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Réalisateur(s): Jean-Jacques Annaud
Scénariste(s): Georges Conchon, Jean-Jacques Annaud
Acteurs: Jean Carmet, Jacques Dufilho, Jacques Spiesser
Compositeur: Pierre Bachelet
Date de sortie: 1976 - France

Synopsis
Alors que la guerre fait rage en Europe en ce mois de janvier 1915, un groupe de colons français, ignorant de ces faits, mène une vie paisible à Fort Caulais, un comptoir reculé de l'Afrique. Après avoir jeté le trouble au sein de la petite communauté, l'annonce du conflit suscite un bel élan de patriotisme et l'on décrète rapidement la mobilisation générale pour aller en découdre avec un poste voisin tenu par quelques Allemands. Des épiciers et leurs épouses, deux missionnaires, un sergent de carrière et un jeune géographe composent l'état-major. L'armée proprement dite ne compte, elle, et dans chaque camp, que des Africains, enrôlés de force. La première bataille est perdue. Fort de cette expérience, les Français acceptent un nouveau chef qui, sans les conduire à une victoire décisive, leur rendra honneur et dignité grâce à une discipline aussi efficace que rigoureuse.

Premier film de JJ Annaud, un de mes réalisateurs français préférés. Le seul de sa filmographie avec notre Dame que je n'avais pas encore vu. Parabole satirique sur l'absurdité de la guerre et pamphlet caustique sur le colonialisme, le film ne rencontra pas son public et fut un échec commercial en France malgré des qualités indeniables, les débuts d'Annaud au cinema ne s'annonçaient pas sous les meilleurs auspices... Mais heureusement et à la surprise générale, après avoir été étrangement renommé "Black and white in color" il rencontra un franc succès à l'étranger, glanant même un oscar sous la bannière de la côte d'Ivoire. Ce qui permit à Annaud de pouvoir continuer, et de mettre en chantier Coup de tête, avec le succès qu'on lui connaît. À noter que pour ces deux premiers films on peut entendre de très belles ritournelles de Pierre Bachelet alors qu'il était encore spécialisé dans la musique de film (Emmanuelle, les bronzés font du ski...).
Le casting, pourtant composés de seconds couteaux de l'époque ou de débutants, est d'une grande justesse. Les acteurs (Jean Carmet, Jacques Dufilho, Claude Legros..) sont excellents en colons débiles découvrant, avec trois ans de retard que l'Europe est en guerre, et décidant d'attaquer leurs 3 voisins allemands, pris dans un soudain et aviné élan patriotique.
Leur talent sert à merveille le scénario et ses dialogues bien écrits, contenant un flot de répliques savoureuses et pleine de bêtise, dont voici quelques exemples :
"Si les boches arrivent...on... on se rend pas mais... mais faut pas qu'y arrivent, hein !"
"J'ai fait le con... normal... chuis con"
"Non mais en dépit de son éducation... c'est un homme !"
"Faut pas croire... Les tirailleurs ils sont comptés : on vous en donne six, faut en rendre six. Comme si c'était des Blancs !"
"même à Concarneau, le mauvais goût breton a des limites"
Spiesser est aussi très bon en étudiant bien élevé, rêveur, se découvrant une vocation de petit Napoléon.
Le tout est servi par la patte déjà précise et spectaculaire d'Annaud, qui profite du sujet pour déclarer son amour à l'Afrique et livrer un film engagé, osé pour un début de carrière...
Les pères blancs échangent des crucifix contre des fétiches qu'ils brûlent faute de penser pouvoir les vendre.
Les "indigènes" chantent en yoruba des chansons insultantes pour les Blancs qui, faute de les comprendre, s'extasient devant leur beauté.
C'est méchant, anticolonialiste, antimilitariste. C'est aussi marrant, parfois tragi-comique, et c'est beau.
Bref du grand Annaud, comme on pourra en voir tant d'autres par la suite.

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