Until Then sur Switch

Fiche technique
Nom : Until Then
Éditeur : Maximum Entertainement
Développeur : Polychroma Games
Versions : Switch / PlayStation 5 / PC (Steam) / Mac (Steam) / Linux (Steam)
Genre : Aventure / Visual Novel / Point and click / Narratif
Dates de sortie :
25/06/2024 (PC, Linux, PS5)
10/07/2024 (Mac)
26/06/2025 (Switch)
04/12/2025 (version physique PS5 / Switch)
Langue : Français
Prologue

14 août 2014, Liamson, Philippines
Vous êtes Mark Borja et vous vous réveillez non sans effort, au son strident de votre auto-réveil. Vous jouez quelques notes au piano, vous habillez et vous mettez en chemin vers votre lycée, la Liamson Integrated School.
Dans le métro, vous recevez un SMS de Louise Ordunia, une de vos camarades de classe, qui demande des nouvelles de votre diaporama pour l’analyse de l’œuvre Crime et Châtiment, que vous deviez avoir terminé pour aujourd’hui… et que vous n’avez évidemment pas fait, acerbe procrastinateur que vous êtes.
Direction le CDI, vous avez à peine quelques minutes pour créer un diaporama en un temps record, aidé par votre camarade Ryan Soriano…
Voici qui résume les quelques première minutes du jeu et, pour le moment – et pour pas mal de temps encore – le jeu ressemble à s’y méprendre à ces jeux slice of life, parfois très sympas mais relativement ennuyeux pour qui préfère l’action, le fantastique ou les intrigues géopolitiques.

Mais Until Then n’est pas, et est loin de n’être qu’un simple jeu pop-corn : dans cet univers ancré dans le réel et se déroulant aux Philippines, une série de catastrophes naturelles d’une ampleur jamais vue a frappé récemment, provoquant des centaines de milliers de morts à cause des séismes, tornades et tempêtes qui ont littéralement défiguré le pays.
Depuis cette catastrophe, certaines personnes, à travers le pays, rapportent connaître des épisodes de déjà-vu, mais d’une durée et d’une ampleur inhabituelle. Quels secrets se cachent derrière tout ça et comment Mark Borja est-il lié à ces évènements ? Je n’en dirais pas plus sur le scénario pour ne rien divulgâcher.

Le gameplay
Until Then est un jeu d’aventure en vue de côté, en 2.5D et en pixel art.

Lors du déplacement du personnage, vous ne pourrez donc vous diriger qu’à gauche ou à droite : impossible de se déplacer dans la profondeur. Lorsque vous approchez d’un point d’intérêt, une icône apparaît : en forme d’œil s’il s’agit de quelque chose à regarder, de doigt s’il s’agit de quelque chose avec laquelle interagir, de bulle s’il s’agit d’un personnage avec lequel discuter.
Lors de ces discussions, vous aurez parfois le choix entre plusieurs réponses.

Parallèlement à cela, vous pourrez également recevoir des SMS et y répondre (parfois en choisissant une réponse parmi plusieurs proposées, parfois non), et aussi parcourir une application sociale calquée sur Facebook, et liker / commenter / partager les publications.
La plupart du temps, cependant, le jeu se joue comme un visual novel, et la seule chose que vous aurez à faire sera d’appuyer sur X une fois le texte à l’écran lu pour passer à la suite.

Vous aurez également le droit à des mini-jeux lors de certains passages, qui vous demanderont par exemple de tirer sur des ballons, d’embrocher des boulettes avec un pique ou de… boutonner une chemise.
Ces mini-jeux n’ont strictement aucun intérêt ludique (ou si peu), et leur présence étonne de prime abord, mais je reviendrai là-dessus plus tard.

L’aventure
Même sans divulguer trop de scénario, je vais m’attarder un moment sur l’aventure que vous allez vivre aux côtés de Mark.
Vous allez rencontrer tout un tas de personnages, vivre tout un tas d’évènements, parcourir tout un tas de lieu, et passer par tout un tas d’émotions : la colère, la tristesse, la déception, l’inquiétude…
Il sera question de lycée, d'amour et d'amitié, de piano, qui est un thème central du jeu, du passé et de ses répercussions sur le présent. Le jeu est ancré dans un univers réaliste mais n'est pas non plus avare d'éléments fantastiques.
Enfin, pour en finir avec les thèmes et l'univers, sachez que le thème principal du jeu... ne sera pas dévoilé dans ce test pour vous ne pas gâcher votre plaisir de le découvrir.

