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Je continue d'explorer la filmographie d'Yves Boisset, un réalisateur fascinant, avec ce polar sous influence melvillienne, d'ailleurs adapté d'un roman de Pierre Lesou, auteur entre autres, du Doulos.
Michel Bouquet est exceptionnel en flic justicier implacable et sans limite. Son physique "banal" est inversement proportionnel à son charisme, l'intensité et le danger qu'il dégage.
Comme souvent avec ce genre de films de justice expéditive, il y a une radicalité des actes et des intentions, mais Boisset contrairement à ses confrères américains, dont il s'inspire sur la forme, propose sur le fond, une réflexion plus ambivalente qu'à l'accoutumée.
On sent que le flic dur et sans pitié est miné par une colère indicible qui le pousse à agir ainsi mais aussi par une ambiguïté qui le ronge.
Les seconds rôles sont campés par une brochettes de "gueules", Bernard Fresson, Rufus, Michel Constantin et un incontournable du cinéma bis italien Gianni Garko, qui étayent de leurs prestances ce très bon polar "à la française", comme on n'en fait plus.
Yves Boisset, bien qu'à ses débuts de carrière, met déjà en place son style "frontal" et cherche, comme à son habitude à bousculer la bien pensance établie. A des années lumières des cinéastes consensuels et insipides de notre époque. Cela lui vaudra ses premiers déboires avec la censure, le ministre de l'intérieur de l'époque en faisant même une affaire personnelle. Le titre dû être changé, la sortie fut retardée, certains dialogues purement supprimés et même certaines scènes retournées. Mais cela n'empêche pas le film de conserver tout son impact et sa noirceur. Et la polémique aida même le film à obtenir un score très honorable au box office FR;
Un autre conflit, au niveau des droits d'exploitation en vidéo cette fois, entrainera la rareté du film de 1975 à 2007, ce qui en fait une perle rare à découvrir ;)