
Avec Deux Moi, Cedric Klapisch combat l'idée reçue que pour être heureux, il faut être en couple. A mon sens, il dit plutôt le contraire, à savoir que pour être heureux en couple, il faut d'abord se recentrer sur soi-même, être en paix avec soi.
Aussi proches soient-ils dans l'espace, Remy (François Civil) et Mélanie (Ana Girardot) vivant dans deux immeubles adjacents, ils passent leur temps à se louper. Ils sont obnubilés par leurs problèmes personnels et ne perçoivent pas le monde qui les entoure. C'est pour cette raison que lorsque le psy de Remy (François Berléand) lui demande de se résumer en un mot, par réflexe il lui sort le mot "bulle".
Ana Girardot et François Civil portent le film sur leurs deux épaules. Ils sont frappants de naturel, alors qu'il aurait tellement facile de tomber dans la grosse caricature. François Civil tout particulièrement, est excellent. Son jeu sonne toujours juste, à la fois drôle, sensible et un "je ne sais quoi" de charmant. Je lui trouve une certaine filiation avec Patrick Dewaere, dans ses gestes, son naturel, sa fragilité et son innocence. C'est criant de vérité dans ses scènes avec le psy, notamment dans la scène de la "bulle".
Comme souvent avec Cedric Klapisch, son film m'a touché et j'y ai vu plusieurs parallèles avec mon histoire personnelle. Je ne dois pas être le seul à m'être reconnu dans ce film. C'est pour cette raison que le cinéma de Cedric Klapisch parle à tellement de monde. Le sentiment de solitude dans une grande ville comme Paris est tellement bien retranscrit, tout comme la dérive liée aux réseaux sociaux qui est très juste et symptomatique de l'époque dans laquelle nous vivons.
Certains pourront reprocher au film d'être trop lent, notamment durant la première demie heure, mais c'est pour mieux imprimer ce rythme lancimant aux scènes, comme un symptôme de la dépression qui vous ronge lentement de l'intérieur. Deux Moi n'est peut-être pas le meilleur film de Cedric Klapisch, mais c'est du très bon Klapisch.