Alien³ (Super NES, 1993)
La découverte, la passion éphémère et l’oubli prématuré.
Dans la liste des meilleurs jeux que mon cousin m'a montré dix minutes avant de passer à autre chose et me laisser sur ma faim, j'ai nommé Alien³ ! En plus, je n'ai même pas pu tenir la manette ! Je n'avais pas encore vu le film à l'époque, j'ai pensé découvrir une adaptation d'Aliens, l’opus précédent. Ça collait bien avec les nombreuses armes que Ripley sort de ses poches, mais pas trop avec son crâne rasé. Peu importe, j'ai toujours voulu le tester de mes propres mains, ce jeu, depuis que j'en avais aperçu quelques bribes. Enfin pas tant que ça, visiblement, puisque même sur émulateur, je ne l'ai pas lancé (j'avais téléchargé la ROM, et failli cliquer dessus plein de fois, mais j’ai toujours trouvé autre chose à faire). Et si j'avais cherché deux minutes, j'aurais vu qu'il existait aussi sur Mega Drive, certes avec une tout autre approche, mais ça aurait bien arrangé mes affaires.
Réappropriation du jeu
Ici, on incarne fort heureusement Ellen Ripley, notre héroïne pref (Sarah Connor n’aura jamais eu droit à son jeu vidéo dédié, snife). Ca parait évident mais bon, en plein cœur des nineties, n’importe quel décisionnaire bossant sur le jeu aurait pu annoncer qu’on enfilerait les bottes d’un gros gars bien baraqué pour que les petits gamins s’identifient plus facilement. Ripley, donc, se retrouve malgré elle en plein cœur de la prison Fiorina 161, comme dans le film. Et comme dans le film, elle doit cramer des centaines de xénomor… ah non, pas du tout comme dans le film, en fait, mais bien comme dans celui d’avant. Pour rester fidèle à Alien³, le gameplay à base de lance-flammes et lance grenades, un peu compliqué. Le jeu a été porté sur tout un tas de machines, de la NES au Commodore 64 (pourtant en soins palliatifs, celui-là), en passant par la Master System et la Mega Drive. Pratiquement tous proposent la même chose (à part la Game Boy qui fait sa rebelle), à travers une petite quinzaine de niveaux. Sur Super NES, on nous sert seulement six stages. Bah pourquoi ?
Parce que, le concept diffère quand même pas mal, en fin de compte. Si j’ai bien suivi, chez la concurrence et la petite sœur, il faut libérer les prisonniers disséminés un peu partout dans un temps imparti. Sinon, game over, Ripley a tout fichu en l’air, elle est TROP NULLE ! Franchement, les messages qui s’affichent cherchent vraiment à nous mettre la honte. Depuis quand elle se fait recruter par le directeur de la prison pour… libérer des prisonniers qu’on va remettre dans leur cellule ? Et puis si on perd, on nous montre les gars pas libérés crever un par un, le bide transpercé par la naissance de leur petit parasite adoré. Donc en fait, ils étaient déjà contaminés, à quoi ça sert de les sauver, s’ils crèvent de toute façon ? Moins de ménage à faire dans les coursives ? Oooooké. Tout ça à refaire tout pareil sur quinze niveaux. Sur SNES, rien de tout ça ! Chacun des six stages nous dévoile un panel de différentes missions à accomplir, sans limite de chrono frustrante, dans l’ordre que l’on veut. Certes, il faut souvent sauver des prisonniers (pas infectés, eux, à priori), mais aussi réparer des canalisations, souder des portes, cramer des pièces remplies d'œufs, remettre le courant dans tout un secteur de la prison… Il y a pas mal de diversité, franchement, même si ça revient dans l’absolu à se balader en cramant tout ce qu’on voit. Et ça fait de grandes balades, car les niveaux s’étalent beaucoup plus que sur les autres consoles ! Tout cela se gère via une interface d’ordi, dont les terminaux restent plutôt accessibles. Perso j’ai bien aimé ce système, souvent décrié dans les critiques que j’ai lues. En plus, on voit la tronche de Ripley en gros plan ; et même si elle ressemble à Spock avec un bonnet de piscine sur le crâne, elle transpire malgré tout la classe, plus que 99% des autres protagonistes des mondes vidéoludique, cinématographique et cryptozoologique réunis.
