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Réalisateur(s): Mabrouk El Mechri
Scénariste(s): Christophe Turpin, Frédéric Bénudis
Acteurs: Jean-Claude Van Damme, François Damiens, Zinedine Soualem
Compositeur: Mabrouk el Mechri
Date de sortie: 2008 - France/Belgique

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 résumé : Le célèbre Jean Claude Van Damme retourne dans son pays natal, la Belgique, confronté simultanément à des difficultés dans sa carrière d'acteur, à des problèmes fiscaux et à un procès pour la garde de sa fille (laquelle souffre des quolibets suscités par les frasques de son père et sa réputation ternie dans les médias). C'est alors qu'il se trouve par hasard victime d'une prise d'otages dans un bureau de poste à Schaerbeek (rue Van Schoor n° 61a). Aperçu de l'extérieur par un agent de police, l'acteur est par erreur pris pour l'auteur de la prise d'otages, entraînant très vite un emballement médiatique outrancier. D'abord contrariés par cette situation inattendue, menaçant de compromettre leur modeste casse, les trois malfrats décident d'en tirer parti, demandant par son intermédiaire une rançon beaucoup plus importante. L'un d'eux est un admirateur de Jean-Claude Van Damme, et tente d'établir avec l'acteur une relation de familiarité exaltée, à la fois autoritaire et puérile. Celui-ci fait alors l'expérience de la solitude, de la perte de contrôle, d'une angoisse bien plus réelle (dans le cadre de la mise en abîme du film) et pourtant bien moins spectaculaire que ce dont il est coutumier dans ses rôles d'action souvent très violents. Tandis que sont diffusées en boucle des séquences télévisées qui l'ont couvert de ridicule, une foule de fans effarés scande son nom, ses propres parents sont convoqués pour le supplier de se rendre, et son avocat, excédé par cette mauvaise publicité, déclare qu'il se dessaisit de toutes ses affaires. Il est alors, plus que jamais, face à lui-même et à son image médiatique, face à la vérité et à la facticité de son personnage.


JCVD est un film difficile à qualifier sous ses airs protéiformes, à la fois documentaire, fiction, film d'auteur, film de gangsters, comédie, etc... bref c'est un film qui se démarque de la production habituelle et c'est déjà une qualité en soi.
C'est aussi le film qui aura donné une respectabilité à Van Damme, l'acteur, qui prouve que lorsqu'il est bien dirigé et en confiance, il peut être très bon.
Car lorsque JCVD est sorti, on a pu découvrir la star comme on ne l'avait encore jamais vu : le visage marqué par le poids des ans, juste et touchant dans son jeu, sombre, désabusé à des années lumière de son sourire béat et des idioties tirées de ses frasques télévisuelles.
Depuis, il a un peu éculé ce personnage taciturne et vieillissant, jusqu'à l'abus, notamment dans Lukas, qui tire un peu trop sur la corde. Mais en 2008, c'était la surprise générale, à tel point que le journal new-yorkais Times a classé sa performance comme seconde meilleure de l'année après celle de Heath Ledger dans The Dark Knight ! 
Le film est difficile à analyser, car comme dit plus haut il se compose de plusieurs parties. Le film d'action avec Van Damme, son braquage fictif à la sauce tarantinesque un peu trop long et cabotin, et le film sur Van Damme, beaucoup plus intéressant, nous montrant la vie réelle d'une star de cinéma testostéronée aussi vulnérable et malheureuse que n'importe qui en dehors des plateaux. Et c'est cette partie qui donne toute sa saveur à JCVD.
On peut y voir un roc ébréché par la vie, ce père malheureux, cet artiste en désuétude, en proie à des soucis financiers, bête médiatique ridiculisée assistant impassible à la diffusion de ses extravagances lexicales télévisées. Jusqu'à cette scène mythique qui a éteint les derniers rires moqueurs des spectateurs, lorsque Mabrouk el Mechri, donnant carte blanche à son acteur, seul face caméra, pour un monologue de 6 minutes, écrit par lui même, avec ses mots et sa façon si particulièrement décousue de les exprimer, le réalisateur capte toute la douleur de l'homme face à la bête médiatique curieuse qu'il est devenu malgré lui, une boule d'émotions à fleurs de peau, osant enfin regarder dans les yeux son vieillissement, sa fragilité et sa vacuité; terminant par cette phrase magnifique "C'est con de tuer les gens, ils sont tellement beau" avec cette expression de tristesse et de larmes retenues, en cet instant de sincérité et d'authenticité désarmants, le belge avait regagné le respect et la légitimité aux yeux de tous. Son père en a pleuré, déclarant "mon fils est un acteur", comme si il ne l'avait jamais été jusqu'ici. L'acteur, en total perte de confiance avant le film déclara lui "Mabrouk m'a remis des plumes dans les ailes".
On aurait pu espérer que ce sursaut aurait infléchi la carrière de JCVD mais malheureusement il reparti aussi sec dans la niche du direct to video, cette aparté magnifique lui aura au moins permis de retrouver une dignité et une reconnaissance de ses pairs et de la critique.

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