Excellente surprise, mais ça ne m'étonne pas tant, car Yves Boisset était un des réalisateurs qui tapaient plutôt juste à l'époque. En proposant souvent des sujets engagés et ambitieux (Dupont Lajoie, le juge Fayard, Espion lève toi, le prix du danger, Radio corbeau... etc)
Canicule, c'est l'histoire d'un vieux braqueur américain, élégant, classe, séduisant, mais aussi meurtrier impitoyable.
Il se trouve en France pour un dernier coup juteux, mais les choses ne se déroulent pas comme prévu, s'en suit un véritable carnage, et notre protagoniste se retrouve en cavale dans la cambrousse en pleine canicule avec le magot et toutes les forces armées du pays aux trousses.
Il pense pouvoir trouver refuge en tombant sur une vieille propriété rurale aux habitants tous plus barjots les uns que les autres, des rednecks à la françaises quoi. Et un cul terreux du Loiret ça peut se montrer tout aussi dangereux qu'un mafieux ou un agent du GIGN, il va l'apprendre à ses dépens.
Violence, cruauté, alcoolisme, bêtise, racisme, sexualité perverse et exacerbée...
Boisset dresse un portrait caricatural, rustique et peu reluisant des locaux, ces laissés pour compte du grand capitalisme naissant. La critique de l'autorité et des forces de l'ordre n'est pas en reste.
Aidé par Audiard qui s'en donne à coeur joie dans l'écriture de ces personnages haut en couleurs.
Les seconds rôles comme les premiers sont superbement travaillés, et l'histoire principale deviendra petit à petit, non plus celle d'un braqueur en cavale, ou de ses tortionnaires paysans, mais le combat et la libération d'une femme, un très beau rôle pour miou miou qui, de faible femme objet subissant une pitoyable vie non désirée, au début du film, se muera en manipulatrice machiavélique impitoyable pour prendre un nouveau départ.
En bref, un cinéma osé, comme on en fait plus, fort dans le fond et dans la forme (c'est filmé comme un bon western), à redécouvrir de toute urgence.