À part deux ou trois décors propres à chaque stage, on voit beaucoup d’assets réutilisés : on aurait limite pu avoir un seul immense niveau, à ce prix-là. Mais ça ne dérange pas le moins du monde, car on note une autre différence très appréciable : la palette de couleurs beaucoup plus dark que sur Mega Drive (et les autres aussi, mais je ne vais pas le préciser à chaque fois, hein). Je n'aurais jamais cru dire ça un jour en tout cas : la Super NES plus ténébreuse que sa nemesis historique. Incroyable. Qu’en pensent ses détracteurs invétérés ? J’aimerais bien savoir, mais flemme de leur demander, ça va encore faire de grosses tâches de seum sur internet. Du coup, on explore des zones bien sales, allant des galeries de prisons en pierre humide, à une infirmerie insalubre au carrelage fissuré, en passant par des fourneaux graisseux, conduits de ventilation confinés et autres complexes industrialo-futuristes mal entretenus. Mention spéciale aux mecs qu’on voit parfois en arrière-plan et qui restent à ne rien foutre, accoudés à une rambarde, alors que Ripley s’épuise en flinguant des bestioles à tout va. Je n’oublie pas les zones où les xénomorphes ont refait la déco, avec architecture organique qu’ils affectionnent tant, et brume verdâtre qui ne doit pas sentir très bon. Tout ça nous faisait bien flipper, avec mon cousin. Pas au point de se ruer sur la console pour l’éteindre comme pour Jurassic Park, mais pas loin. Moins de jump scares pour beaucoup plus d’angoisse latente.
Parlons encore un peu de Ripley ! Que faire de plus intéressant, en fait ? Alors, mérite-t-elle là aussi son titre de badass puissance 1000 ? Euh, ouais, plutôt. Outre le fait qu’elle court sans relâche sans sécréter la moindre goutte de sueur, elle saute (à hauteur surhumaine), s’accroche à des barreaux au plafond (à une vitesse surhumaine), grimpe à des échelles (aussi rapidement en montée qu’en descente), reste immobile dans une position super stylée, fait des chutes de trente mètres sans broncher. OK, ce genre de compétences se voient dans énormément d’action-plateformers, et ça se justifie bien sûr pour la fluidité et la coolitude de gameplay. Mais comme on nous sert ici une D.A. réaliste, ça jure un peu plus que dans, disons un Psycho Fox
ou un Cool Spot, quoi. En tout cas, voilà qui aurait réglé bien des problèmes, si la Ripley des films avait su faire tout ça. Ah bah d’ailleurs elle a fini par y arriver dans Alien Resurrection. En parlant de D.A. réaliste, les graphistes ont bossé sur ce projet avec un souci du détail parfois assez dingue. Comme quand on voit l’acide dégouliner des œufs après les avoir explosés, le doigt de Ripley toujours sur la détente de son gun, la petite flamme bleue à l’avant du lance-flammes… Bon, on a aussi accès à un radar qui détecte les présences ennemies. Ce qui ne sert absolument à rien, vu qu’une horde de xénomorphes nous tombe dessus en permanence. Y a pas d’histoire de jeu d’infiltration ou d’isolation, ici. Circulez. Et cramez tout aussi, évidemment.
ou un Cool Spot, quoi. En tout cas, voilà qui aurait réglé bien des problèmes, si la Ripley des films avait su faire tout ça. Ah bah d’ailleurs elle a fini par y arriver dans Alien Resurrection. En parlant de D.A. réaliste, les graphistes ont bossé sur ce projet avec un souci du détail parfois assez dingue. Comme quand on voit l’acide dégouliner des œufs après les avoir explosés, le doigt de Ripley toujours sur la détente de son gun, la petite flamme bleue à l’avant du lance-flammes… Bon, on a aussi accès à un radar qui détecte les présences ennemies. Ce qui ne sert absolument à rien, vu qu’une horde de xénomorphes nous tombe dessus en permanence. Y a pas d’histoire de jeu d’infiltration ou d’isolation, ici. Circulez. Et cramez tout aussi, évidemment.
