Hier soir j'ai maté le French Connection de notre génération, Narc de Joe Carnahan ...
Narc est le film qui aura révélé Joe Carnahan au grand publique, un polar âpre, sombre et lugubre ... un véritable film coup de poing. C'est aussi avec ce film que la comparaison avec le cinéma de William Friedkin est revenue avec insistance. Et pour cause, Joe Carnahan n'ayant jamais caché qu'avec Narc, il a voulu faire son French Connection à lui. Tourné pour seulement 7 Millions de dollars, c'est une immense réussite et ceci sur tous les tableaux.
Non seulement Joe Carnahan peut s'appuyer sur un duo d'acteurs épatants, mais aussi sur une intrigue terriblement haletante et prenante. Le pitch est pourtant simple, un jeune flic des stups Nick est recruté pour assisté le lieutenant Henry Oak pour mener une enquête sur le meurtre d'un autre flic. Le scénario est simple, mais pas simpliste. Il cache de nombreuses surprises et surtout prend son temps pour se dévoiler à nous. L'enquête débute dans le brouillard complet, mais très vite des rayons de lumière viennent éclaircir l'intrigue et le tout se conclu avec un double twist complètement inattendu.
C'est Ray Liotta qui incarne le lieutenant Henry Oak, livrant ici probablement la meilleure performance de sa carrière. Henry Oak est un flic bourru, de la vielle école, fort comme un chêne, habitué à employer la manière forte et peu orthodoxe. Pour l'occasion Ray Liotta est à peine reconnaissable, il a pris beaucoup de poids pour ce rôle, il s'est vieilli (les cheveux blanc), porte un énorme bouc foisonnant, a les traits tirés et un regard sombre. Il est terrifiant et on sent tout de suite le danger au fait de le côtoyer de trop près. C'est donc un flic dangereux, très motivé et prés à franchir toutes les limites ... mais, c'est un bon flic. Quant à Jason Patric, il est autrement plus charismatique que dans Speed 2. Il incarne Nick, un jeune flic de la brigade des stups, un flic tourmenté, ayant du mal à concilier vie de familiale et travail. Il est clairement en lutte avec lui-même, avec ses démons du passé et le fait de côtoyer des dealers ne l'aide vraiment pas (c'est un flic infiltré chez les trafiquants). Nick et Henry sont donc deux flics aux méthodes diamétralement opposées et malgré tout l'osmose est évidente entre les deux acteurs, ceci bien aidés aussi par une direction d'acteurs aux petits oignons.
Le style de réalisation de Joe Carnahan est très réaliste, rarement les rue de détroit ont parues si lugubres et le quotidien des flic si sombre. Tous les personnages sont accidentés par la vie et Joe Carnahan film les acteurs avec le moins d'artifices possible, il prend son temps et pose la caméra. Mais dés qu'on passe à l'action, alors la caméra est portée sur les épaules style documentaire, ça bouge beaucoup et on se sent complètement immergé dans l'action. La photo du film quant à elle est magnifique, sombre et bleuté dans le monde professionnel et au contraire lumineuse dés qu'on aborde la partie vie privée de Jason Patric. Et plus le film avance, plus la partie lumineuse de la vie de Nick s'assombris et la photo rejoint celle du monde professionnel, froide et lugubre. La mise en scène est nerveuse, la direction artistique est anxiogène, en résulte un polar froid et brut de décoffrage.
Pour résumer, Narc fait immédiatement penser aux plus grands classiques des polars des années 70, au cinéma de William Friedkin (surtout French Connection) et de Sydney Lumet (surtout Serpico) et il en est le digne successeur. C'est intelligent, c'est viscéral, c'est puissant, c'est le meilleur de Joe Carnahan et ceci dés son tout premier film.