Legend of Kartia (PlayStation, 1998 au Japon, 1999 en France)
Type de jeu
Sorte d'anti Pokémon mixé à un anti FF Tactics, et aussi mélangé à un somnifère, un anti-fluidifiant et un épisode de Code Quantum (je me comprends).
Premier contact
Si je ne raconte pas de conneries, ce jeu doit être l'un des derniers à avoir tourné dans ma PlayStation, après Tony Hawk 2, après Gran Tursimo 2 et même Grandia. Mon meilleur pote me l'a prêté après l'avoir terminé lui-même, en me promettant que j'allais adorer. Alors, tandis que tout le monde passait à la génération de consoles suivante, je m’attaquais à un JRPG déjà vieux de deux ans et demi qui aurait pu facile se lancer sur Super NES. Et bah je l'ai fini ! Et j'ai vraiment bien aimé, en plus.
Retour sur expérience
Je ne sais pas trop pourquoi, mais j'ai toujours pensé (et parfois même crié sur les toits), que je m'y connaissais pas trop mal en RPG. En fait, quand j'ai parlé à des gens qui connaissaient vraiment les RPG, j'ai compris que je disais n'imp depuis des années. Et donc, à part Warriors of the Eternal Sun et Final Fantasy VIII, bah pas grand chose que j'aie testé plus de trois ou quatre heures. En voilà un de plus avec Legend of Kartia ! Trois RPG dans ma liste, vous rendez compte ? Et encore, en prenant quelques largesses avec la définition. Toujours pratiquement que dalle ? Bon d'accord.
En tout cas, on trouve tous les ingrédients qui fondent les bases d'une bonne grosse turn based tactical role playing adventure ! Scénario grandiloquent à multiples rebondissements, magie divisée en plusieurs éléments, personnages à équiper et à faire progresser… Mais surtout, on peut invoquer des trucs ! Enfin des Phantoms que ça s'appelle, sortes de créatures qui vont se battre aux côtés de notre escouade de héros. Petit point noir, on peut terminer le jeu sans conjurer une seule de ces bestioles, peut-être même plus facilement qu'en prenant à bras le corps cette feature quasi unique en son genre, d'ailleurs. Mais j'ai toujours adoré les mécaniques de summon dans les jeux vidéo, alors j'en ai abusé au max. Le Nécro dans Diablo 2 (et désormais dans Last Epoch), mon préféré. Le Witch Doctor dans Diablo 3 ? Préféré. Dans Titan Quest aussi j'ai monté un build de Hunter avec des loups qui courent partout. Bref, une grosse portion du gameplay gravite autour de la recherche de formules pour débloquer des Phantoms de plus en plus puissants, ainsi que la récolte des ressources pour les balancer en combat. Eh attendez, ces Phantoms gagnent aussi leur propre expérience lors des fights (mais ils disparaître à la fin, les abrutis) ! Là j'en suis tombé à la renverse de bonheur. Fights se déroulant au tour par tour dans le plus pur style tactique, au demeurant, avec ses nombreux modificateurs liés aux armes, à l'élévation du terrain, et aux types de Phantoms aussi. Ces derniers suivent un schéma pierre feuille ciseaux simple mais efficace, en se déclinant en trois castes par type de bestiole. Les “communes”, jusque-là ça va, ensuite les “poupées”, euh bon d'accord, et les “ombres”. Ça ne vient même pas d'un traducteur bourré, en anglais c'est pareil, mais j'ose espérer qu'en japonais ça suit une logique quelconque.
Les ressources (trois types de matériaux et des genres de “mots de pouvoir”) servent aussi à crafter de l'équipement et de nouveaux sorts. Il y a vraiment de quoi faire, parce que non seulement nos personnages portent arme, casque et armure, mais les Phantoms aussi ! De même, le nombre de magies à débloquer fait très plaisir. Quand on découvre un nouveau mot de pouvoir dans un coffre ou sur le cadavre d'un boss, on s'empresse de voir à quels autres il s'associe pour déverrouiller du contenu (arme, sort et/ou type de Phantom donc). On sait déjà à l'avance combien d'items, sortilèges ou Phantoms existent, via une liste de mots trouvés et manquants. Sauf qu'en fait non, on n'en sait rien, car on peut aussi découvrir des formules secrètes en combinant des caractères sans modèle de texte à suivre. J'en avais trouvé deux ou trois il me semble, en passant des heures à tester au hasard des kanjis écrits sur des cartes (les fameuses Kartia) jusqu'à ce que ça fonctionne. Quand on se prend la tête à ce point dans un jeu, c'est qu'on s'amuse bien, enfin je crois.
J'ai vanté plus haut tous les aspects nécessaires d'un RPG qu'on trouvait chez Legend of Kartia. En fait, il en manque un. Un assez énorme. Pas d'exploration de monde, pas même de petites phases de “balade” faussement libre avec notre équipe. On alterne uniquement entre combats et parlotte, souvent de manière assez brutale. Les voyages se passent sous forme d’ellipse qui donnent un coup de fouet à un rythme qui en a bien besoin, mais cela nous empêche de nous familiariser avec les régions qui nous entourent, ainsi qu’avec les intrigues dont on nous abreuve pendant les conversations. J'ai pris conscience bien plus tard que cette partie aventure m'avait beaucoup manqué, j'ai enfin mis le doigt sur ce que je trouvais chelou dans ce jeu (à part la tronche des protagonistes). Et du coup le lore, bah je l'ai assez vite zappé. Pour ne pas dire que je m’en tapais royalement. Je voulais juste maxer mes sorts, items et Phantoms.