Concernant le bestiaire, j’ai envie de dire : “Ah ouais, pas mal !” Les facehuggers pullulent de partout (et arborent plusieurs couleurs, certains sautent, d’autres non), les chestbusters bébés (qui crachent de l’acide, oooooooké), les xénomorphes quadrupèdes (comme celui du troisième film, quoi) plus ou moins gros (y a peut-être des ados dans le lot, je sais pas, et avec des variations de couleurs aussi, car certains marchent au plafond). Plus un encore plus gros, le vrai du film cette fois, en fin de stage 6, qui fait office de boss final. Eh mais, puisqu’on s’en balec de la cohérence avec le long métrage de Fincher, on pouvait pas se taper contre une reine, plutôt ? Non, mais encore pire, il y a bien une reine dans ce jeu. On la voit dans la cutscene de conclusion, poussée par un gros engin de chantier jusqu’à un puits de métal en fusion. Par qui ? Pourquoi ? Pas d’autre interaction avec elle ? Euuuuh, cette douche froide de plomb fondu (oui ça n’a aucun sens, je voulais juste caser une ref au film) ! Autant ne même pas la mettre, la queen, si c’était pour lui manquer de respect comme ça. Ou autant ne jamais terminer le jeu ! Ah mais, voilà pourquoi mon subconscient m’a toujours empêché de lancer la ROM ! Il a voulu me préserver de cette fin alternative atroce. Merci, il aurait quand même pu m’autoriser à aller presque au bout, cela dit.
Nouvelle plongée dans l’OST
Steve Collett, qui n'a bossé que sur des trucs que je ne connais pas, a eu droit de pianoter la version SNES. Un certain Matt Furniss (tiens tiens) a écopé des jeux SEGA. D’emblée comme ça, avant écoute et en tant qu’individu tout à fait objectif, j’aurais juré que les compos de la Mega Drive ÉCLATENT celles de sa rivale. Mais en vrai, à l’instar de la direction artistique, la B.O. fonctionne beaucoup mieux pour moi chez la cadette de Nintendouille (désolé, j’ai eu envie d’écrire Nintendouille, et je ne corrigerai jamais). Autant d’habitude, les marches militaires me saoulent à un point inimaginable, autant ici, je trouve que ça fonctionne à fond. Pour chacune d’entre elles d’ailleurs, vu que les musiques se ressemblent un peu toutes. Elles se lancent en fonction de la mission active du moment, il me semble, à moins que je n’aie rien compris au bazar. Durant certains passages, on entend même des sonorités qui me paraissent bien trop compliquées à jouer pour la Super Nintendo ; notamment des grincements métalliques ou des violons lancinants. Je me demande bien comment le compositeur a réussi à les inclure là-dedans. Pourquoi n’a-t-il pas fait une meilleure carrière, celui-là ?
Alien³ - Rescue Mission
Regrets ou pas ?
Ouais. Y a pas à tergiverser. J'aurais dû jouer à cette mouture d'Alien³. Version SNES, pas Mega Drive, ni aucune autre. Je n’ai pas d’excuse, cette cartouche propose vraiment les meilleures options, selon moi. Toutes les autres se ressemblent trop, ne débordant pas de l’action-plateforme basique (à part la Game Boy vue de dessus, mais ça devient presque pire, en ce qui la concerne). Comme quoi, on pouvait aussi avoir du sombre et mature sur la 16-bits de Nintendo. Voilà qui m'aurait encore plus fait aimer le film, et j'aurais pu le défendre avec encore plus de passion contre ses nombreux rageux (à commencer par David Fincher lui-même, huhu). Mais surtout, j’aurais vécu une expérience bien flippante comme il faut, qui te balance de l’oppression malaisante à grosses doses toutes les deux minutes. Et je n’en avais jamais assez, de ces expériences (ce qui me semble très creepy de la part d’un gamin de huit ans, quand j’y pense). Bon, j’aimais aussi me faire chialer sur Ecco Tides of Time, donc ça reste cohérent. J’ai loupé une bonne occasion de me faire déprimer un bon coup, merde alors.