cinema

Pochette:
Réalisateur(s): Damien Chazelle
Scénariste(s): Damien Chazelle
Acteurs: Miles Teller, J. K. Simmons
Compositeur: Justin Hurwitz
Date de sortie: 2014- USA

Vu Whiplash, le flim avec J. Jonah Jameson qui torture des musiciens.

On y voit une très belle histoire d'amour, car impossible, entre deux êtres que tout sépare, l'un étant un jeune batteur de jazz manifestement dévoré par l'ambition, inscrit dans un conservatoire prestigieux donc exigeant, l'autre étant un vieux prof reportant sur ses étudiants toute sa rancœur de n'avoir jamais formé de génie musical transcendant, et cultivant volontairement une posture absolument tyrannique au prétexte d'être ambitieux, ça lui permet de passer pour un cador quelles que soient ses qualités réelles, c'est trop pratique.
Le fait que cette histoire se déroule dans le milieu des virtuoses de haut niveau met en exergue la banalisation de la torture mentale élevée au rang de méthode de travail par un psychopathe trop heureux d'avoir une possibilité de rêve pour martyriser de jeunes gens livrés à son autorité arbitraire, en la plaçant dans un registre tragi-comique.

Ce flim est formellement impeccable, les acteurs sont brillants, rien à redire. Sauf que le contenu pue la merde.
Le prof est ici un pur tyran, odieux au-delà des limites, manipulateur, destructeur pour des motifs arbitraires, justifiant ses moyens ultra-violents par l'objectif ultra-qualitatif qu'il se fixe, utilisant les étudiants comme des objets jetables sans la moindre considération (le nombre de fois où il décrète violemment qu'une performance est à chier au bout d'une demi-seconde est fondamentalement ridicule).

L'incarnation parfaite du Mal absolu, pas dans le sens surnaturel mais bien dans la pure réalité humaine dans ce qu'elle a de plus détestable.
On a donc une ordure finie, comme il en existe hélas dans le monde du travail.
Le flim réussit parfaitement à montrer cette horreur, une horreur quotidienne pour des tas de gens, et aborde les conséquences concrètes dans la vie des gens qui subissent ça.
On pourrait donc avoir un propos rageur contre ce type de personnes… mais à la fin, que croyez-vous qu'il arrivât ? L'une de des victimes, le centre de flim, au lieu de le pourrir comme il le mérite… y retourne. Et se fait à nouveau piéger par ce sac à merde. Et néanmoins, s'accroche à la volonté de satisfaire les exigences de cette raclure de fils de chien.
Quand tout devrait les opposer au paroxysme de ce qu'il est possible de faire avant d'envisager l'assassinat, la "magie de la musique" les réunit dans une trouble complicité, avec le message immonde donnant raison au tortionnaire : « tu vois,je t'ai traité comme de la merde mais tu as réussi ».
Ce type de personnage mérite juste de se faire racler la gueule avec une râpe à fromage rouillée. En commençant par les yeux.

Mais là, parce que ça se passe dans le milieu de la musique, parce qu'il est question de passion, il faudrait tolérer le harcèlement ?
Bref, je n'adhère pas du tout au décalage entre l'horreur absolue de l'envers du décor et cette justification artistique au motif que ça fait du beau spectacle.
Peut-être était-ce le propos du flim. Je redoute cependant que le palpable amour de la musique du réalisateur témoigne de son acceptation de la chose, comme un sacrifice admirable ou une preuve d'abnégation. La justification de la maltraitance par le résultat.



Bref, je me retrouve beaucoup plus dans le propos des poètes de NOFX :
« There's something grand about being nothing
There's something lame about being grand »

Ce qui est d'ailleurs illustré à merveille par la scène où il envoie bouler la fille parfaite, gentille et jolie qu'il avait réussi à intéresser malgré sa maladresse, en se comportant comme un pur salaud, comme si le prof avait déteint sur lui

. Connard va.

 

Vous n'avez pas les droits pour poster un commentaire