Flashback spécial ambiance
Pour une fois, le gameplay m'a permis d'outrepasser tout ce qui me gênait dans la DA, les graphismes et les enchaînements combats / cutscenes. Bon déjà, on se croirait limite sur une machine 16-bits que 32. Ça ne m'a pas dérangé tant que ça, même si je tiquais par moments sur la mocheté de telle arène de combat. En revanche, les sprites des Phantoms ont un charme certain, surtout ceux de type “poupée”, qui arborent tous un style un peu vaudou / mort vivant que j'apprécie beaucoup. Mon penchant positif qui aime la vie et les verres à moitié pleins, sans doute. D'un autre côté, les portraits des vraies personnes s’affichant pendant les dialogues (système similaire à Grandia) sont dessinés de façon très, très spéciale. Je détestais la tête de tout le monde, comme ça pas de jaloux. Surtout qu'on se les paie ultra souvent, en gros la moitié du temps de jeu à se farcir des conversations. Mais vraiment la moitié du temps hein. Et si on peut parfois se prendre d'affection pour certains méchants, ou pour nos avatars, bah ça sonne souvent creux, avec des phrases un peu niaises. On retrouve l'archétype du héros effronté et insolent qui veut sauver le monde en éclatant tout ce qui bouge, la gentille magicienne pacifique qui veut sauver le monde en faisant des câlins, et les antagonistes qui veulent conquérir la planète parce que leurs parents ne leur offraient pas de jouets. Voilà, impossible de s'attacher à qui que ce soit.
On a vu mieux côté immersion pour un RPG, surtout qu'au niveau des décors, rien de transcendant non plus à regarder. Parfois on regarde nos combattants parler dans une pièce de château vide. Mais genre, y a même pas une table qui traîne. Forcément, y a des gens qui veulent foutre le bordel dans la société, après. Sauf que grâce à ce fameux système d'invocations, j'ai supporté, et même fini par faire abstraction de tout le reste, voire même à me dire que l'histoire n'était pas si mal. J'ai aussi trouvé cool qu'on suive le scénario selon deux points de vue, via les deux personnages jouables. Leurs destins se croisent et s'éloignent au gré des rebondissements, et même si je trouvais ça inutilement compliqué la plupart du temps, j'ai été happé par l'enjeu ; rien de moins que sauver l'univers et l'équilibre cosmique, évidemment. Avec une petite réflexion écolo par-dessus tout ça, car utiliser les Phantoms à outrance détruit les écosystèmes. Que nous demande-t-on de faire pendant les fights, déjà ? Ah oui, utiliser les Phantoms à outrance. Magnifique.
Réécoute de la bande-son
Les musiques nous viennent d'un certain Kenichi Tsuchiya, crédité pour les sagas Persona et Shin Megami Tensei. Je n'ai jamais touché à ces licences, perso. Mais si je connais de nom, ça doit avoir une certaine notoriété (puisque je suis un noob complet en RPG, vous vous rappelez ?). Bon, ça ne vaut pas de bonnes vieilles compos signées Uematsu, mais il y a quand même quelques perles dans le tas. La vibe épique que ce genre de jeu requiert répond on ne peut plus présente. J'ai juste un peu de mal à comprendre pourquoi en plein combat, chaque camp possède son propre thème. Ainsi dès qu'on termine notre tour, la musique change et repart de zéro lorsqu'on reprend à nouveau la main. Voilà qui en remet un couche sur l'immersion et ses problèmes qui se faire respecter. Point positif, il n'y a bien que dans le domaine sonore qu'on se croirait sur 32-bits. Encore heureux.
Legend of Kartia - Phantom Beast I
Petit bilan
Je radote un peu, mais parfois, me repasser les souvenirs d'un jeu me convainc que je n'ai plus besoin d'y toucher jusqu'à la fin des temps. À l'inverse, plus rarement, écrire un petit texte dessus me donne une furieuse envie de m'y replonger. Pour le cas de Legend of Kartia, ça m'a même motivé à me le refaire de bout en bout. Et à 100% s'il vous plaît ! Je me souviens que je n'avais pas réussi à débloquer le dernier type de Phantom, quand j'avais quinze piges. Ah, j'apprends que personne n'a jamais su comment faire, d'accord. Pourtant j'ai épluché pas mal de reviews. On peut juste en combattre, mais pas en invoquer. Trop dommage ! En tout cas, si on arrive à faire abstraction des défauts, il y a de quoi s'éclater. Comme quoi, la nostalgie ne fait pas tout, vu que je n'en éprouve presque aucune pour ce jeu. Allez, un tout petit peu quand même, car il représente le dernier titre terminé sur la dernière machine que je considère comme faisant partie de mon enfance. La carrière de la PS1 aurait pu se terminer de façon bien moins glorieuse.