L’histoire prend du temps à se mettre en place, nécessaire pour bien se familiariser avec les différents protagonistes et prendre ses repères dans ce monde, et petit à petit, vous allez être confronté à tout un tas de problématiques humaines : l’amitié, la confiance, la perte d’un proche, les regrets, les relations sociales en général, les non-dits, la famille…
Comme tout bon visual novel, il faudra terminer l’aventure plusieurs fois pour connaître le fin mot de l’histoire, mais pas d’inquiétude ici : nul besoin de chercher quoi répondre à quel moment, les trois fins différentes s’enchaîneront naturellement, quelles que soient les décisions que vous avez prises en cours de partie. Vous n’influencez, ainsi, que peu sur l’histoire : vos actions ou absences d’action auront des répercussions sur des détails, pas sur le fil rouge de l’intrigue.

Pas d’inquiétude non plus concernant une possible lassitude de recommencer le jeu plusieurs fois : chaque run sera très différent du précédent.
Environ 15h seront nécessaires pour terminer le jeu.
Technique
Le jeu surprend par sa direction artistique et sa technique : les personnages en 2D / pixel art dans un environnement en 3D, et de très très gros pixels lors des gros plans, certaines scènes semblent réalisés en 5 minutes chrono sous Paint, d’autres semblent soignées à l’extrême, et le tout dégage une sensation tantôt d’urgence, tantôt de volupté, tantôt de malaise : le graphisme est au service de l’histoire, tout comme l’ambiance sonore, parfois brouillonne, souvent constituée uniquement de bruitages, d’aboiements de chiens, de bruits de couloir, parfois de musique judicieusement choisie pour souligner l’importance d’une scène en particulier.

Globalement, le jeu est donc à la fois très beau et très moche, mais d’une mocheté tout à fait assumée et qui participe à l’ambiance générale.
L’animation est surprenante aussi, avec les personnages qui « respirent » tous à la même vitesse, ont tous le même type d’animation exagérée d’un personnage qui bouge sur place, sans se déplacer, pour éviter de paraître trop amorphe.
Autres choses et particularités
Le jeu possède de nombreux clins d’œil et références, et je suis certain d’en avoir raté la plupart, d’autant plus qu’il s’agit d’un jeu développé par un studio philippin, se déroulant aux Philippines, et que certaines de ces références sont locales.

Une référence à un jeu dont j'ai déjà parlé sur le forum...
Les mini-jeux sont inintéressants au possible, mais ils ne sont pas là pour ça : ils ne possèdent généralement pas de condition de victoire ou de défaite, et le fait de jouer sur Switch implique de ne pas avoir de trophées / succès en atteignant un certain score, si bien que vous pouvez choisir de perdre délibérément, ou tout faire pour gagner, mais en fait, selon le moment de l’histoire où vous vous trouvez, vous n’avez parfois pas le choix de « perdre » : la plupart de ces mini-jeux font partie intégrante de l’histoire et n’ont globalement aucun intérêt ludique, à dessein.

Le rythme est lent. Là encore, à dessein. Mark se déplace lentement, il n’y a pas de touche pour le faire courir, les dialogues sont à l’image de réelles dialogues de la vie : il y a des silences, des mots ou des phrases que l’on place pour ne rien dire. Le jeu prend parfois son temps, surtout en début de partie, mais ce n’est pas du temps perdu : Until Then a simplement choisi de ne pas précipiter le joueur.
Bilan
On aime ou on déteste : j’ai adoré.
Le jeu n’est pas pour tout le monde : il faut aimer les jeux narratifs, et bien savoir que, malgré une interactivité pas courante dans un visual novel : le fait de déplacer son personnage, les mini-jeux, le côté point-and-click, tous ces éléments sont au service de la narration et uniquement de la narration. Il n’y a pas, en tout cas pas significativement, d’énigmes, de recherche, de puzzles : c’est la narration qui prime.

L’histoire est vraiment prenante. Elle m’a transporté, m’a parfois touché, et les personnages sont tous très travaillés, avec des caractères forts, mais jamais stéréotypés. Beaucoup cachent des blessures et des faiblesses, que le joueur découvrira au fur et à mesure, aucun n’est profondément bon ou mauvais, fort ou faible, chacun possède un côté très humain.
Si vous n’avez pas peur des jeux narratifs : n’hésitez pas une seule seconde et venez sans plus attendre découvrir cette aventure haute en couleur et en froideur.
Si vous ne connaissez pas les jeux narratifs : n’hésitez pas une seconde non plus. Celui-ci est facile d’accès, moins austère que la plupart des visual novel, et le jeu en vaut la chandelle.
Au final, je n’ai vraiment pas grand-chose à reprocher au jeu. Le fait que nos actions n’ont pas de conséquences réelles sur la suite de l’aventure peut paraître regrettable, mais l’avantage, c’est que vous n’aurez pas à essayer des trucs au hasard ou chercher dans une soluce comment obtenir la vraie fin (il n’y a rien de moins amusant). Les mini-jeux bidons, là aussi ça peut sembler regrettable, mais c’est totalement assumé et j’ai trouvé que c’était, finalement, une excellente idée. Le jeu est presque une parodie des jeux d’aventure, dans ce sens, tout en étant un vrai jeu d’aventure, solide et techniquement au point.

Note finale
8,5/10