cinema

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Réalisateur(s): Denis Villeneuve
Scénariste(s): Jon Spaihts, Denis Villeneuve, Craig Mazin
Acteurs: Timothée Chalamet, Zendaya, Rebecca Ferguson, Javier Bardem, Christopher Walken
Compositeur: Hans Zimmer
Date de sortie: 2024 - USA

lire sur le forum >> Dune 2

 Dune Partie 2 de Denis Villeneuve

 

On va passer sur le synopsis que tout le monde connait, donc cette partie 2 commence après la destruction de la maison Atréides par les Harkonnen et l'arrivée de Paul et sa mère chez les fremens, peuple nomade et pionnier d'Arrakis.

 

La production des films de Dune est une histoire de reports. Le premier avait été retardé à cause de la crise Covid, ce qui ne l'a pas empêché de rencontrer un beau succès en salle et de permettre la mise en route de cette suite, qui fut à son tour ajournée pour grève de scénaristes à Hollywood.

Créant par la même, une plus grande impatience de découvrir la suite de cette saga interplanétaire culte. (et qui permettra sûrement par chance à Nolan de moissonner les oscars sans devoir affronter un adversaire de taille, qui lui aurait fait très mal)

 

Alors que la première partie de la trilogie posait les bases de l'histoire, installait les personnages, les nombreuses familles, les enjeux politiques et spirituels, dans une ambiance plus feutrée, plus resserrée, distillant les mailles du piège qui allait se refermer sur le Duc Leto et son peuple de Caladan, cette suite opère une bascule radicale vers le gigantisme, les grands espaces, parcourue de bout en bout par un souffle épique qui amènera l'avènement du messie de la prophétie des benegesserits.

Comme l'a dit Nolan lui même (https://x.com/NolanAnalyst/status/1753685569710796981?s=20), l'immersion est totale, jamais vue, le film enchaine les morceaux de bravoure les uns après les autres, fourmille d'idées et de détails inédits qui impressionneront les plus blasés d'entre nous.

Au grands espaces, s'alternent les gros plans sur les visages, et les scènes mettant en valeur des personnages qui ne sont pas en reste dans cette reconstitution magnifique du monde de Franck Herbert. A ce compte, chaque rôle est superbement écrit et interprété, certains acteurs sont transcendés et livrent ici la prestation de leur vie. Chalamet qui paraissait bien fade dans le premier volet dévoile ici toute sa palette et incarne un Usul tout à fait convaincant dans sa montée en puissance et sa complexité. Rebecca Ferguson est également superbe en dame Jessica devenant révérende mère et manipulatrice à souhait dans sa volonté de convertir les fremens. Sa relation avec sa future fille, embryon parlant est également une réussite [spoil]sans parler de la scène du futur où l'on voit la soeur de Paul et son interprète surprise, du génie! [/spoil] et donne lieu à des scènes admirables. Et mention spéciale à Javier Bardem qui campe un Stilgar, tantôt impressionnant de charisme en chef de clan, tantôt succulent et comique en croyant naïf qui voit le moindre signe dans le comportement de Paul, son personnage tout en subtilité, prêtera souvent à sourire, dans le bon sens. Enfin Feyd Rauta, le bad guy de cet épisode, interprété par le beau gosse d'Elvis Austin Butler, est un des plus impressionnants salopards que l'on ait pu voir sur grand écran ces dernières années.

 

J'ai apprécié la réécriture de la relation entre Paul et Chani, ça ajoute de l'ambiguïté et une sensibilité, bienvenue dans le cinéma de Villeneuve que l'on a pu connaitre un peu trop froid dans ses films précédents.

 

J'ai bien aimé aussi la façon dont Villeneuve a rejoint l'esprit mystique de l'oeuvre d'Herbert, il reprend bien les thèmes et l'aspect religieux que l'auteur (qui s'inspirait grandement de l'Islam ) a voulu développer dans son livre, tout en apportant une double lecture et un questionnement .

La dimension politique est également très travaillée, les manigances de couloirs, trahisons, manipulations sont légions et apportent également à la profondeur scénaristique.

 

Le film enchaine ainsi les scènes anthologiques, passant du gigantisme à l'intime avec une fluidité remarquable. Mêlant l'immensément grand, l'espace intersidéral, à l'immensément petit, l'embryon dans son liquide intra utérin, filmé comme un autre cosmos, et renvoyant à la référence absolue du film de science fiction, que tout le monde connait. Il est mené tambour battant, et pourtant il prend tout de même le temps de la contemplation et de l'apprentissage des us et coutumes du peuple de Dune, dans une alchimie parfaite, qui fait qu'on ne s'ennuie pas une seconde, et que l'on est souvent parcouru par des frissons de plaisir tant il est généreux dans sa proposition visuelle et sonore. 

 

Enfin, la bande son de Hans Zimmer est ici, un bijou de pureté et de puissance, accompagnant avec maestria la dimension sensorielle du film de Villeneuve, effet décuplé au cinéma, où l'on aura nous même l'impression de vibrer en même temps que les dunes du désert d'Arrakis à l'approche du Shai-hulud.

 

En bref, n'ayons pas peur des mots, je pense que ce deuxième volet de trilogie de Villeneuve est un chef d'œuvre comme je n'en ai pas vu depuis des lustres et qu'il restera dans le temps comme d'autres œuvres majeures de science fiction.

 

Vivement le 3 !

(on devinera que certains personnages à peine esquissés ici auront de plus grands rôles, l'empereur (Christopher Walken), sa fille (Florence Plugh), la soeur de Paul (surprise!), etc....)

 

ps :  je viens de voir que le deuxième a été co-écrit par Craig Mazin (Chernobyl et Tlou, entres autres) du coup ça m'étonne beaucoup moins d'avoir trouvé l'écriture bien plus subtile et réussie que dans le premier, qui comptait quand même dans ses scénaristes une pointure comme Eric Roth (forrest gump, benjamin button, Munich), peut être moins en phase avec l'époque.

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