démultiplier. On l’avait déjà noté sur notre top 5 des jeux les plus attendus, avec plusieurs potes du collège. Je crois que je l’ai acquis tout seul sans aide parentale, avec mon argent de poche durement économisé. J’ai arrêté de m’acheter des bonbons et des cartes Dragon Ball, j’ai lavé la voiture comme si ma vie en dépendait, et j’ai compté mes pièces jaunes tous les jours. Quelques semaines plus tard, les quatre cents francs se trouvaient dans la caisse du revendeur, et la boîte du jeu dans mes mains. La définition même de la fierté, tant qu'on n'a pas atteint la puberté du moins.

Retour sur expérience
Un jeu de stratégie en temps réel, d’accord ! Ça, je connais. Oui mais, dans lequel on peut changer d’époque au cours de la même partie ? Wow, totalement DINGUE ! En plus, on peut récolter six ou sept ressources différentes ! Truc de MALADE ! Une équipe de développeurs a donc réussi à mélanger
Warcraft II, The Settlers et
Civilization, à quinze approximations près. J’adorais ce moment où on pouvait passer à la nouvelle période, évoluer de l’âge de l’outil vers l’âge du bronze par exemple, et découvrir toutes les options que ça débloquait. Quelque chose de grisant sublimait ce jeu, un petit plus (plusieurs, même) que les autres RTS n’avaient pas. Ça ne se cantonnait pas aux passages d’époques, mais aussi à tout ce qu’on pouvait faire : pêcher, cueillir, chasser, taper sur tout ce qui bouge (OK, rien d'original là-dessus), convertir tous les adversaires à notre religion, construire des murailles épaisses de trente mètres… et bien sûr, tout faire exploser en invoquant le soldat laser et la voiture lance missiles (via un code de triche, hein, les développeurs n’ont pas osé l’anachronisme à ce point-là). Sans parler des nombreuses campagnes axées sur des civilisations spécifiques et leur histoire ! Évidemment, avec autant de factions jouables, tout le monde partage un même pool d’unités communes, mais avec des bonus et/ou malus à certaines d’entre elles, et mêmes des machins spécifiques à chaque civilisation (j’adorais les éléphants de guerre, perso). Difficile de déterminer ce qui a le mieux fonctionné dans tout ça ; le destin a permis la naissance d'un jeu touché par la grâce, comme il en existe très peu, finalement.

Flashback spécial ambiance
Les développeurs ont apporté un soin tout particulier à la faune et la flore qui peuplent les niveaux. Ainsi, des oiseaux volent au-dessus de notre village, des cerfs gambadent en lisière de forêt, et des bancs de poissons longent les côtes. Oui d'accord, la plupart de ces jolies bêtes ont pour seul rôle de se faire bouffer par nos villageois en pleine croissance. Mais cette nature très présente renforce le sentiment qu’à l’Antiquité, les humains n’avaient pas encore tout défoncé sur la planète. Génial, on va pouvoir s’y mettre alors ! Et vas-y qu’on massacre du lion et de l’éléphant à la pelle pour remplir nos greniers de bouffe ! En vrai, nos unités font bien sûr partie de l’identité du jeu, mais sans la vampiriser totalement. En outre, les graphismes réalistes n’occultent pas la magie qui se dégage de nos campements fourmillants de vie. Les animations très détaillées n’avaient pas d’équivalent en termes de beauté, à l’époque (selon moi en tout cas). Et si on avait envie de se marrer un coup, les mots prononcés par nos troupes faisaient toujours leur petit effet. D’ailleurs, beaucoup de fans spéculent encore aujourd’hui sur le langage exact qu’elles parlaient. Il semblerait que tout soit inventé, mais peut-être que non, plutôt de l’araméen inversé diront certains, des trucs du style… si toutes les théories du complot n’allaient pas plus loin que ça, notre monde se porterait bien mieux. Aujourd’hui, imiter les psalmodies des prêtres (oooaaaahiaaaahiooo… ololoooo), fait toujours rire les personnes dotées de bon goût.

Réécoute de la bande-son
En 1997, les studios de Microsoft avaient beau démarrer dans le gaming, ils n’en ont pas moins frappé un grand coup avec Age of Empires. La B.O. reste peut-être leur plus grande prouesse. Mais comme c’est par la musique que la nostalgie persiste le plus chez moi, je m’emballe toujours un peu quand j’en parle. Je n’ai jamais eu la moindre idée des hits qui passaient dans les clubs branchés de Mésopotamie, deux mille ans avant notre ère. Et pourtant, dès les premières notes, on s’y croirait ! Que les morceaux illustrent l’action, la contemplation, ou même la fête, tout paraît composé par des esclaves en pagne avec deux ou trois bouts de bois, avec une subtile touche de pub Ushuaïa. On ne dirait pas, mais ça fait partie des meilleurs compliments que j'ai pu écrire. L’OST en format MIDI n’a rien à voir avec les sons qu’on trouvait sur le CD-ROM, à quelques morceaux près qu’on reconnaît direct. On avait donc droit à deux albums pour le prix d’un ! Et pour une fois, j’ai préféré la version plus moderne à l’autre (mais sans doute parce que j’ai moins écouté cette dernière, sinon j’aurais un avis différent).
Age of Empires - Rain
Moment Nostalgie
Bien qu’y ayant beaucoup joué seul, on discutait tellement d’Age of Empires entre potes que ça nous donnait l’impression de faire nos parties connectés en réseau. Pendant plusieurs mois, je déboulais chez mon plus vieux pote (on se connait depuis la maternelle deuxième section) après les cours, pour qu’on se fasse quelques parties (on traînait aussi sur rotten.com, un site internet immonde, mais très à la mode, qui a heureusement fermé aujourd’hui). Cela nous important d’autant plus qu’on s’était un peu perdus de vue depuis la fin de l’école primaire. Un jour, on a découvert les fameux codes de triche, pour faire apparaître des soldats armés de canons laser et des voitures équipées de bazookas. Ça nous a fait marrer une heure ou deux, avant de nous dégoûter du jeu pour des semaines. Les enfants, ne trichez jamais dans un jeu, sauf en tant que moyen radical de vous sevrer.
Instant le plus stylé
Mis à part envahir une base ennemie avec cinquante prêtres pour convertir tout le monde ? Construire la Merveille : ce bâtiment ultra cher, méga long à terminer, qui occupe une moitié d'écran et qui a juste trop la classe.