cinema

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Réalisateur(s): Albert Dupontel
Scénariste(s): Albert Dupontel et Pierre Lemaitre
Acteurs: Albert Dupontel, Nicolas Lafitte, Niels Arestrup
Compositeur: Christophe Julien
Date de sortie: 2017 - France


Quelle ne fut pas mon erreur de rester imperméable au cinéma de Dupontel après Enfermé dehors! J'ai dit, suite au visionnage d'Adieu les cons, que j'allais rattraper ce manque rapidement et donc j'ai commencé avec Au revoir là haut..... bordel cette claque ! encore!
Je pense aujourd'hui qu'il est, avec Audiard, le meilleur réalisateur français "actif". Et quand je dis "réalisateur", c'est avec un grand R.
Ce type est vraiment au firmament de son art, il fait preuve d'une maitrise hallucinante. J'ai trouvé dans son film, tout ce que Jeunet n'avait pas réussi à me proposer avec son long dimanche de fiançailles. Je sais que comparaison n'est pas raison, mais c'est tentant de rapprocher les deux films. Mêmes thèmes (guerre des tranchées, changement d'identité, fausse mort, vengeance...) et esthétique (teint sépia et ton granuleux d'époque), mais le film de Dupontel est trois crans au dessus sur tous les points. Le film s'ouvre sur une magistrale scène de guerre, filmée de manière virtuose et sans maniérisme, qui ne dure que quelques minutes et pourtant imprime la rétine au point qu'on y repense quasiment pendant tout le film, et qu'après visionnage on a l'impression qu'elle représente la moitié de l'histoire.. Ensuite le travail de photographie magnifique, la reconstitution du Paris des années 20 parfaite, on est transporté à l'époque. Et que dire de l'éclairage?
Magistral, le réalisateur joue avec les sources lumineuses présentent dans le décor pour nous offrir des clairs obscurs de toute beauté donnant encore plus de sens au récit.
Enfin la plus grosse différence entre les deux films, c'est l'émotion, Dupontel maitrise la sensibilité comme personne, et surtout ne tombe jamais dans la sensiblerie.

 


Au delà de la réussite formelle de son entreprise, l'ancien humoriste nous offre également une oeuvre de fond. Aidé par la richesse du roman eponyme, le scénario convoque tout de même les thèmes chers au réalisateur comme un miroir avec notre époque, écarts entre les classes sociales, politiciens corrompus par le pouvoir de la finance, integrisme religieux, travail clandestin, etc....
de nombreux autres sujets ramifient la trame : Les masques, au sens propre et figuré. Le mensonge partout, tout le temps. Les arnaques qui s'entremêlent entre les personnages, bons et mauvais, dans un récit qui progresse d'ailleurs par scènes qui se répondent en écho, souvent par inversion des rôles, créant la confusion sur la frontière entre le bien et le mal.
Au revoir là haut est un subtil et somptueux mélange politique et poétique. A la fois réaliste et surréaliste parfois à la limite du fantastique. Un petit miracle, en somme.


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