Les jeux avec balise [SECONDE CHANCE] sont des jeux rétros auxquels j'ai joué gamin, mais que j'ai lâché trop vite pour me faire un vrai avis. Alors j'y retourne un peu pour voir ^^
Final Fantasy Tactics (1997, Playstation)
La découverte, la passion éphémère et l’oubli prématuré.
J’ai découvert ce jeu grâce à un pote à moi, qui l’a sorti de je ne sais où en import américain, je crois. Si je me souviens bien, il ne se lançait qu’avec l’Action Replay, ce gadget semi-illégal qui nous a permis de jouer avec des CD-gravés, de tricher à peu près à n’importe quoi, et bien plus encore. Il fallait laisser la console ouverte et faire tenir le couvercle avec une tête de LEGO pour que les disques tournent quand même. Du bricolage comme on n’en fait plus, ce qui vaut peut-être mieux, mais qui me permettra aussi de radoter un jour, avec des phrases comme “De mon temps on martyrisait nos Playstation avec…”. Bref, quand j’ai vu mon pote, en extase complète devant son petit groupe de personnages en pixel art, j’ai tout de suite succombé au charme, des graphismes d’abord, du gameplay ensuite, qui m’a paru l’une des meilleures inventions jamais imaginées. Du coup, ai-je pris la peine de me lancer dans l’aventure moi-même ? Non, pas du tout, absolument pas. Bordel, mais y a des auto baffes qui se perdent quand j’y repense. Mais pourquoi, pourquoi, alors que j’adorais absolument tout de ce titre, que j’avais même le droit de l’embarquer chez moi pour une durée à peu près indéterminée, l’ai-je délaissé tout en sachant que je raterais là l’une des meilleures expériences vidéoludiques de ma vie ? Je n’ai aucune excuse, vraiment. Allez hop, auto baffe.

Réappropriation du jeu
Déjà, il faut savoir qu’à la sortie de FF Tactics, tous les gamins et gamines de l’époque vouent déjà un culte extatique à Final Fantasy VII, sorti quelques mois plus tôt. Qu’est-ce que ça change ? Rien, je contextualise en faisant genre j’ai de la culture. Citons plutôt les qualités intrinsèques de ce tactical RPG hors-pair, et adoubé de tous ceux qui ont pu se le procurer (eh ouais, pas de version PAL, ça complique un peu les choses). Déjà, l’histoire haletante nous prend aux tripes via un personnage extérieur. Je n’ai rien suivi, hein, mais je crois les gens qui en ont parlé. La narration se pose donc du point de vue d’un historien qui nous raconte les faits, en se plongeant dans ses souvenirs et ses recherches. Je trouve ça super cool. Je trouve aussi super cool que le scénario traite de sujets sociétaux bien réels, comme la place de la religion, les privilèges liés à la richesse, et sûrement d’autres trucs que je n’ai pas décelés en visionnant les playthrough du jeu en diagonale. Mais eh, je fais confiance aux tests que j’ai lus : l’histoire pète la classe, point.

Le gameplay au tour par tour propose d’embarquer jusqu’à cinq personnages au combat. Sachant qu’on peut former un groupe de seize individus au maximum, ça permet de jongler entre pas mal de combinaisons. Nul doute que les fanatiques de l’optimisation ont dû s’arracher beaucoup de cheveux en cherchant les teams les plus efficaces en fonction des paramètres à prendre en compte. Et des paramètres, il y en a un paquet ! Déjà, chaque personnage, ennemi, créature, monstre… etc. se voit affublé d’un genre de signe du zodiaque. Selon ce signe, et son genre (homme ou femme, on reste binaire dans les nineties), il occasionne plus ou moins de dégâts à d’autres (en fonction de leur signe aussi, évidemment). Il faut ajouter à cette analyse la nature du terrain et son élévation pour ne pas se faire surprendre. On équipe ses compagnons de manière classique avec armes, capes et armures pour leur filer de meilleures statistiques de points de vie, attaque et défense… du basique, quoi, mais bien foutu.

