Je suis allé voir L'Âme idéale ...
L'Âme idéale est le tout premier film d'Alice Vial, une jeune réalisatrice/scénariste qui n'avait officié que pour la télévision jusqu'à présent (la série Loulou). Et donc, pour son passage sur grand écran, elle décide de s'attaquer au film de fantôme et au mélodrame. En voyant L'Âme idéale, on pense tout de suite à Ghost (1990), Rencontre avec Joe Black (1998), Sixième Sens (1999) et L'Aventure de Mme Muir (1957). Et en têtes d'affiche, on retrouve Jonathan Cohen dans un rôle à contre-emploi et l'actrice québécoise Magalie Lépine-Blondeau que j'avais adoré dans Simple comme Sylvain (2023). L'alchimie est immédiate entre les deux acteurs, entre Jonathan Cohen dont le jeu est très sobre et Magalie Lépine-Blondeau toujours aussi radieuse. C'est d'ailleurs assez amusant de l'écouter parler dans un français parfait, sans la moindre trace de son (adorable) accent québécois. Elle a fait un gros effort de ce côté et c'est impossible de deviner à son accent ses origines québécoises.
Le film raconte comment Elsa (Magalie Lépine-Blondeau), un médecin travaillant dans un service de soins palliatifs, tombe amoureuse d'un homme mort qui ne le sait pas. Et cet homme, c'est Oscar (Jonathan Cohen), un compositeur de musique qui compose tout seul dans sa chambre en espérant, un jour, percer dans le milieu de la musique électro. Elsa, quant à elle, est douée d'un don particulier, puisqu'elle peut voir les morts. On pense tout de suite à Haley Joel Osment dans Sixième Sens, sauf qu'ici il ne s'agit pas d'un film d'horreur bien sûr. Non ici, on nous raconte une histoire d'amour sur le ton de la comédie romantique et fantastique. Il y a des touches de fantastique, mais c'est très léger et les personnages, y compris les fantômes, sont bien réels dans le film. Pour Elsa et Oscar, leur histoire d'amour est très réelle, très concrète.
Le film est en permanence à la recherche de l'équilibre entre le rire et les émotions et il y parvient, la plupart du temps. J'avoue que la scène d'introduction qui nous fait découvrir le personnage d'Elsa (Magalie Lépine-Blondeau) est assez catastrophique et j'ai craint le pire pour la suite. On y découvre son don pour parler aux morts et c'est digne d'un mauvais téléfilm. Mais fort heureusement, dés qu'elle rencontre Oscar (Jonathan Cohen) et ça arrive très vite, je vous rassure, alors le film prend une toute autre tournure. Jonathan Cohen est parfait dans son jeu, entre assurance et maladresse. Il apporte une touche d’humour et de légèreté, tout en suscitant l’empathie du spectateur. Et en face de lui, Magalie Lépine-Blondeau est juste craquante. On a tout de suite envie de la prendre dans nos bras pour la réconforter.
Jonathan Coen interprète un personnage qui compose de la musique électro, ou plutôt devrais-je dire, de la musique électro classique comme on le mentionne à un moment dans le film. Cette fonction du personnage principal d'Oscar est très bien exploitée dans le film, puisque la BO du film, composée par Olivier Marguerit, fusionne avec les compositions d'Oscar. Et il n'est pas obligatoire d'aimer la musique électro pour apprécier la BO du film, car c'est vraiment une musique d'ambiance très "filmique". Tout l'habillage sonore du film est l'autre gros point fort de L'Âme idéale, avec les deux interprètes principaux.
Le film parle de la mort, mais avec beaucoup de légèreté. Ce n'est absolument pas un mélodrame plombant, bien au contraire. Aprés, le film n'échappe malheureusement pas aux clichés du genre. Certaines scènes fonctionnent très bien (la rencontre entre Elsa et Oscar, Oscar qui découvre qu'il est mort, Elsa qui sombre émotionnellement dans un karaoké ...), d'autres nettement moins (la scène d'ouverture où on découvre le don d'Elsa, Elsa et Oscar qui s'immiscent dans une cérémonie de mariage, Elsa qui s'introduit dans les loges d'un artiste électro ...). Et puis on sent que Jonathan Coen, qui est l'un des producteurs du film, s'est impliqué dans l'écriture du film, ou tout du moins dans l'écriture de son personnage. Les dialogues sonnent juste entre Elsa et Oscar et on finit par croire qu'une histoire d'amour est possible entre Elsa la vivante et Oscar le mort. Et encore une fois, Magalie Lépine-Blondeau est irrésistible dans L'Âme idéale et vaut à elle seule le déplacement.