Là où ça devient passionnant, c’est quand à cela se cumulent les métiers (une feature lancée dans Final Fantasy III je crois). Chaque combattant et combattante peut se voir assigner un métier (comme une classe, en fait, mais en un peu plus cool). Chaque action menée, chaque coup donné, chaque sortilège lancé en combat donne des “Job Points”, qui permettent de débloquer des aptitudes liées au métier qu’excerce le personnage sur le moment. Sur le moment, oui, car ces petits futés peuvent changer de boulot à l’envie, pour se spécialiser dans d’autres machins, tout en conservant des skills appris du métier précédent ! Il existe même des métiers avancés, qui nécessitent une maîtrise minimum en plusieurs autres pour devenir accessibles ! En tout, une vingtaine de jobs différents, plus une bonne dizaine exclusifs à des personnages spécifiques liés à l’histoire. De quoi passer des heures à peaufiner des équipes avant chaque baston. D’ailleurs, on finit assez vite par passer plus de temps à naviguer dans les menus que de réellement jouer, tant l’envie de chouchouter notre petite armée prend le pas sur tout le reste. Au-delà des stats basiques d’armure, de points de vie, de force… etc, les combattants se jugent aussi à leur bravoure et à leur foi. J’apprends en écrivant ces mots que les hommes possèdent une bravoure plus élevée que les femmes. Bon, je crée un hashtag sur X ou c’est comment ? La bravoure permet de taper plus fort avec certaines armes, d’augmenter ses réflexes défensifs, et de trouver plus facilement des trésors via une aptitude spécifique. Même chose avec la foi, mais orienté magie. Je passe les explications sur comment faire monter ou descendre ces stats, ce modeste article approximatif va se changer thésaurus d’encyclopédie. Pas simple d’écrire un truc concis sans avoir réellement joué, huhuhuh. Il faut juste savoir que les personnages avec une bravoure très basse ou une foi très haute vont fuir les combats, voire même fuir le jeu tout court. Les développeurs n’aiment pas trop qu’on croie en dieu, on dirait (et il n’aiment pas trop les lâches non plus). D’ailleurs; l’une des aptitudes utilisées pour diminuer la valeur de foi s’appelle “Enlighten”, éduquer, éclairer la lanterne, quoi. Haha ! Allez hop, encore un hashtag à créer ; mais celui-là, je ne m’en occupe pas.

Voilà, tout ce système de progression fait tellement plaisir qu’une sorte de manière d’abuser le jeu a vu le jour pour améliorer ses troupes au maximum le plus vite possible : pendant une bataille, on les regroupe dans un coin de la carte, on les fait lancer des sorts inutiles, voire même s’attaquer entre eux avant de se soigner, parce que tout ça donne des points d’expérience ! La scène se déroule sous les yeux ébahis des créatures ennemies, qui n’arriveront au contact que dans huit ou neuf tours. Voilà à quelles aberrations on aboutit en pondant un gameplay trop stylé ! Mesdames et messieurs qui concevez des jeux vidéo, prenez-en de la graine et revoyez vos compétences à la baisse, merci. Ah on m’annonce qu’une tendance vers la médiocrité a déjà bien pris racine depuis pas mal d’années. OK alors, ça va.
Nouvelle plongée dans l’OST
Point de Nobuo Uematsu ici ! Mais restez quand même, car le compositeur Hitoshi Sakimoto, que je ferais bien de connaître mieux que ça, ne se laisse pas oublier si facilement. Il a déjà bossé sur pas mal de trucs avant ce projet en particulier (Gauntlet IV, Ogre Battle, Bloody Roar), et sa carrière a continué bien après également (
Vagrant Story, Odin’s Sphere,
Muramasa : The Demon Blade), jusqu’à aujourd’hui. En collaboration avec Masaharu Iwata (qui a un CV encore plus gros), il livre une B.O. dans le plus pur style JRPG de vieille console, avec tout ce que ça véhicule en termes de bonnes vibes et d’odeurs de renfermé. On se croirait parfois sur la Super NES, ce qui vaut pour l’un des meilleurs compliments possibles, selon moi. Évidemment, on pourrait souvent passer ce genre de son sur n’importe quel autre jeu vidéo de style similaire, et personne n’y verrait que du feu. Oui, je ne peux pas vraiment argumenter contre mon propre raisonnement, ici. Ça s’écoute bien, mais ça manque un poil d’identité, mais en même temps on reconnaît direct le jeu de rôle, sauf que si ça avait un peu plus de charme, on s’y attacherait un peu plus. Nan mais on ne pourrait pas autant s’y attacher si… OK je me suis mis une nouvelle baffe, ça va mieux.
Final Fantasy Tactics - Decisive Battle
Acte manqué ou pas ?
Autant pour certains jeux, les recherches et l’écriture de ce genre de texte me rassurent un peu. J’arrive à me convaincre que, bon, si je suis passé à côté, c’est pas bien grave. Autant pour FF Tactics, l’avoir délaissé me fout encore plus en rogne ! Le tactical RPG aurait pu devenir le genre qui me fascine le plus, je le sais ! Mais ma flemme légendaire, qui peut aussi bien me faire foirer ma déclaration d’impots qu’oublier de jouer à des chef d'œuvre vidéoludiques, en a décidé autrement. Sérieuuuuuuux, quoi ! Voilà pourquoi ma culture du JV reste au ras des pâquerettes. Ma culture tout court, en fait. Voire même ma manière de gérer ma vie. Voilà, j’annonce : si j’avais joué à FF Tactics, je serais devenu une bien meilleure personne sur tous les plans. Accessoirement, j’aurais kiffé comme jamais sur cette spécialisation des personnages aux petits oignons frits. Sans parler des discussions endiablées avec mon pote que cela aurait engendré ; il n’attendait que ça et il n’a reçu qu’une semi-indifférence de ma part sur le sujet. J’ai adoré mon enfance, mais avec le recul, je constate que j’aurais pu faire encore beaucoup mieux.
